Djamel Allam tire sa révérence

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Le célèbre chanteur d’expression kabyle, Djamel Allam, est décédé hier à l’âge de 71 ans dans un hôpital parisien des suites d’une longue maladie.

Auteur, compositeur et interprète prolifique, l’enfant prodige de Béjaïa, considéré à juste titre comme le pionnier de la chanson moderne d’expression kabyle, a fini par céder face à une lourde maladie qui le rongeait depuis plusieurs années, lui qui a tenu tête à sa souffrance en continuant à se produire dans des spectacles dont le dernier en date remonte au mois de janvier dernier, au niveau du théâtre Kateb Yacine à Tizi-Ouzou, à l’occasion de la célébration de la fête de Yennayer. Un spectacle événement organisé par la direction de culture, l’APC et la Radio locale de Tizi Ouzou en hommage à Djamel Allam, qui a tenu, malgré sa maladie, à honorer de sa présence ce spectacle qui restera à jamais gravé dans la mémoire de ses fans, venus nombreux écouter sa voix envoutante. «Je ressens de la joie de retrouver ce formidable public. De le voir me rendre en quelque sorte ce que je lui ai donné durant toutes les années de ma carrière. Je vois aussi que les fans m’aiment toujours, me respectent. C’est là la plus belle récompense que je puisse avoir. Comme on l’a fait à Béjaïa, à Tamanrasset et aujourd’hui à Tizi-Ouzou et on le fera peut-être ailleurs», confiait aux journalistes Djamel Alam, souffrant mais digne, à la fin de son spectacle. Un spectacle mémorable sous forme d’adieu pour celui qui aura marqué plusieurs générations grâce à ses chansons devenus au fil des ans de vraies hymnes. «Intas madyas», «Argu», «Yella», «Si Slimane» sont parmi les grands succès de cet artiste qui culmine un demi-siècle de carrière, entamée dans les années 70. Au début du mois de mai dernier, un hommage a été rendu à Paris au chanteur Djamel Allam qui a émerveillé toute une génération, notamment celle des années 1970. L’hommage s’est déroulé au Cabaret Sauvage, en présence de la famille artistique, venue essentiellement pour le chateur et musicien algérien, auteur d’Arjouth (Laissez-moi raconter) et de Mi ara d-youghal (Quand il reviendra). L’ambassadeur d’Algérie, Abdelkader Mesdoua, a également participé à ce bel hommage sur instruction, a-t-on indiqué, du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour accompagner le chanteur «durant sa dure épreuve qu’il traverse». Plusieurs chanteurs ont pris part à cette soirée, dont Idir, Madjid Soula, Amazigh Kateb, Ali Amrane, Akli D. Et durant la soirée, les quatre artistes ont chanté les grands titres du répertoire de Djamel Allam. En novembre dernier, une quinzaine d’artistes avait célébré les 40 ans de carrière de Djamel Allam, lors d’un gala hommage organisé dans sa ville natale, à Béjaia Boudjemaâ Agraw, Brahim Tayeb, Safy Boutella, , Akli Yahyatene, et des dizaines d’autres avaient tous fait le déplacement pour lui exprimer leur solidarité individuelle et collective à l’artiste, rongé par la maladie, mais aussi lui dire, de vive voix, le respect qu’ils vouent à son talent, à son originalité et son apport global au patrimoine musical national. Djamel Alem est né le 29 juillet 1947 à Béjaïa. Il apprend la musique au conservatoire de musique de la même ville, sous l’œil bienveillant du cheikh Sadek El Béjaoui, puis part en 1970 pour Marseille puis Paris, où il s’essaye à la chanson française. En 1972, il apparaît en première partie du spectacle de Brigitte Fontaine et Arezki à Alger. En 1974, il travaille à la radio France Inter avec Claude Villers qui le recommande aux disques Escargots, éditeur de François Béranger et Gilles Vigneault notamment. Son premier album « Argu » (Rêve.), produit en 1974 par Gilles Bleiveis, remporte un très grand succès auprès du public et des médias. Djamel Allem remplit les grandes salles de France et part en tournée en Europe et aux États-Unis. Entre 1978 et 1985, il sort 3 albums : «Les rêves du vent» (1978), «Si Slimane» (1981) et «Salimo» (1985), il écrit des musiques de films et de documentaires, dont «La goutte d’or» de Daniel Duval, diffusé sur TF1. Il est aussi comédien pour le cinéma « Fort Saganne ». Il acquiert sa notoriété avec Argu (Rêve) puis M’ara d-yughal (Quand il reviendra). Il enchaîne album sur album, compose la musique de quelques films à l’instar de «Prends dix mille balles et casse-toi» et «La plage des enfants perdus».

Ali Chebli

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