La Kabylie ne veut pas oublier !

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Il y avait foule hier à Taourirth. Les fidèles à Lounès Matoub sont encore une fois venus en nombre de toutes les régions de Kabylie et même d’ailleurs pour dire leur attachement aux idéaux du chantre.

Ils étaient, hier, comme attendu, des centaines à arpenter les chemins étroits de la localité des Ath Douala pour se rendre à Taourirt Moussa Ouamer afin de participer à cet hommage voulu grandiose par la fondation qui porte le nom du rebelle. Dès le petit matin, la demeure du chantre de la chanson kabyle grouillait de monde, les gens sont venus des quatre coins du pays : d’Alger, de Béjaïa, de Bouira, de Blida, de Setif, et d’autres wilayas d’Algérie. Ils se sont déplacés même du Sud. Ils étaient des jeunes et des moins jeunes, posters de Lounès et drapeaux à la main, à immortaliser ces moments d’émotion et d’évocation de leur chanteur adulé en prenant des photos autour de sa tombe, à l’intérieur du siège de la fondation Matoub, ainsi qu’aux alentours de la villa du rebelle. Mais pas seulement. Des filles et des femmes vêtues de leurs différentes robes kabyles, voulaient, elles aussi, marquer de leur empreinte ce rendez-annuel, en déclamant des passages et des airs tirés du répertoire de Lounès. Une manière à elles de lui rendre hommage et de montrer, par la même occasion, leur fierté d’appartenance à une identité et à sa cause juste défendue par le défunt. Il était difficile, vers onze heures, de se frayer un chemin pour atteindre la tombe de Matoub, un site en pleins travaux de réaménagement et qui sera inauguré incessamment. «On est à 80% d’avancement. Il sera inauguré vers mi-juillet», nous dira sa sœur, avec un sentiment, vraisemblablement, de mission accomplie, même si elle a été visiblement contrariée par la réaction hostile d’une partie de la foule présente, des adeptes du mouvement pour l’autonomie, qui n’ont pas admis la présence de Nordine Aït Hamouda à ses côtés lors de la cérémonie de recueillement sur la tombe du rebelle. Le cérémonial a été par contre plus serein à Tala Bounane, où la présidente de la Fondation avait procédé au dépôt d’une gerbe de fleurs sur les lieux de l’attentat, en compagnie de Djamel Zenati, un ancien militant de la cause berbère et cadre du FFS. Quoi qu’il en soit, le calme se réinstallera vite pour laisser place à la commémoration de l’événement dans la dignité. Les membres de la famille Matoub, à leur tête Malika, se sont alors mis à la disposition des nombreuses associations et personnalités venues rendre hommage à l’enfant chéri des Ath Douala. Des personnalités venues plus à titre privé qu’au nom d’une institution ou d’une organisation quelconque, comme l’a souhaité la famille du Martyr. A relever la présence de Hocine Haroun, Sénateur FFS, Mohamed Klalèche, P/APW de Tizi-Ouzou, Nabila Goumeziane, directrice de la culture, le maire d’Aït Mahmoud, et autres personnalités du monde artistique et culturel. A noter que cette commémoration a été aussi, l’occasion pour la famille de Matoub d’annoncer le lancement d’une pétition pour recueillir 1 million de signatures demandant la réouverture du dossier au niveau de la justice. Pour rappel, le programme de cet hommage a débuté le jeudi 23 juin par des chants liturgiques avec des femmes et des poètes du village. Avant-hier, le Dr Ouchichi Mourad a assuré à partir de 16h, une conférence sous le thème «Les conséquences du capitalisme rentier en Algérie», avant que des détenus de 1981, à savoir Aziz Tari, Nacer Boutrid et Mokrane Adi, n’animent une autre en soirée. Pour la journée d’hier, c’est la chorale féminine de Tala Khellil qui a assuré le côté animation en interprétant des chants divers, avant le déroulement d’une rencontre citoyenne «chants et témoignages», en soirée. Il faut dire que même après le départ de la grande masse des pèlerins dans l’après-midi, d’autres continuaient à affluer jusqu’en fin de journée, même s’ils étaient en un nombre moins impressionnant.

Hocine Moula

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