Cafouillage médiatique

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Le site climatique de Tikjda, ce haut lieu de villégiature, a fait, des jours durant, la Une des medias locaux et étrangers. A peine l’information de l’enlèvement du ressortissant français Hervé Gourdel tombée, plein feu sur le site. Tout a commencé le lundi dans l’après-midi, lorsqu’un site d’information électronique a annoncé la nouvelle de l’enlèvement en distillant quelques détails sur le rapt. Si ceux mentionnant l’identité du ressortissant ont été confirmés par des sources diplomatiques un peu plus tard dans la soirée, ce n’est nullement le cas du lieu exact de l’enlèvement. Le premier endroit cité par le même site fait référence à «Ath Ourdane» qu’il situe près du col de Tizi N Kouilal, entre les territoires de Bouira et Tizi-Ouzou. Or, cet endroit n’existe même pas sur la carte géographique de la région. La même information sera reprise un peu plus tard par d’autres sites d’information avec la même indication spatiale, à savoir «Ath Ourdane». Et au fil des minutes, certains sites ont actualisé l’information en modifiant cette fois-ci l’endroit supposé du rapt. On cite pour la première fois le village d’Ath Ouabane, dans la commune d’Akbil, wilaya de Tizi-Ouzou. Le même soir, des sources diplomatiques françaises citent, elles, le sud de la wilaya de Tizi-Ouzou. Là encore, le nom de l’endroit reste vague. Dans la même soirée, un communiqué du ministère algérien de l’Intérieur, repris par l’APS, évoque le village d’Ath Ouabane, dans la commune d’Akbil, toujours dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Si l’on se tient aux deux versions officielles algériennes et françaises, à aucun moment donné on a cité la station climatique de Tikjda. L’on a bel et bien évoqué le village d’Ath Ouabane dans le sud de la wilaya de Tizi-Ouzou. Ne s’en tenant pas à ces versions officielles, certains médias citeront même le village d’Ath Oualbane, commune de Saharidj dans la wilaya de Bouira, comme étant l’endroit supposé du rapt. Le lendemain, un média électronique s’est interrogé encore une fois sur l’endroit exact de l’enlèvement, évoquant une certaine confusion autour du nom du lieu. Ce cafouillage médiatique ne cessera pas, bien au contraire, il reprendra de plus belle, durant toute la semaine. Tour à tour, le site de Tikjda, celui d’Aswel, le col de Tizi N’kouilal et Saharidj, relevant de la wilaya de Bouira seront cités par la presse. En effet, plusieurs envoyés spéciaux seront dépêchés sur place au lendemain de la décapitation de l’otage français. D’Ath Ouabane, jusqu’à Saharidj et Tikjda en passant par le col de Tizi N Kouilal, des reporters se sont rendus sur ces lieux et ont rencontré des gens qu’ils ont interrogés. Un travail sur le terrain qui n’a néanmoins pas apporté d’éclairage sur l’enlèvement et l’exécution de l’otage. Bien au contraire, cela n’a fait qu’amplifier la polémique et installer davantage de doute. La plupart des personnes interrogées ont affirmé n’avoir jamais été en contact avec le ressortissant français. C’est le cas des villageois d’Ath Ouabane. Et en effet, Hervé Gourdel, nous ne le soulignerons jamais assez, n’a jamais, durant son périple de prospection de piste, été dans un village quel qu’il soit. Tendre le micro n’était donc d’aucune utilité. Dans leur course à l’information, des médias iront jusqu’à affirmer que l’otage aurait été exécuté à Tikjda. D’autres ont cité la région d’Ouacifs, comme le lieu probable de l’exécution. Or, à l’heure actuelle, aucune information officielle n’a filtré sur le lieu supposé de la détention du ressortissant, encore moins celui de son exécution.

Ambiance bon-enfant à Tikjda

Sans mesurer l’impact de leurs dites informations, certains médias n’ont fait que ternir l’image difficilement redorée de la station. Gourdel n’a pas été enlevé à Tikjda. En fait, le site a été victime de sa notoriété. Lors d’une virée que nous avions effectuée vendredi sur le site, les lieux étaient étrangement calmes. L’on a croisé beaucoup d’automobilistes sur la route menant au site. Aux abords de la RN 33, des familles savouraient la beauté des paysages. Arrivés au niveau du carrefour menant à la Crête rouge, des gendarmes en faction veillaient sur la sécurité des usagers de la route et des visiteurs du site. Les gendarmes ne laissaient apparaître aucun signe de nervosité. Les automobilistes ralentissaient puis repartaient aussitôt. Un peu plus loin, au niveau de l’ancienne garnison de la garde communale, deux militaires étaient debout devant l’entrée principale de la caserne. Arrivés au point de contrôle dressé juste à une centaine de mètres du complexe CNLST, deux militaires en faction contrôlaient le flux des automobilistes. Il faut dire que sur ces lieux, la présence des militaires ne datent pas d’hier mais remontent déjà à plusieurs années. Ces derniers sont stationnés juste en contre bas du complexe où une caserne et plusieurs guérites ont été érigées depuis fort longtemps. Au complexe du CNLST, des parents accompagnés de leurs enfants se promènent. Les vigiles en faction à l’entrée du complexe avec qui nous nous sommes entretenus affirment que l’endroit est plutôt calme et que tout se passait bien. Les responsables de l’hôtel affirment que la fréquentation de l’établissement n’a pas baissé. «Il y a des familles qui arrivent et d’autres qui repartent. Hier, (jeudi ndlr) un mariage a été célébré dans l’établissement», nous fait savoir le gérant du complexe. Ce dernier nous a confié que plusieurs ressortissants étrangers, dont des Belges, des Français et des Autrichiens, ont séjourné du 14 au 17 septembre à Tikjda avant de repartir sur Alger. Interrogé si leur établissement avait pour habitude d’organiser des randonnées dans le site, le même responsable était affirmatif. Il dira à ce sujet que les services de sécurité sont toujours informés au préalable. «Il nous arrive d’organiser des randonnées à nos clients, mais toujours en coordination avec les services de sécurité», a-t-il précisé. Pour les responsables du complexe, le problème de l’insécurité ne se pose pas à Tikjda et le site est hautement sécurisé depuis maintenant plusieurs années.

D.M.

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