141 730 nécessiteux déclarés

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De plus, certains aspects culturels et sociologiques font que ce phénomène devient difficilement palpable dans sa totalité. Ils se rapportent à la sauvegarde des apparences quoi qu’il en coûte, à la dissimulation de la précarité, à la méfiance du voisin qui me doit en aucun cas savoir.Autant de raisons suffisantes pour refuser toute idée d’émarger à la solidarité.N’osent donc se déclarer que ceux n’ayant plus d’autres choix, remisent “nif”, dignité et fierté au placard. Autre élément à prendre en considération, la solidarité au sein de la famille élargie. Les nécessiteux sont généralement pris en charge par leurs proches.Le chiffre avancé, 14 173 ne reflète sûrement pas la réalité. Si l’on considère qu’une famille moyenne se compose de dix personnes, c’est au chiffre de 141 730 pauvres que l’on aboutit soit un peu plus de 17 % de la population de la wilaya. Encore une fois, ce résultat nous apparaît à des années lumières de la situation réelle. Pour un peu, on se hasarderait à affirmer qu’il ne concerne que Bgayet-ville. C’est un tantinet exagéré certes, mais on n’en est pas loin.Reprenant une tradition multiséculaire, la solidarité trouve toute son expression pendant le mois de Ramadhan. Chacun met la main à la poche et tous se font un point d’honneur de contribuer à cette œuvre caritative géante dans une tentative louable, mais insuffisante à gommer les inégalités où tout au moins les atténuer. Ce n’est pas la soupe populaire, même si cela y ressemble car procédant de la même logique humaniste. Ce n’est pas non plusles restos du cœur pu que la solidarité, la notre va au-delà du repos bon marche offert à tous. Dans la batterie des actions entreprises par l’Etat, les associations d’entraides et les bienfaiteurs, le couffin du Ramadhan tient une place de tout premier choix dans les différentes tentatives de soulager misère et détresse des plus démunis. Sa distributuion, faite dans l’anonymat permet au bénéficiaire de sauver les apparences et donc de garder un rang social perdu pour certains depuis longtemps (mais, ça, peu le savent !) Le couffin offre l’essentiel. Pour le superflu, d’autres âmes charitables y pourvoient généralement. L’un dans l’autre, la solidarité fonctionne plutôt bien et l’altruisme aidant, tout le monde mange à sa faim. Il en est même, pas forcément aisés qui se sont jurés de ne jamais garder de restes. Détrompez-vous, leur cas ne relève pas de l’hédonisme, mais plutôt de la goinfrerie. Destination de ces plats que les ventres repris ne veulent plus : la poubelle !Celà heurte bien évidemment la sensibilité et parfois les convictions des plus démunis qui auraient préféré sans doute bénéficier de cette manne qui fait tout de même le bonheur des chats et des chiens errants de la cité ! Il est vrai que certains préfèrent la compagnie des quadrupèdes à celle des hommes !Les restaurants “errahma” constituent l’autre volet de la solidarité. Ils permettent aux humbles, sans abris et voyageurs dans le besoin de se restaurer plutôt bien. Les repas équilibrés comportant viande et dessert sont offerts à l’heure du f’tor pour ceux qui consomment sur place et bien avant pour les familles démunies selon la formule du repas à emporter. Ecoles, établissements individuels offrent de manière spontanée leurs structures. Quant au personnel, il est constitué de bénévoles.Le poids lourd de la solidarité demeure incontestablement la DAS, chargée de repartir les aides de l’Etat et des bienfaiteurs dans une moindre mesure. Cette année, pour l’opération spéciale Ramadhan la DAS bénéficie de la somme 1 280 000,00 de centimes provenant pour 580 000,00 de centimes de la wilaya et pour 7 000 000,00 de centimes du ministère de tutelle. D’ores et déjà, la DAS met à la disposition des économies faibles de la wilaya 3 293 couffins d’une valeur individuelle de 1 800,00 centimes.Chaque couffin renferme exactement 12 produits de première nécessité. L’opération sera reconduite lors de la deuxième quinzaine du mois de Ramadhan pour la même valeur. La solidarité communale viendra en complément pour un montant ailleurs ! Noter pour cette année, c’est la priorityé est accordée au couffin.La DAS table sur l’ouverture de 16 restos “errahma” à travers l’ensemble de la wilaya en précisant qu’elle, seule, est habilitée à autoriser l’ouverture de ces centres, après une inspection sévère des lieux.Le Croissant-Rouge algérien pour sa part entame de plein-pied l’opération Ramadhan. Même s’il en est encore qu’au stade des prévisions après qu’un appel aux dons ait été lancé, M. Meslem Mohamed, son président se déclare optimiste disant compter sur la solidarité habituelle de nos compatriotes. Le chiffre de 120 couffins pour la seule ville de Bgayet est avancé.Quant aux bienfaiteurs que compte la wilaya, il y a ceux qui participent à l’élan de générosité sur sollicitation des autorités et ceux qui apportent leurs concours de manière spontanée à l’image de Bougie — viande dont l’assistance aux couches défavorisées ne s’est jamais démentie, ni même essoufflée. En période de pointe, sa structure caritative offre jusqu’à 2 000 repas.Parallèlement à la paupérisation grandissante, la solidarité s’exprime certes mais de manière tout à fait ponctuelle. Le mieux n’est-il pas d’encourager et de stimuler l’emploi. La solidarité ne viendrait qu’en appoint. Il faudrait en somme, et pour reprendre le vieil apophtègme chinois apprendre “à pécher à celui qui a faim, plutôt que de leur offrir un poisson !”

Mustapha R.

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