C’est donc la fin “officielle” de la lune de miel qui a permis à deux partis, aux lignes politiques diamétralement opposées, de gérer l’Apw de Tizi Ouzou depuis les élections locales de 2007, le RCD et le FLN.
La décision, annoncée hier par les élus du Front de libération nationale (FLN) de retirer leur “confiance” au RCD, intervient dans un contexte politique particulier, marqué notamment par des “contraintes” organiques qui caractérisent la vie des deux partis.
D’abord au FLN, qui voit la crise née du dernier congrès de la Mouhafadha s’accentuer avec un vide organique, puisqu’à ce jour, le parti de Belkhadem fonctionne à Tizi Ouzou avec un bureau de Mouhafadha sans tête, dans l’attente de la désignation par le secrétaire général du parti d’un Mouhafedh, et, ensuite, au RCD dont la démission de M. Aoudj, a refait surface, hier lors de l’ouverture de la session ordinaire de l’APW.
Deux enseignements peuvent conclure le déroulement de la session de l’APW d’hier. Primo, ce qui devait rester comme une simple affaire organique au RCD est étalée en plénière avec une polémique qui fait oublier aux membres de “l’auguste” assemblée la vocation initiale de l’institution, à savoir la gestion des affaires et des préoccupations des citoyens, mais surtout, et c’est primordial, accompagner le développement local dans une wilaya qui reste à la traîne et dont la population voudrait sortir la tête de l’eau.
Une APW qui se dirige, selon les échos parvenus de l’Hémicycle Aissat-Rabah, vers le blocage, avec le durcissement de la position des élus FLN.
Secundo, la position rendue publique par les élus du FLN renseigne d’un malaise qui n’apparaît pas au grand jour, mais qui laisse, cependant, échapper l’odeur d’un conflit interne, le Mouhafedh face à quelques élus à l’APW.
En effet, prononcer un retrait de confiance et une rupture de l’alliance avec le RCD est, de l’avis des observateurs, un non-événement, en ce sens que l’alliance FLN-RCD n’existait plus depuis décembre 2010, soit plus de dix mois après le retrait de mandature à deux élus FLN, membres de l’Exécutif de l’APW, prononcée unilatéralement par le président de cette assemblée. “Le Mouhafedh savait à l’avance ce qui allait se passer et a donné sa caution», a souligné un cadre du FLN, membre de l’APW de Tizi Ouzou.
Ce dernier nous fera savoir sur le même sujet que “le groupe d’élus à l’APW a proposé de prononcer le retrait de confiance via une déclaration publique, le jour même du retrait de la mandature, mais le mouhafedh a eu un autre avis”.
Des sources proches de la maison FLN à Tizi Ouzou nous ferons savoir, ainsi, que la décision annoncée hier, dix mois après, répond à une seule logique : “envoyer un signal à l’ancien mouhafedh qui sera, selon toute vraisemblance, reconduit dans son poste, que le groupe d’élus FLN à l’APW lui échappe”.
Du côté du FFS, une réunion du groupe d’élus a été tenue, hier dans l’après-midi. Le parti d’Aït Ahmed a, par le biais de son chef de groupe, déclaré qu’il “prend acte” de l’annonce faite par le FLN. Pour M. Boudjemaa Salem, élu FFS, il est “malheureux qu’un problème interne et organique d’un parti politique occulte la question du développement qui constitue le rôle de notre assemblée», et d’indiquer que “le FFS a toujours dénoncé le mode de gestion de l’assemblée, de sa gestion partisane et de ses annonces unilatérales.
Nous avons dénoncé cette alliance qui a mené l’APW à la dérive», a déclaré M. Boudjemaa. Au FLN, on reconnaît que la décision a été prise tardivement, mais “il n’est jamais trop tard pour bien faire», a commenté M. Saadi Hanouti, élu FLN à l’APW.
Le parti de Belkhadem assumera-t-il la gestion de l’APW? Rendra-t-il public son bilan ? M. Hanouti dit que son parti “assume totalement” son passage à la tête de l’APW, mais avouera toutefois que ce mandat n’aura finalement “servi à rien», puisqu’il qualifie ce passage de “semblant de gestion”.
Notre interlocuteur expliquera que le groupe se réunira prochainement pour arrêter la position à adopter lors du vote des prochains budgets et n’écarte pas la possibilité de blocage des avant-projets qui seront soumis aux commissions, ce qui mettra l’Assemblée dans une position de blocage.
A. Z.