La commune de Haïzer, distante d’une dizaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Bouira, a connu, avant-hier jeudi, sa troisième journée de manifestations contre la misère et la précarité. Une nouvelle exigence des citoyens est venue, cependant, s’ajouter à leurs revendications, «le départ pur et simple du chef de daïra ».
En effet, plusieurs centaines d’habitants de cette municipalité ont, en signe de colère, fermé la route qui mène vers leur commune à l’aide de pneus enflammés et autres blocs de pierres. Tôt dans la matinée, près de 500 personnes ont investi le siège de la daïra de Haïzer, scandant des propos hostiles au chef de daïra tels que « Dégagez» ou encore « Pliez bagages, la population ne veut plus de vous! ». Un des manifestants rencontrés sur les lieux soulignera que « la patience des citoyens a atteint ses limites. On est arrivé au point de non retour! On exige le départ de ce commis de l’Etat qui traite la population avec dédain et mépris ». Au fil du temps, la grogne a gagné tous les quartiers de la ville, ce qui a engendré de véritables scènes de révolte. Troncs d’arbre arrachés, poubelles enflammées… etc. À signaler, au passage, que le dispositif sécuritaire avait été réduit à son strict minimum et ce, selon toute vraisemblance, afin d’éviter tout débordement qui compliquerait sérieusement les choses. Vers les coups de 10h, la contestation est montée d’un cran.
En effet, une marée humaine a déferlé sur le siège de la daïra dans le but de forcer le portail d’entrée. Ce dernier a fini par céder sous la pression. À ce moment-là et alors que les forces de l’ordre s’apprêtaient à charger les contestataires, une voix s’est élevée sommant les manifestants à reculer, « arrêtez! On n’a pas le droit d’entrer par effraction, sortez tous ! On doit faire valoir nos droits dans le calme et le respect des lois », c’était les propos d’un des leaders de ce mouvement de contestation. Un rappel à l’ordre, in extremis, sans lequel la situation aurait vite tourné à l’affrontement. «Vous voyez, la population est à bout de nerfs, un rien peut faire dégénérer les choses », relèvera le porte-parole de ce mouvement et d’ajouter que « désormais, tout dialogue est rompu avec ce chef de daïra, il nous traite comme des chiens, il n’a aucun respect pour nous et pour nos revendications. On ne veut plus de lui ici, qu’il parte! ». Un autre citoyen, qui avait du mal à contenir sa colère et son indignation face à cette situation, dira : «on ne se laissera pas écraser et humilier par un tel individu! Notre commune végète à cause de l’inaction et du laxisme de ce chef de daïra. Il nous a dit, et sans gène, qu’il ne peut rien faire pour nous. Dans ce cas là qu’il dégage! ». Notons, enfin, que la situation s’est quelque peu calmée durant l’après-midi après l’intervention du comité citoyen de la commune qui a appelé la population à faire preuve de retenue, de sagesse et de civisme.
Ramdane B.