«Le caractère latin est inévitable»

Partager

Le Sénateur, peintre et écrivain Hocine Haroun, a animé, avant-hier, une conférence au CFPA Krim Said de Draâ El-Mizan devant une assistance composée essentiellement des stagiaires de cet établissement et de nombreux invités, à l’occasion de la célébration de la Journée du savoir et du 38e anniversaire du Printemps amazigh.

En effet, après une minute de silence à la mémoire des 257 victimes du crash de l’avion militaire de mercredi dernier à Boufarik, et l’écoute de l’hymne national, le conférencier a été invité à prendre la parole après qu’il eut été présenté par les organisateurs. «M. Hocine Haroun n’est pas seulement un Sénateur mais aussi artiste-peintre et écrivain. Il va, donc, revenir sur la genèse des événements du Printemps Amazigh puis, vous présentera ses ouvrages», dira le modérateur dans son intervention. «J’ai tenu à être ici parmi vous bien que j’aie deux importantes réunions au sénat, parce que j’ai aimé m’adresser aux jeunes, notamment à l’occasion de la «Journée du Savoir», mais aussi à l’occasion du 20 avril», dira, d’emblée, l’orateur. «Cela nous rappelle tous ceux qui se sont sacrifiés pour qu’aujourd’hui cette revendication soit concrétisée. Aujourd’hui, ce sont ceux qui combattaient Tamazight hier qui demandent sa promotion. C’est paradoxal. Il faudra reconnaître que le combat de nos aînés et de nous-mêmes n’a pas été vain. Tamazight est langue nationale et officielle. Qui aurait dit un jour que le Sénat dont je suis élu discute de Tamazight ?», s’interrogera-t-il. M. Hocine Haroun rendra hommage à tous et à toutes celles qui se sont illustrés par leur engagement pour la reconnaissance de cette langue en soulignant que récemment, un hommage a été rendu au défunt Saïd Boukhari. «Après la constitutionnalisation de Tamazight, le premier jour de l’an amazigh (Yennayer) a été décrété fête nationale et journée chômée et payée. C’est extraordinaire. Dda L’Mulud auquel la conférence avait été interdite sur les poèmes kabyles anciens est réhabilité. Le pouvoir a donc reconnu qu’il y avait faute et que cet homme était méprisé. Pourtant, c’était un illustre écrivain et un «amusnaw». C’est tant mieux tout ça. Puisque l’État a décrété le 16 avril «Journée du Savoir», nous demandons à ce que tout le mois d’avril soit un mois pour Tamazight», poursuivra-t-il. Et d’enchaîner : «Maintenant que Tamazight est langue nationale et officielle, je crois qu’il n’y a aucun problème pour sa transcription en caractères latins. C’est cette graphie qui lui correspond eu égard aux milliers d’ouvrages et de recherches effectués dans ces caractères. La transcription latine s’impose d’elle-même». Le conférencier passera à la deuxième partie de son intervention concernant ses ouvrages. «Puisque nous célébrons la «Journée du Savoir», je vous exhorte à lire beaucoup. Rien ne peut remplacer la lecture. Quand j’avais dix-sept ans, j’avais commencé à écrire cet ouvrage (Le roseau sentimental), je l’avais écrit à cet âge-là et il est paru en 1983. C’était mon professeur qui me le corrigeait. Mais, pour écrire, il faut beaucoup lire. J’ai édité aussi ce roman, «Faty, sa fille Thas et Monsieur Pons» qui raconte une histoire ambiguë durant la période coloniale. Puis, des pièces de théâtre à l’exemple de la traduction de l’Alchimiste de Paolo Cohello «Ali Ameksa» (Ali, le berger), ou encore «udem s udem» ( Face à face), une pièce théâtrale adaptée de «Morts sans sépulture» écrite en 1941 par Jean Paul Sartre… Ces deux ouvrages sont en tamazight. C’est une contribution personnelle pour que notre langue ait son fonds d’ouvrages et que nos enseignants trouvent les moyens qui vont les accompagner dans l’enseignement de cette langue», révèlera-t-il. C’était, bien sûr, pour M. Hocine Haroun, inciter cette jeunesse à emprunter cette voie. «Le combat est encore long, mais chacun de nous doit apporter sa pierre à cet édifice en construction», recommandera-t-il. Il terminera sa conférence en rappelant, à ces jeunes, son parcours tout en attirant leur attention sur l’art qu’il aime beaucoup : la peinture. «Mes tableaux ont été exposés partout en Algérie et dans le monde (France, Chine, Suisse…). Même l’ex président des États-Unis d’Amérique, M. Ronald Reagan a eu le loisir de voir mes tableaux», confiera-t-il. M. Hocine Haroun a été pendant une vingtaine d’années président du comité de village dans sa commune d’Ath Bouadou (Ouadhias), puis maire de cette municipalité, conseiller du regretté Rabah Aïssat ex président de l’APW de Tizi-Ouzou assassiné par un groupe armé à Ain Zaouia le 12 octobre 2006, puis P/APW entre 2012 et 2015 avant de devenir sénateur. Au terme de cette rencontre, un débat a été ouvert et les stagiaires l’ont sollicité sur de nombreuses questions avant de signer ses ouvrages, notamment son dernier opus «La relique» édité par les Éditions El Amel de Tizi-Ouzou.

Amar Ouramdane

Partager