1 250 milliards non consommés !

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La roue du développement dans la wilaya de Boumerdès semble être en panne. Les 1 250 milliards de centimes alloués aux communes de la région durant ces dernières années ne sont toujours pas consommés. Ce montant englobe près de 172 projets d’équipements et d’utilité publique qui sont soit à l’arrêt depuis des années, soit toujours pas lancés. Les diverses sorties du wali au niveau des municipalités de Boumerdès ont levé le voile sur une gestion aléatoire des affaires des APC. La plupart des communes vivent un climat de discorde entre les élus de différentes formations. D’autres conflits s’étendent au sein même d’un seul parti, comme c’était le cas à l’APC de Chabet El-Ameur où le parti majoritaire, le PT, était longtemps en proie à des luttes intestines entre les élus et le maire. Les élus dénonçaient une gestion «unilatérale du maire», situation qui avait provoqué le blocage de l’APC. Ce n’est qu’an plus tard que les choses avaient commencé à bouger, notamment après l’installation d’un nouvel exécutif. Seulement, pas moins de 25 projets d’équipements, d’une valeur de 50 milliards, ne sont toujours pas lancés. A l’APC des Issers, rien ne semble fonctionner normalement, un an après les élections locales. L’exécutif peine à se former, pendant que le maire est accusé de passivité. Les habitants de la commune font face à d’interminables problèmes quotidiens qui semblent s’éterniser. Les villages sont isolés eu égard au mauvais état des routes, à l’absence de commodités de base, comme l’eau, et à la mauvaise couverture sanitaire. Le front social bouillonne. D’ailleurs, plusieurs actions de protestation ont été enregistrées ces derniers mois, toutes pour réclamer l’amélioration des conditions de vie. Près de 63 projets de développement ne sont pas encore lancés, alors qu’une vingtaine d’autres sont en souffrance. Le projet de réalisation d’un deuxième marché couvert est à l’arrêt depuis plus de cinq ans, alors que le commerce informel pullule dans cette commune, la plus importante dans la région en termes de superficie. Dans la commune de Ammal, le vœu du P/APC de gérer unilatéralement les affaires de l’APC a conduit les élus à adresser une missive au wali, dénonçant «le blocage qui risque paralyser la localité qui vit au rythme de problèmes intenables et sans solution». La commune a bénéficié d’une dizaine de projets PSD, mais n’en a réalisé qu’un seul depuis ces cinq dernières années. «Le problème des communes réside dans la limitation des prérogatives des élus et plus particulièrement du maire», dira Amar Berara, un ex-P/APC. «Le pouvoir confond entre tâches et prérogatives. Lorsqu’on transfert le service des passeports, cartes grises et cartes d’identité à l’APC, le pouvoir parle de prérogatives, alors que réellement, elles sont des tâches en plus qui ne sont pas suivies de moyens adéquats», a-t-il expliqué. Le blocage de projets est aussi causé par les lenteurs administratives, notamment au CF. La centralisation est encore une autre contrainte entravant le processus du développement. Des missives «reposent» dans les terroirs des daïras ou du CF, alors qu’il est attendu qu’elles soient étudiées à temps. Des lenteurs conjuguées parfois aux difficultés de communication entre l’administration et les administrés. En outre, Amar Berara évoque, le retard que prend le changement de l’intitulé d’un projet de développement, dont la demande devra être faite au wali, cela sans citer les P-V des Assemblées élues, dont l’approbation prend souvent plus de huit jours. Notre interlocuteur précise, par ailleurs, que le manque de formation d’élus et du personnel au niveau des APC est un autre problème souvent ignoré par les responsables : «L’APC doit consacrer au moins 7% de budget à la formation. Or, ceci est totalement écarté», a-t-il indiqué, ajoutant que le gel du recrutement au niveau des APC, qui accusent déjà un déficit sur ce plan-là n’a fait qu’entraver leur bon fonctionnement, notamment celui des services névralgiques, comme la commission des marchés qui ne fonctionne qu’avec un seul technicien.

Youcef Z.

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