Pour un office national de l’huile d’olive !

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C’est la désillusion pour les centaines d’oléiculteurs et les dizaines de propriétaires d’huileries, modernes et traditionnelles, en cette fin de campagne de trituration.

La raison n’est aucunement la mauvaise production, puisque la récolte est bien généreuse cette saison. C’est, au fait, le problème de commercialisation qui se pose avec acuité cette année encore. Selon certaines estimations, les deux communes de la daïra de Maâtkas frôlent les 1,5 million de litres produites au niveau de la cinquantaine d’huileries de la circonscription, dépassant ainsi les 10% de la production de la wilaya, estimée à 13 millions de litres. Les patrons d’huileries et les paysans ne trouvent plus preneurs de leurs importantes quantités d’huile. Pourtant, les prix sont très abordables, oscillant entre les 650 (l’huile triturée en moderne) et 700 dinars (celle triturée en traditionnel). Il faut dire que la clientèle de la région est constituée en majorité d’Algérois qui viennent s’approvisionner directement chez le producteur ou les huileries. Les revendeurs, également légion, écoulent le produit au niveau de la capitale mais aussi à Blida, Médéa et Tipaza. Pour cette saison, et en raison principalement de la hausse sensible de la production, beaucoup d’oléiculteurs se plaignent. «Nous n’arrivons plus à écouler notre production et nous craignons, cette année encore, de l’emmagasiner avec tout ce que cela engendrerait en termes de pertes, car plus l’huile est gardée, plus elle perd de qualité», dira un fellah du village Aït -Ahmed qui a produit, pour cette année, plus de 600 litres, alors que sa consommation annuelle ne dépasse pas les 60 litres. «Que vais-je faire avec le reste ? Je ne sais pas encore, même s’il est hors de question que je brade mon huile», arguera-t-il fort à propos, avec une mine désespérée. Car à voir toutes les difficultés que vivent les paysans lors du ramassage des olives, il y a de quoi décourager plus d’un. Certains cueillent leurs fruits dans des oliveraies escarpées, accessibles uniquement par des sentiers abrupts, et endossant des dizaines de kilogrammes à même le dos, pour ceux ne disposant pas de baudets. Et ce, en raison d’absence de pistes agricoles dans pas mal de villages. Nombreux sont ceux qui suggèrent la création d’un organisme étatique (ou privé) qui se chargera de la collection de l’huile d’olive chez les producteurs et puis de sa commercialisation : une sorte d’office national comme celui du lait, des dattes, des céréales… «Il est temps, maintenant, pour les pouvoirs publics de mettre en place des dispositifs à même d’assurer la prise en charge de la production de tous les produits du terroir, sans discrimination aucune», préconise dans ce sens un vieillard. Ce «pétrole vert», produit principalement en Kabylie, à travers les wilayas de Béjaïa, Tizi-Ouzou, Bouira et Boumerdès, devra être également labélisé, promu non seulement par les producteurs, mais surtout par l’Etat à travers ses différentes structures, recommande-t-on encore. En somme, d’aucuns estiment que l’encouragement de la production de l’huile d’olive pourrait susciter un véritable essor dans le développement rural en Kabylie, mais aussi à travers tous le territoire du pays, et créer, du coup, en plus de la richesse, un important réservoir d’emploi direct et indirect. Il faut dire que la filière produit également du grignon, du bois, du savon et autres sous-produits qui ne demandent qu’à être mis en valeur.

Amayas Idir

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