5% de la population des Ouadhias est handicapée

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Si la vie est dure pour les personnes en bonne santé en ces temps de crise, de chômage et de bas salaires, que dire alors de celle des personnes âgées, des employés dans le cadre du filet social et du pré emploi et surtout des personnes handicapées ? 

Il est tout à fait clair qu’il n’y a pas lieu de comparer entre la vie d’une personne normale et d’une autre personne handicapée. Il est aussi tout à fait établi que la situation d’une personne handicapée résidente en zone urbaine et une autre résidente en zone montagneuse sont différentes. Celle résidant en ville a moins de difficultés, tout au moins concernant la proximité des différents services et le sempiternel problème de transport qu’endurent les handicapés des zones montagneuses. L’avantage est de taille, car beaucoup d’handicapés à travers les villages de la wilaya de Tizi Ouzou ne se soignent même pas, car pour ce faire, il faut du transport et pour louer les services d’un Taxi, il faut au minimum la moitié de leur pension pour une course à Tizi Ouzou. « J’habite à Sidi Ali Moussa, je n’ai ni voiture, ni mobylette et encore moins les moyens pour payer un taxieur qui me conduira jusqu’à Tizi-Ouzou ou Alger pour m’occuper de ma santé dégénérante. J’ai simplement arrêté de me soigner faute de moyens. J’ai interpelé toutes les autorités (APC, daïra, wilaya et ministère) et j’ai même lancé plusieurs SOS à travers la presse écrite, notamment la Dépêche de Kabylie, pour bénéficier d’un logis en zone urbaine afin au moins de pouvoir me soigner, en vain », dira Mr Kadouche, de Souk El Tenine, une personne handicapée à 100% qui souffre de plusieurs maladies. Signalons que les personnes âgées sans ressources perçoivent de l’Etat une pension de 3 000 DA par mois et les personnes handicapées à 100% 4 000 DA. Sachant qu’avec 3 000, 4 000 ou même 10 000 DA, il est quasi impossible de régler même les factures du gaz, de l’eau, de l’électricité et parfois de loyer et de téléphone. Comment font ces personnes pour vivre ? C’est là toute la question qui restera posée. Pour connaître le nombre d’handicapés et leur situation à travers la wilaya de Tizi Ouzou, nous avons pris attache avec le délégué et le président d’honneur de l’association « El Baraka » au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou, dont le siège se trouve au chef-lieu de la commune des Ouadhias

L’association «El Baraka»à la rescousse 

Mr Menad Hacène, le délégué de wilaya, nous donnera les chiffres concernant la daïra des Ouadhias seulement: « Nous venons tout juste de nous installer (11 mars 2015) au niveau de la wilaya et notre siège se trouve à Ouadhias. On a commencé par recenser les handicapés de cette daïra, où nous trouvons actuellement plus de facilité en attendant d’accomplir un grand chantier de recensement et d’être représentés au niveau des 21 daïras et des 67 communes de notre wilaya. Ce qui en ressort à la fin du recensement, c’est que les chiffres collectés auprès des mairies sont effarants et que la condition des personnes handicapées est très loin d’être satisfaisante. Beaucoup d’entre eux souffrent en silence et dans le secret total ». Au niveau de la même daïra, qui compte, selon le dernier recensement de 2008, une population estimée à 55 449 habitants, il est enregistré un nombre de 1 124 personnes handicapées, soit 5% de la population présentent des handicaps. Il est utile de préciser que ces handicapés sont tous cartés et inscrits au niveau des bureaux sociaux des 4 mairies de la daïra. Au niveau de la commune mère des Ouadhias, il est répertorié 324 personnes handicapées sur les 16 435 qui y vivent. Au niveau de la commune d’Ait Bouadou, il existe 317 handicapés pour une population de 14 132 âmes. A Tizi Ntléta, une autre commune de la même daïra, sur une population de 15 376 habitants, 247 sont handicapés et enfin à Agouni Gueghrane, 236 handicapés sur un total de 9 506 habitants. Il faut aussi rappeler que d’autres handicapés ne sont pas enregistrés au niveau des APC pour différentes raisons. Si on prend la daïra des Ouadhias comme référence, ce chiffre multiplié sur le nombre de daïra qui est de 21, on obtiendra le chiffre effarent de 23 504 handicapés au niveau de toute la wilaya de Tizi Ouzou. Un chiffre qui en dit long sur l’ampleur et les souffrances de cette frange de la société. L’association nationale « El Baraka » se fixe des objectifs pour venir en aide à toutes ces personnes et leur permettre de vivre avec moins de difficultés.

Au cours de la discussion que nous avons eu avec le délégué de wilaya, il en ressort que l’association se fixe plusieurs objectifs, à savoir le recensement de toutes les personnes aux besoins spécifiques au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou et au niveau national. Cela dans le but de les écouter, les orienter et les accompagner dans leur quête d’autonomie. Les membres de l’association tiennent aussi à diffuser et à faire connaître la réglementation, tout en veillant à son application. L’éducation, la formation et la prévention via des journées de sensibilisation pour réduire les causes invalidantes sont un autre volet de leur mission. La création et la gestion des centres d’accueil, de sport et de loisir sont aussi dans leur intention. « Ce n’est pas facile, nous en sommes conscients. Mais avec l’apport de toutes les parties, nous arriverons sûrement à améliorer le quotidien des personnes handicapées », dira le délégué de l’association au niveau de notre wilaya. Par ailleurs, le président d’honneur quant à lui  ajoutera que « l’handicap n’est pas une malédiction et il faut briser ce tabou.  Nous allons également recenser leurs besoins urgents et passer à l’action. Nous avons déjà entamé le travail au niveau de la daïra des Ouadhias et nous ferons l’impossible pour toucher toutes les daïras de la wilaya. Nous avons déjà un siège à Ouadhias, les autorités communales sont à féliciter car, pour une fois, les handicapés ont un repère et un point de chute. Nous avons également pu distribuer du matériel aux personnes à mobilité réduite, ce n’est qu’un début et le meilleur est à venir, tout en comptant sur l’apport des autorités, des âmes charitables, des mécènes et de toute personne qui peut apporter un plus. Quel que soit le don, aussi infime soit-il, il est le bienvenu, car d’autres en ont grandement besoin », conclura-t-il. Signalons que l’association prévoit un programme pour venir en aide aux personnes âgées, nécessiteuses et handicapées pendant ce mois de Ramadhan. Les gens aisés, les bienfaiteurs, les humanitaires et les autorités sont invités à participer à la réussite de cette opération de solidarité. Il est aussi à rappeler que l’association est décidée à tenir ce genre d’opérations à longueur de l’année, notamment à la rentrée des classes et à l’occasion des fêtes religieuses. 

Hocine T.

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