La nouvelle gare de Bouhinoun a été paralysée, hier, par les propriétaires de bus desservant l’ensemble des lignes et ce, pour protester contre la non prise en charge, par les autorités, de leur plate-forme de revendications élaborée depuis leur transfert à cette gare.
En effet, à cause de promesses non tenues par leur tutelle, les transporteurs ont décidé de faire de la journée d’hier une «journée de débrayage», selon le vice-président du collectif des transporteurs. Et ceci afin d’interpeller les pouvoirs publics sur la nécessité de se pencher sérieusement sur les problèmes rencontrés au niveau de cette nouvelle gare de Bouhinoun. Le vice-président de l’association des transporteurs par bus a affirmé que «notre plate-forme de revendications contient une vingtaine de points, et à nos jours, toutes les promesses et les engagements faites par rapports à ces doléances sont restées vaines, c’est pour cette raison que nous avons procédé à l’action d’aujourd’hui qui a été prévue puis annulée au moins deux fois». Le collectif des transporteurs, faut-il le souligner, a soulevé notamment les problèmes de sécurité au niveau de cette nouvelle gare, l’interdiction de passage aux bus par la rue dite «La Tour», la construction d’une passerelle qui donne directement à la gare ainsi que la couverture des quais. Il convient de noter que suite à cette action de débrayage, qui a prit encore une fois les citoyens en otage, une réunion a été tenue, à l’intérieur de cette même gare, pour débattre des exigences des transporteurs. Cette dernière a regroupé les membres de l’association des transporteurs, le chef de daïra de Tizi-Ouzou, le P/APC, le premier responsable du secteur du transport de la wilaya ainsi que les représentants des forces de l’ordre. Le collectif des transporteurs semble être rassuré par les représentants des autorités quant à la prise en charge de leur doléances, c’est du moins ce qu’a exprimé le président de l’association de ladite corporation qui a déclaré : «Nous sommes sur la bonne voie». Une déclaration qui rallie celle du directeur des transports M. Rezig. Ce dernier s’est contenté de dire que «les problèmes vont être réglés et les aménagements nécessaires au niveau de cette gare vont être réalisés». Les transporteurs se plaignent aussi de la baisse de rentabilité de leur activité depuis leur délocalisation de l’ancienne gare routière. «De 40.000 voyageurs, à l’ancienne gare, nous sommes arrivés à 15.000, parfois même à 10.000», disent-ils, tout en expliquant cette baisse par «la concurrence du transport ferroviaire». Dans ce sillage, M. Maklouf, vice président de l’association des transporteurs, dira : «En nous a utilisé pour faire marcher le train, nous sommes à présent entrain de survivre, en attendant la mise en fonction du train électrique, à ce moment là nous allons périr». Sur le même point, le président de ladite association ajoutera qu’« une gare multimodale est normalement destinée à assurer la complémentarité entre les différents moyens de transports, mais ici, nous sommes dans la gueule du loup». Pour le vice-président qui n’a pas cessé de répéter « en entrant dans cette gare, nous nous sommes mis nous même le couteau sur nos gorges», et d’ajouter : «quand ce train électrique verra le jour, ce sera la mort subite du transport en commun».
En tout état de cause, les transporteurs dénoncent leur délocalisation pour l’argument de désengorgement du chef-lieu, alors que l’ancienne gare routière est toujours opérationnelle. «On a déshabillé Pierre pour habiller Paul, en nous a transférés pour faire entrer les autres transporteurs dans cette gare», clame le président de l’association des transporteurs et ce, en parlant des fourgons qui sont entrains d’assurer le transport vers le centre ville. Le problème de payement à la gare par les transporteurs, a été également un point débattu, et sur ce sujet, les délégués de ces derniers, affirment que «le wali a même donné des engagements en fixant la date du 31 décembre 2011, comme date butoir».
A cet effet, les transporteurs ne payent rien, selon leurs dires. De même, ces derniers affirment, par le biais de leurs représentants que «la gare actuelle n’a pas de statut, nous n’avons signé aucune convention, qui doit-on payer?», se demandent-ils, et d’ajouter que «sur les factures et les mises en demeure qui nous ont été destinées, c’est le nom de l’ancienne gare qui y est mentionné». Il est à noter que le débrayage d’hier a duré jusqu’à 15h, après quoi, les transporteurs ont libéré l’accès et la sortie de la nouvelle gare de Bouhinoun, qui avaient été interdits. Seul les bus urbains ont pu assurer le transport des voyageurs avant cette heure-ci. Ces derniers chargeaient et déchargeaient les clients loin de la gare. Les citoyens continuent ainsi de subir les conséquences des débrayages dont ils n’ont aucune part de responsabilité. Ces derniers, surpris d’apprendre la grève des transporteurs en arrivant à la gare, n’ont pas caché leur désagrément et leur colère. Il convient de souligner, enfin, qu’une réunion avec le premier magistrat de la wilaya a été exigée par le collectif des transporteurs, cette dernière aura lieu «au cours de cette semaine» selon eux. Une réunion qui décidera de la suite, puisque les membres dudit collectif n’ont pas éloigné une éventuelle reprise de la grève si d’ici là rien n’est décidé officiellement.
R. Selmani

