Les soussignés, soucieux des conséquences néfastes sur les relations entre les peuples algérien et suisse, que pourrait susciter l’interpellation de Monsieur Khaled NEZZAR par la procureure fédérale de la Confédération Helvétique,
Estiment qu’au-delà de la personne du général NEZZAR, ministre de la Défense nationale et co-président de la République au sein du Haut Comité d’Etat, c’est le peuple algérien qui se trouve atteint dans sa souveraineté et sa dignité.
Rappellent que depuis le début de l’année 1991, les atteintes aux personnes et aux biens, les menaces sur l’ordre républicain perpétrées par les dirigeants, militants et adhérents du FIS, l’appel à la grève insurrectionnelle et à la désobéissance civile, l’appel à la guerre sainte par des prêches virulents, avaient pour finalité l’instauration d’un Etat théocratique.
Constatent que suite à ces appels, les membres du FIS ont perpétré des massacres collectifs et des assassinats par dizaines de milliers, s’attaquant sans distinction aux populations civiles, aux fonctionnaires de l’Etat, aux journalistes et membres des médias audiovisuels, aux services de sécurité et aux membres de l’armée.
Rappellent, en tant que de besoin, à ceux qui l’ignorent et à ceux qui 20 ans après, n’en auraient plus le souvenir, que le FIS a été successivement, le géniteur de l’AIS (Armée Islamique du Salut), du GIA (Groupes Islamistes Armés) et du GSPC (Groupes Salafistes pour la Prédication et le Combat) qui se sont en définitive fondus dans l’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) qui perpétue ses crimes aussi bien dans les pays du Sahel qu’en Algérie.
Considèrent qu’à la demande de la société civile, tout particulièrement du Comité National pour la Sauvegarde de l’Algérie (CNSA), et suite à la réquisition des autorités légales, l’Armée Nationale Populaire est intervenue à partir de 1991 pour soutenir la légitime défense de la République menacée et de la Démocratie déclarée impie par l’intégrisme.
Sont persuadés que l’action des patriotes soutenus par l’ANP a évité à l’Algérie le sort tragique de l’Afghanistan.
Déplorent que Madame la Procureure fédérale ait, a priori, donné suite à la requête de deux anciens responsables du FIS demeurant en Suisse qui, par le biais d’une » plainte pour tortures « , entendent en réalité présenter leur organisation aujourd’hui dissoute par la justice algérienne, comme victime du gouvernement et de son armée.
Constatent que ces plaintes, comme celles classées sans suite par le procureur près le tribunal de Paris, ont pour finalité de masquer aux yeux de l’opinion internationale les crimes de l’intégrisme islamiste dont le monde n’a réellement pris conscience qu’après le 11 Septembre 2001 et ainsi se replacer sur l’échiquier politique à la faveur d’un islamisme « modéré » dont le “Printemps arabe” aurait suscité l’éclosion.
Estiment dérisoire d’attribuer un acte de torture à un ministre de la Défense alors qu’il est évident qu’en période de troubles si dépassements, violences ou même tortures il y a, ces actions aussi inadmissibles et condamnables qu’elles soient sont inhérentes à des situations extrêmes parfois vécues sur le terrain à l’insu de la hiérarchie, M. NEZZAR ayant publiquement déclaré avoir sanctionné tous les dépassements portés à sa connaissance et en particulier les faits de torture qu’il a qualifiés comme « une salissure qu’il faudra s’employer à effacer ».
Déclarent formellement qu’ils n’entendent pas, par la présente pétition se substituer au Général NEZZAR qui sur l’honneur s’est engagé à se représenter en Suisse pour assurer sa défense, mais se sentent atteints dans leur dignité de citoyens algériens par l’intervention d’un Etat étranger dans les affaires intérieures de leur pays lorsque sont posées des questions telles que :
De quelle manière avez-vous participé au coup d’Etat du 11 janvier 1992 ? » Ce qui laisse préjuger que l’on a déjà conclu à la réalité d’un coup d’Etat dans l’ignorance de l’article 84 de la Constitution du 23 février 1989 et des conditions de son application.
– Pouvez-vous m’expliquer quel type de décision a pu prendre le Haut Comité d’Etat ?
– Comment les décisions du HCE étaient-elles mises en œuvre jusqu’aux instances politiques du bas de l’échelle ?
– Comment les décisions de l’état-major étaient-elles mises en œuvre ?
Considèrent de tels propos et agissements comme attentatoires à la souveraineté algérienne et au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat, principe indispensable à la paix, au respect mutuel et aux bonnes relations entre les membres de la communauté internationale.
Déclarent que les Algériens, qui ont tant souffert de la barbarie terroriste durant plus d’une décennie dans l’indifférence du monde « civilisé », sont consternés par l’approche superficielle de leur malheur, par des personnes, institutions ou Etats, ignorants des réalités du pays et prétendant s’arroger le monopole de la défense des droits humanitaires.
Conscients de la nécessité de préserver les relations liant les deux peuples depuis la précieuse intervention suisse aux préliminaires des Accords d’Evian, les soussignés en appellent aux responsables de l’Etat algérien pour prendre toutes mesures dictées par les circonstances et prier le gouvernement de la Confédération Helvétique d’agir dans les délais opportuns, pour mettre un terme à une procédure que ne justifient ni la réalité des faits invoqués, ni les principes du droit international.
Alger, le 15 décembre 2011