«Le FFS au gouvernement ? Pas avant une ouverture crédible!»

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Rencontré en marge de la sortie de proximité initiée par son parti dans le cadre de la sensibilisation sur le projet de la Conférence Nationale de Consensus, lundi dernier à Tizi-Ouzou, M. Halet a bien voulu s'exprimer longuement sur cette initiative "prioritaire pour l'avenir du pays" à ses yeux. A demi-mots, il concède quec'est là "une dynamique&quot,; si ce n'est la seule, qui pourrait amener le FFS à intégrer le gouvernement.

La Dépêche de Kabylie : Cela fait un bon bout de temps qu’on entend parler de cette Conférence Nationale de Consensus. Mais le projet semble s’allonger dans le temps sans un concret palpable qui rajouterait du crédit à l’initiative.

Rachid Halet : Le concret, c’est déjà que tout le monde sait désormais que notre initiative s’est déclinée sur deux versants : Le premier en direction des partis quelle que soit leur position, au sein ou en dehors du pouvoir, les associations de manière générale, les personnalités politiques et autres, et sur ce plan je pense que dans les jours à venir nous sommes appelés à faire le bilan de cette première série des consultations préliminaires engagées. Un Conseil National d’évaluation est prévu vendredi prochain (demain NDLR) justement à cet effet. A partir de là on verra comment aborder la suite. J’aimerais toutefois dire que les approches ont été vraiment sans exclusion. Et logiquement, je peux dire d’ores et déjà que ces contacts sont appelés à se poursuivre. Aussi, au vu de l’évaluation que nous sommes en train de faire, nous retournerons vraisemblablement vers les formations politiques et sociales déjà contactées pour rediscuter, clarifier, et surtout lever les préalables. De mon point de vue, le premier et dernier préalable à l’heure où nous sommes serait uniquement de s’asseoir autour d’une table. Et puis, il y a ce second versant qui constitue tout un travail de proximité envers la population qui a besoin de savoir et qu’on lui explique l’initiative.

Et quel bilan en faites-vous aujourd’hui après plusieurs rencontres bilatérales et autres sorties dans la rue ? Vous sentez vraiment que l’initiative a accompli des avancées ?

Je le crois. En tous les cas, c’est une idée qui est socialisée. Et je pense que nous avons avancé dans la démarche même si nous devons en reparler encore avec les partenaires à cause de cet éventail dans les réponses qui ont suivi les rencontres préliminaires. Au départ, l’objectif pour nous était d’exposer notre vision de la Conférence Nationale de Consensus et en même temps de susciter l’adhésion d’un maximum de monde. Et nous avons eu droit à des échos faits d’adhésions immédiates jusqu’à des réflexions, des réticences, ou encore des réserves, pendant que certaines parties se sont déclarées carrément non concernées. Cela dit, je pense que c’est là une situation qui est appelée à évoluer, je ne crois pas que ce soient là des positions définitives y compris parmi celles qui ont catégoriquement rejeté l’initiative. J’ai vraiment bon espoir que les malentendus seront levés car chaque acte que nous accomplissons aujourd’hui crée en même temps un nouveau contexte qui peut amener à une évolution.

Mais pendant ce temps, la terre tourne… Vous ne craignez pas l’usure ou que l’initiative meure dans l’œuf faute d’aller au bout et provoquer la concrétisation de cet idéal consensuel ?

Non! Je ne le pense pas au contraire. Et puis dans quelques jours, très probablement dès ce vendredi à l’occasion du Conseil National, il n’est pas exclu qu’une date soit proposée pour la tenue de la conférence. Ce ne sera toutefois que notre proposition, mais une fois de plus, elle restera soumise au consensus de tous.

Vous la projetez pour quand ? Ca sera dans un semestre? Une année?

Non! Ca ne sera pas aussi loin dans le temps parce qu’il y a des contraintes qui s’imposent. Mais, pour le moment, je ne peux me permettre de déflorer une éventuelle annonce du Conseil National.

Vous parlez de quelles contraintes M. Halet?

