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19ème anniversaire de l’assassinat du Rebelle : La Kabylie se souvient

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25 juin 1998 – 25 juin 2017, 19 ans déjà depuis le lâche assassinat du Rebelle Lounès Matoub. La Kabylie n’a rien oublié.

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Cette année, la triste journée à coïncidé avec l’Aïd, marquée par un soleil brûlant et une chaleur infernale. Mais une foule nombreuse s’est déplacée pour le pèlerinage annuel, devenu un rituel non seulement pour les Kabyles, mais pour l’ensemble des Algériens. Le village grouillait de monde. En plus des fans invétérés, une nouvelle génération de jeunes, qui n’ont pourtant jamais connu le rebelle, si ce n’est à travers ses chansons, a afflué de différentes wilayas du pays. Ils avaient déjà commencé à arriver la veille. La fondation Matoub avait organisé une veillée religieuse à l’occasion. Des dizaines de visiteurs et les villageois ont veillé dans une ambiance de recueillement, en écoutant des chants liturgiques et des récitals de « lakhwane » de la région, jusqu’à une heure très tardive de la nuit. Le lendemain, jour de l’Aïd, dès 9 heures du matin, le village de Taourirt Moussa débordait de monde. Les chemins qui y mènent étaient encombrés. La demeure du chantre a été ornée des couleurs nationales et berbères. A l’entrée était accrochée une banderole sur laquelle on pouvait lire : «Nous sommes tous des Lounès Matoub». Autour, il y a eu beaucoup de mouvement durant toute la matinée. Les pèlerins se succédaient tel une chaine en continu devant la tombe ou encore au siège de la fondation qui pour découvrir, qui pour revoir et prendre un énième cliché des lieux. La masse grossissait au fil du temps qui passait. La famille et des membres de la fondation Matoub, accompagnés par la foule, prendront par la suite la direction de Tala Bounane, lieu de l’assassinat du rebelle. Sur place, des dizaines de personnes attendaient déjà depuis les premières heures de la matinée. Rien n’aurait pu les dissuader d’être là. Des gerbes de fleurs furent déposées, commençant par celle de la famille et la fondation, déposée par Malika Matoub, la sœur du chantre, puis celles des différentes délégations présentes, de partis politiques, du MAK, du mouvement pour la Kabylie RPK, de l’APW de Tizi-Ouzou ainsi que d’autres représentants de la société civile, qui ont tous été reçus par la présidente et les membres de la fondation Matoub. La sœur du rebelle, ainsi que le collectif pour la défense des droits humains kabyles, présents sur place, ont exigé, dans leurs allocutions, la vérité sur l’assassinat de Matoub, en appelant à la multiplication et l’unification des efforts, afin de faire aboutir cette revendication. Ils ont insisté sur la nécessité d’en faire une cause commune. Toujours dans le même sillage, la fondation a lancé symboliquement une pétition exigeant la réouverture du dossier Matoub par la justice Algérienne. La pétition fera le tour de la Kabylie. Dans l’après-midi d’hier, elle comptait déjà «9 000 signataires», a-t-on appris de la présidente de la fondation, Malika Matoub. Pour retourner à Taourirt, il était très difficile de se frayer un chemin entre les files de véhicules et la masse des pèlerins.

Malika Matoub : «On pensait que Nadia allait venir, c’est pour cela qu’on a retardé le dépôt de la gerbe de fleurs»

Les visiteurs ont continué à affluer en groupes, en familles et individuellement tout au long de la journée pour visiter la maison Matoub qui abrite, pour rappel, le siège de la fondation. A l’intérieur, l’on pouvait découvrir une riche exposition de toiles peintes par un artiste kabyle résidant à Paris. Par ailleurs, un gala a été organisé en fin de journée, à l’école M’barek voisine de la maison Matoub, animé par les lauréats du Concours artistique Lounes Matoub et par le jeune artiste Saïd Matoub. Ce fut également l’occasion pour la sœur du rebelle d’annoncer que «le premier Prix de la résistance Matoub Lounes est décerné cette année au militant mozabite de la cause berbère, Kameleddine Fekhar», prix qui a été remis à son frère et son neveu présents sur place. Le deuxième a été décerné symboliquement au peuple du Rif marocain. «La fondation, en collaboration avec le collectif des droits humains kabyles, prévoit d’envoyer une délégation au Maroc pour remettre la distinction», expliquera Malika Matoub. Le dernier a été remis à Nna Nouara, Mme veuve Naït Sid, symbole de la résistance de la femme algérienne, ayant vécu toutes les périodes de résistance du peuple algérien, de la guerre de libération, aux événement de 1980, 1988 et 2001, et aujourd’hui encore mascotte de toutes les manifestations en Kabylie», a expliqué Malika Matoub. A noter que la veuve du rebelle n’a pas été présente aux festivités, ce qui a suscité des interrogations chez les présents, surtout après son retour à la maison et la médiatisation organisée qui a suivi l’évènement. «Le dépôt de la gerbe de fleurs a même été retardé jusqu’à 15 heures car nous pensions qu’elle allait venir», a déclaré Malika Matoub à la Dépêche de Kabylie. Par ailleurs, à signaler que dans le sillage de cette commémoration, l’association Sidi Hend Awanou, de Larbâa Nath Irathen, a attribué le prix «Fatma N’Soumer», à titre posthume, à Lounès Matoub. Pour rappel, ce titre a été attribué précédemment à Benai Ouali, à Mouloud Mammeri et à Ferhat Mehenni pour ses chansons engagées.

Kamela Haddoum.

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