Si Moh un artiste des hauteurs

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Par Abdennour Abdesselam:

S’il est un chanteur universellement connu et auquel on peut oser rapporter et comparer Si Moh, ce serait sans hésitation l’immense George Moustaki. La comparaison, loin de la systématique béate, s’argumente par le style de leur musique et la thématique d’amour à la composition intense dans la recherche des mots et des images qui en découlent. Une symbiose facile à repérer, tant les mélodies fredonnées par l’un et l’autre des deux artistes accompagnent les pulsions du cœur et de l’imagination baignées dans une totale liberté de pensée. La douceur musicale suggère, à elle seule, la parole suiveuse. Si Moh, en artiste secret, discret et qui se soustrait aux tintamarres d’à côté s’est forgé une personnalité dans l’ambiance artistique kabyle. Voila pourquoi nous accordons une écoute différenciée à chaque chanteur, tellement la spécification s’impose d’elle-même en fonction de l’apport. L’autre fois, que je faisais écouter une de ses chansons à un ami français, celui-ci, guidé par l’amorce musicale, s’en est allé jusqu’à deviner, plus que soupçonner, le contenu du poème. Le caractère universel d’une œuvre commence justement par là. Il suffit seulement d’y entrer, le reste s’escorte naturellement. C’est à la lisière et au seuil de cette universalité que l’œuvre de Si Moh se mesure dans et par sa qualité. Notre Moustaki, la guitare en bandoulière, les yeux rivés sur le perfectionnement, a, que de fois, fait déplacer des familles entières lors de nombreux galas qu’il a animés. Le mouvement familial, dans notre culture, est très significatif sinon décisif pour toutes formes de validation et d’approbation sociales. La réussite s’en va d’elle-même alors et qu’accompagne notre admiration. Avec Si Moh, la chanson kabyle s’assainie, s’ouvre et s’affranchie des images trop longtemps restées figées sur des clichés statiques, supposés seuls modèles artistiques valables et en dehors desquels la mort guette la chanson kabyle. Sans donner le vertige, Si Moh a su relever le défi avec une hauteur qu’on lui connait.

Abdennour Abdesselam ([email protected])

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