Le thermalisme tue si…

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Les responsables de la station thermale de Hammam Ksana, située dans la commune d’El Hachimia, ont organisé, avant-hier, jeudi, en collaboration avec la direction du tourisme de la wilaya, une rencontre locale autour des bienfaits des sources thermales.

En effet, le patrimoine thermal en Algérie est assez riche. Notre pays compte environ 200 émergences hydrothermales, localisées principalement dans la bande du complexe orogénique alpin comprise entre le littoral et le pédiment de la chaîne saharienne. Cette distribution spatiale des sources thermales autour des zones et des localités d’habitation a favorisé l’avènement d’une tradition de villégiature et de soins encouragée par la proximité et l’accès peu onéreux à des services et des thérapies aux effets bénéfiques largement attestés.

Ces «fontaines de jouvence»…

Les conférenciers ont tout d’abord axé leurs interventions sur les bienfaits des eaux thermales. Ces dernières, d’après les experts conviés, ont des particularités de par leur composition physico-chimique et de température dont l’interaction avec le corps humain. Le tout se traduit par les effets suivants: La vasodilatation de la chaleur provoque l’élargissement des vaisseaux sanguins et des veinules qui alimentent les organes et les tissus musculaires du corps humain. Par les mêmes effets, la circulation sanguine s’en trouve améliorée tandis que s’accélère le phénomène de sudation qui favorise, à son tour, l’évacuation des toxines produites par les activités métaboliques de l’organisme. Dr Mellouk, un des gérants de ce site, fera savoir que «les effets dus à la vasodilatation se traduisent par une sensation de bien-être et de remise en forme. Les fatigues, les courbatures, les ankyloses ainsi que les douleurs dues à la mauvaise irrigation sanguine ou la présence de streptocoques sont particulièrement bien traitées par le bain thermal». Concernant les lésions de la peau, ajoutera-t-il, «l’intérêt du bain thermal réside particulièrement dans l’élimination des bactéries responsables de la maladie. Le principe de la guérison fait appel aux effets conjugués des propriétés fongicides à l’encontre des microbes et du pouvoir adoucissant de la vasodilatation sur la peau». Par la suite, les différents intervenants ont expliqué que la tradition populaire associe également à l’eau thermale des vertus miraculeuses dues à des phénomènes irrationnels transcendants. Cette tradition s’explique aisément par la prédisposition psychologique du patient. En effet, d’après Dr Tafat Bouzid Abdelkrim, médecin à l’EPSP de Bordj Ménaïel, le hammam constitue souvent le recours de la dernière chance après des tentatives de traitements sans résultats. Par ailleurs, la séance thermale possède un caractère interactif entre le patient et sa maladie contrairement à la séance médicale ou paramédicale perçue comme un acte subi. Ces éléments de prédisposition et d’automédication se traduisent par la sécrétion d’une grande volonté capable plus de provoquer l’activation des mécanismes insoupçonnés présents dans notre corps et notre esprit afin d’atteindre le résultat escompté celui de la guérison et de l’équilibre nécessaire à la vie. Le Coran évoque bien ces moyens en citant la parfaite configuration de notre constitution réalisée avec les meilleurs déterminants pour nous adapter et honorer nos missions.

Mais gare à la négligence !

Dans la foulée, Dr Tafat insistera sur les «dangers» inhérents à des recours «anarchiques» aux soins thermaux. En effet, comme tout traitement, les cures thermales peuvent s’avérer dangereuses si des précautions ne sont pas prises au préalable. Parmi ces effets indésirables, ce praticien dira que la visite médicale obligatoire d’entrée de cure est en partie destinée à éviter les contre-indications, notamment quand celles-ci peuvent entraîner des phénomènes de contagion dangereux et préjudiciables à l’ensemble de l’établissement. «Certaines affections ne sont pas, proprement parler, des contre-indications, mais exigent des précautions. Ainsi, dans les cas de maladies cardiaques ou de cancers, les soins doivent être pratiqués progressivement, d’autant que l’air marin peut fatiguer ces patients déjà fragiles. Le traitement est toujours fixé au cas par cas, avec ses spécificités. En revanche, métastases et reprises évolutives locales sont des contre-indications formelles», expliquera-t-il. De son côté Dr Mellouk fera savoir que Hammam Ksana a enregistré plusieurs cas de malaises et quelques décès. «Le recrutement d’un médecin généraliste à temps plein et la formation des surveillants de bains aux techniques du secourisme ont permis de diminuer, de manière substantielle, ces deux phénomènes. Malheureusement, le refus de nombreux malades à faire part de leur état de santé constitue un handicap sérieux à l’élimination de ces embarras. Les années précédentes, nous pouvions avoir 5 à 6 cas de décès par an, à cause de ces négligences de la part des curistes». En conclusion, les participants à cette rencontre ont unanimement attesté des bienfaits du thermalisme au confort et au bien-être mais également à celui de la perception populaire fortement imprégnée de croyances. De ce fait, il devient évident, selon eux, que les orientations pour le développement futur du thermalisme doivent nécessairement s’imprégner des expériences et des découvertes médicales d’une part, et du patrimoine traditionnel local d’autre part. Le premier peut être atteint par la maîtrise des techniques, tandis que le second fait appel à la compréhension de son processus.

Ramdane B.

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