Il y a d’abord ce nouveau contexte qui change au fil des contacts et des rencontres que nous faisons. Puis il ne faut pas ignorer les autres initiatives qui sont engagées par d’autres acteurs en parallèle sur le terrain. Deuxièmement, il y a aussi le contexte économique qui s’accélère autour de nous, donc l’urgence devient de plus en plus pressante. Maintenant, notre souci n’est ni d’aller contre x ou y, encore moins de nous substituer à une quelconque partie ou chercher encore à disqualifier tel ou untel. Bien au contraire, nous nous voulons complémentaires et rassembleurs. Et puis il y a peut-être ces échéances politiques annoncées pour prochainement.

Vous faites sans doute allusion à la révision constitutionnelle projetée. Justement, vous prévoyez cette Conférence Nationale de Consensus pour avant ou après cette échéance électorale ?

Nous au FFS, pour l’heure, concernant ce sujet, on ne retient que le message du Président qui ne dit pas que c’est pour demain. Certes, il a dit que la constitution doit être révisée, mais je n’ai vu aucun calendrier suivre. Il y a eu, j’en conviens, d’autres voix qui ont pris le relais pour insinuer son caractère proche, mais ça reste à savoir si cela s’est fait sur demande du Président ou tout au moins avec son consentement ? Je retiendrai quand même qu’en matière de révision constitutionnelle, le seul nom qui a été missionné c’était Ouyahia, et lui pour le moment ne s’est pas encore exprimé sur la question. A moins qu’entre temps on ait mis fin à sa mission concernant ce projet.

Mais franchement, pour le FFS, la priorité serait l’organisation de la Conférence Nationale de Consensus ou ne voyez-vous aucun inconvénient à ce que la révision de la Constitution passe avant ?

Pour le but que nous fixons à la conférence qui se projette à la fois dans le présent mais aussi dans l’avenir, je crois que les préalables n’ont pas de place. Le seul préalable, je le répète une fois de plus, c’est de mettre les gens autour d’une même table. Et tout le reste pourra justement faire partie des discussions et des négociations qui suivront. Cela dit, je crois qu’il serait prématuré de s’avancer sur l’articulation directe entre telle ou telle échéance.

M. Halet, une opinion avisée prête au FFS depuis un certain temps des discussions, disons, assez « complices » avec des sphères du pouvoir. Votre intégration au gouvernement ne serait qu’une question de calendrier. Quel commentaire faites-vous ?

Nous, au FFS, considérons que ces bruits font partie de la désinformation qui nous cible. Notre parti s’est pourtant exprimé à plusieurs reprises sur le sujet. Si notre souci était d’intégrer le gouvernement, nous aurions pu le faire depuis les élections législatives passées. Mais nous considérons que l’éventualité d’une intégration dans le gouvernement reste un paramètre dans la situation globale. Et ça ne pourrait être le cas avant une réelle ouverture politique, crédible, avec un projet et un cap politiques clairs que ce soit en matière institutionnelle, économique ou sociale.

Donc l’option est exclue, du moins dans l’immédiat, mais pas pour 2015 peut-être ?

Effectivement, la question n’est même pas à l’ordre du jour en ce moment. Pour l’heure, nous, au FFS, avons clairement mis le cap sur la recherche d’un consensus. Maintenant, si par bonheur nous y parvenions, je ne sais pas alors quel gouvernement sera mis en place, mais ce n’est qu’à ce moment-là que ça pourrait faire partie d’une éventuelle nouvelle feuille de route. De toutes les façons, le moment venu, éventuellement, je suppose que, étant donné qu’il sera alors question de consensus, le plus large possible, le FFS ne serait alors pas la seule force à intégrer le gouvernement si ça venait à être le cas bien évidemment. Mais au risque de me répéter, à l’heure actuelle, notre unique priorité est de mettre les gens autour d’une même table pour parvenir à envoyer un message important à l’opinion nationale, très préoccupée par la situation du pays, et internationale très en attente de nous, Algériens, au vu du contexte géopolitique que nous vivons dans la région. Si on arrive à cette étape, on pourra alors parler et faire de la politique sereinement. Et en politique tout se discute, on n’engage rien mais on n’exclut rien, à priori.

Pour finir, peut-être des nouvelles de la santé de M. Hocine Aït Ahmed qu’on dit souffrant ?

Ecoutez, je dirai qu’il a la santé de son âge. Je vais peut-être parodier Napoléon mais je dirai que «pas de nouvelles, bonnes nouvelles».

Entretien réalisé

par Djaffar Chilab. 

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