«Notre Sentex versait la taxe de la collectivité à… Constantine»

Partager

Intronisé le 23 novembre 2017 à la tête de la ville historique de Kherrata, Saïd Hamamine, élu maire indépendant, veut faire sortir sa commune de son marasme. Dans cet entretien, il parle des projets à réaliser et évoque également d’autres sujets.

La Dépêche de Kabylie : Beaucoup a été dit sur l’ex-usine Sonipec et l’hôtel du lac fermés depuis des années. Quelle est la situation actuelle de ces deux structures ?

Saïd Hamamine : Depuis mon intervention dans les médias, nous avons enregistré une avancée. Pour l’ex-usine Sonipec, fermée depuis 2017, plusieurs investisseurs se sont manifestés pour reprendre la structure. La concurrence sera rude et la localité profitera dans la création de l’emploi et la mairie par des rentrées. Néanmoins, j’ai insisté auprès des intéressés pour que 400 postes d’emploi soient offerts aux ressortissants de la commune, sachant que nous comptons un taux de 40 % de chômeurs. L’usine Sonipec est d’une superficie de 5 ha. Elle était, jadis, le fleuron de l’industrie locale et la fierté de la région de Kherrata, à 60 km de Béjaïa. Elle employait environ 600 travailleurs. S’agissant de l’hôtel du lac, fermé depuis 5 ans, on le transformera en parc d’attraction dont bénéficiera la région. Il créera de la richesse et de l’emploi. Un investisseur de Sétif s’est déjà proposé et nous attendons d’autres. Cela dit, ces deux structures sont en voie de remise sur rails. La mise en branle des deux structures fermées sera une bouffée d’oxygène pour la commune de Kherrata dans l’optique est la résorption du chômage qui constitue un lourd fardeau pour la collectivité.

Kherrata est une ville historique par excellence. Quelles sont les insuffisances dont souffre votre commune ?

La commune rurale de Kherrata n’a pas reçu de quota de logements sociaux depuis 2013. Idem pour le logement rural où nous avons 1 247 dossiers déposés. Le problème de l’eau persiste aussi malgré l’existence du barrage. Le ministre des Ressources en eau a été interpellé à ce sujet lors de sa dernière visite à Oued Ghir. Nous espérons une solution au problème dans les meilleurs délais. La problématique de la décharge persiste également. Nous avons été, à Akbou, voir l’investisseur qui a lancé une structure de traitement des déchets dans l’optique de profiter de cette expérience pour la reproduire à Kherrata. Le patron de cette dernière nous a promis aide dans ce sens. Nos jeunes souffrent du manque d’espaces de loisirs et de terrains de sport. Nous avons, certes, un stade doté d’une pelouse artificielle, mais sans plus. La Maison des jeunes est abandonnée, presque fermée, car il n’y a plus d’activités. Son responsable même n’est qu’un intérimaire. La salle de sport existante est dans un état lamentable, ajouté à l’absence de terrains de proximité… Le nouveau directeur de la jeunesse et des sports de la wilaya de Béjaïa nous a rendu visite et a vu la situation. J’espère qu’il nous aidera à concrétiser nos projets en direction de notre jeunesse. Sur le plan culturel, nous avons une salle de cinéma toujours fermée. Nous envisageons sa réouverture d’ici le mois de Ramadhan prochain.

Quels sont vos projets pour faire sortir la commune du sous-développement ?

