«La Kabylie fait toujours partie de mes inspirations»

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Il est des artistes qui se sont retrouvés dans le monde de l’art sans vraiment le savoir. C’est le cas de l’artiste peintre kabyle Redouen Adjoud. Autodidacte, il s’est fait un chemin dans l’art contemporain, lui qui vit à Paris depuis une quinzaine d’années sans perdre un iota de son identité kabyle qui le suit, telle une ombre, un peu partout à travers ses toiles.

La Dépêche de Kabylie : Parlez-nous un peu de vous et de vos débuts dans la peinture, vous qui êtes un artiste autodidacte?

Redouen Adjoud : Je suis né le 2 février 1977 à Alger. Je suis originaire de Tizi Rached et j’ai vécu mon enfance à Aïn Bénian jusqu’en 1995, année où je me suis installé en France pour poursuivre mes études en marketing management et langues étrangères. Mon histoire avec l’art est tout simplement une grande histoire d’amour. Cela remonte à mon enfance. Lorsque j’avais huit ans, je faisais des reproductions de dessins animés que je regardais à la télévision, des portrais de personnages célèbres qui m’ont marqué ainsi que des dessins de nature morte. Même en plein cours, à l’école, je ne pouvais rester sans toucher à mon crayon de dessin. Je me souviens très bien de l’année scolaire où je m’amusais à caricaturer mon entourage, surtout d’une caricature sur mon prof d’arabe qui avait fait un énorme succès chez mes camarades de classe. C’est pour vous dire que le dessin ne m’a jamais quitté depuis ma tendre enfance. J’ai l’art qui coule dans mes veines.

Comment vous est venue, par la suite, cette idée de faire de la peinture ?

Cela est venu comme ça, sans trop réfléchir, même si j’avoue que mes proches m’ont beaucoup encouragé depuis mes débuts, à persévérer dans mes œuvres artistiques, même si ce n’était que de simples représentations. Mais le déclic est arrivé le jour où j’avais offert un des mes tableaux à mon oncle lui disant que c’est une œuvre d’un grand artiste connu. C’était une toile du genre abstrait, et comme mon oncle m’avait cru sur parole, il n’avait pas hésité à accrocher ladite toile dans un grand hôtel où il travaillait. Mine de rien, le tableau a eu beaucoup de succès et il y avait même des gens qui voulaient l’acheter. C’est à partir de là que j’avais su que les gens appréciaient ce que je faisais et j’ai compris que j’avais un don pour l’art et que je devais l’exploiter.

Comme tout artiste, vous aviez certainement des peintres auxquels vous vous identifiiez ?

Au début, lorsque j’étais encore en Algérie, j’étais très inspiré par les tableaux de Picasso, Dali, Issiakhem et Baya. Par la suite, en m’installant en France, il y a une quinzaine d’années, et en voyageant un peu partout à travers le monde, j’ai eu l’opportunité de découvrir d’autres palettes de couleurs, à l’instar de l’art contemporain. J’avoue que cela m’a vraiment influencé dans la suite de ma carrière, surtout que cela m’a ouvert la voie pour participer à des concours et des vernissages.

Que représente pour vous, en tant qu’artiste, la peinture dans le monde d’aujourd’hui ?

Je dirais tout simplement que l’art, en général, représente le reflet de la société. Cela peut se traduire par un dessin, une chanson, ou tout simplement un poème. Je dirais même que l’art représente tout ce qui est noble. Ce qui est magique pour moi, c’est que l’art nous fait vibrer, rêver. Même si on n’est plus de ce monde, l’art nous fait revivre. En m’acharnant à croquer sur une toile, tout ce qui m’inspire autour de moi m’envahit de façon désordonnée, hanté par un visage, un paysage, une beauté ou une forme. Lorsque mes tourments et mes joies trouvent leur expression sur la toile blanche, je ressens un moment d’évasion dans mon quotidien. Des gestes, des courbes, remplis par des couleurs d’été ou d’hiver, le bleu qui me hante du ciel jusqu’à la mer où j’ai vécu mon enfance et le vert des montagnes Kabylie d’où je suis originaire, en rendant hommage à mon héritage, culturel et identitaire, qui m’inspire et qui nourrit ma sensibilité et ma créativité j’ai le sentiment d’être absolument un homme libre.

Avez-vous des projets pour des expositions en Algérie ou en France où vous êtes actuellement installé ?

J’ai déjà reçus de multiples propositions pour exposer mes toiles en Algérie. L’une, c’était dans le cadre du festival Panafricain à Alger. Hélas, comme j’avais des imprévus majeurs, à cause de mon état de santé je n’ai pas pu exposer.

Mais là je suis de retour et, si Dieu me prête vie, j’ai pas mal de projets à réaliser. Je suis en train de préparer une exposition ici à Paris qui s’intitule «Entre l’ombre et la lumière». Une exposition que je veux également faire en Algérie si l’occasion se présente, car je veux faire partager mes œuvres avec le public de mon pays.

Je prépare également un livre illustratif qui va sortir en France vers la fin du mois de mai 2012.

Entretien réalisé par Ali Chebli

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