Soirées moroses

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Les soirées ramadanesques à Ouadhias, une commune sise à 35 kilomètres au Sud de Tizi-Ouzou, sont pour le moins moroses. La population, pourtant habituée à une animation particulière à l’occasion de ce mois, se demandent pourquoi ce changement cette année. Les commerçants n’arrivent pas, non plus, à expliquer cette situation. «Durant les années précédentes, pour rentrer à Ouadhias durant la soirée, il fallait avoir des nerfs solides et la patience de Job. Les bouchons et les embouteillages commençaient juste après la rupture du jeûne. Des centaines de familles et des milliers de visiteurs y venaient de partout, même pendant la sinistre période de la décennie noire. Cette année, la ville est devenue fantomatique. Rares sont les personnes qui mettent le nez dehors, aller avoir pourquoi !», dit un habitant. Un autre commerçant, questionné à ce propos, expliquera : «C’est sûrement à cause du mauvais temps. Les rues vont s’animer à la faveur de l’accalmie». Un chef de famille lui emboîtera le pas : «Ce n’est sûrement pas à cause du mauvais temps. La cause est bien connue, n’est aveugle que celui qui ne veut pas voir. Les gens ne peuvent plus se permettre de sortir tous les jours en famille et dépenser 1 000 DA, rien que pour les glaces. Aujourd’hui, le pouvoir d’achat a chuté, les chefs de famille réfléchissent deux fois avant de dépenser un sou. Les gens préfèrent rester chez eux et garder les 1 000 DA pour les légumes et des fruits». En effet, le pouvoir d’achat des ménages étant érodé, des pères et les mères de famille préfèrent, non sans regret, éviter les sorties nocturnes, synonymes d’autres dépenses onéreuses. Ceci d’autant que les associations culturelles, la maison des jeunes et l’APC ne semblent pas avoir programmé des activités au chef-lieu communal, pour égayer la population locale. Quand aux villages, ils sont habitués à la vie au ralenti depuis la nuit des temps. Le cinéma, le théâtre&hellip,; l’activité culturelle, en général, et même sportive, ils n’y ont jamais eu droit. Hormis le chef-lieu de wilaya et quelques localités, où des activités sont prévues pendant ce mois, en Kabylie profonde, notamment dans les villages et les bourgades éloignés, la population a droit au… silence.

Hocine T.

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