D’emblée, il faut redémarrer les structures fermées depuis des années. Tout comme nous avons un projet de création d’une zone touristique (forêt récréative) et d’une zone agricole à Boussaid. Cette région se situe entre les localités de Tizi n Bechar et Oued El Berdi. Nous allons ouvrir des pistes et des chemins communaux afin de créer un mouvement bénéfique à la région et à toute la wilaya. C’est un endroit paradisiaque qui créera aussi de l’emploi. Nous avons lancé l’étude d’assainissement de l’oued de Kherrata. Cela nous permettra de récupérer des terrains et de protéger la ville d’éventuelles montées des eaux et des inondations. Les parcelles de terrains seront mises à profit pour la construction de logements et d’un marché. Nous ambitionnons, aussi, l’ouverture du chemin du barrage afin d’en faire un lieu de détente pour les familles ainsi que pour les sportifs. Lors de sa visite dans la wilaya de Béjaïa, nous avons présenté au ministre de l’Intérieur un dossier sur la reprise du projet de réalisation d’une crèche communale sise à la nouvelle cité (EPLF), dont les travaux sont à l’arrêt depuis 2017. Une opération en vue de la récupération des 104 logements sociaux sur les 200 souscrits au profit de notre commune en 2013 est aussi lancée. C’est l’absence d’assiettes de terrain qui a été le motif évoqué. A présent, nous avons des parcelles qui nous permettront de les construire. L’OPGI s’est déplacé sur les lieux et le projet est en bonne voie.

Le président de l’association 8 mai 45 s’est déplacé à Kherrata. Quel était le but de cette visite ?

Effectivement, il nous a rendu visite et nous avons profité pour lui parler de développement et d’Histoire. Le siège de la Fondation du 8 mai 1945 se trouve à Alger. Cette dernière a été créée par feu Bachir Boumaza. Ceci dit, j’ai formulé la demande d’accueillir les festivités officielles du 8 Mai prochain à Kherrata. Le président de l’association 8 mai 45 ne voit aucun inconvénient, il a même donné son accord de principe. Nous devons, néanmoins, préparer un dossier et un programme à soumettre aux autorités de wilaya. Un point a été fait sur l’état du développement dans notre commune ainsi que les manques. Nous souffrons du manque de projets et d’investissements. Un fait découvert au niveau de l’usine Sentex de Kherata mérite d’être soulevé : il s’agit d’une taxe destinée à la collectivité, versée ailleurs. En effet, l’usine Sentex versait, depuis des années, une taxe dite de collectivité, mais, à la wilaya de Constantine ! J’ai mis fin à cet état de fait au début de cette année 2018 pour « rendre à César ce qui appartient à César ». Cela prouve que notre commune a été délaissée, les gens ne connaissaient pas la réglementation. Ce prélèvement entrera, désormais, dans les caisses de la commune.

Qu’en est-il du projet de la modernisation de la route des gorges de Kherrata ?

Initialement, le projet était prévu pour un délai de 28 mois, mais il est passé à 42 mois. La partie située entre le Pont Hinouze et Kherrata sera achevé d’ici le mois de septembre 2018, nous a-t-on expliqué. Concernant l’avancement des travaux, il est à 80 %. Le lot-tunnel est terminé à 100 %. Idem pour les ouvrages d’art. Mais si on compte les avenants, ils ne sont qu’à 60 %. Si aucun problème ne survient, le projet sera terminé dans sa conception initiale d’ici janvier 2019. Pour les trois autres tunnels, très importants pour que la circulation soit totalement libérée, rien n’est encore décidé quant à la date de leur réalisation ni par qui ils le seront. Nous attendons les décisions des pouvoirs publics pour voir plus clair. Ces projets sont importants aussi bien pour notre région que pour tous les usagers de cet axe routier.

Contrairement à d’autres, votre assemblée communale connait une stabilité…

Je suis un élu indépendant et je n’ai aucune casquette politique. Mon seul parti est le citoyen de ma commune. Nous travaillons en étroite collaboration afin de faire avancer la municipalité. Notre commune a besoin de tous ses enfants d’ici ou d’ailleurs. Nous impliquons le mouvement associatif local et les différents comités existants afin de sensibiliser, écouter et considérer toute proposition. Notre objectif est de réaliser un pôle économique et touristique à Kherrata.

Entretien réalisé par Rachid Z.

Partager