Le jeu trouble des transporteurs

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Une semaine s’est écoulée depuis le déclanchement de la grève des transporteurs privés de la wilaya de Bouira. Ce débrayage, faut-il le rappeler, a pour principale revendication, le refus de ces transporteurs d’être transférés à la nouvelle gare routière de Bouira.

En effet, cette situation de blocage qui traîne en longueur, sans que les autorités locales n’y parviennent à y mettre un terme, pénalise considérablement les usagers.

Ces derniers s’estiment pris en otage par ce mouvement de grogne qui touche le secteur des transports de Bouira : “La population n’y est pour rien ! On veut juste aller travailler et vaquer à nos occupations. Cette grève n’a aucun sens !», dira un citoyen croisé à l’arrêt de Sour El Ghozlane. Du côté des transporteurs intra-wilaya, c’est un tout autre son de cloche…

En effet, ces derniers afin de justifier leur mouvement invoquent des raisons plus au moins cohérentes, tels que l’éloignement de la nouvelle station, mais aussi, le fait d’être délocalisés vers la nouvelle station auraient selon eux, des répercutions négatives sur le taux de fréquentation, qu’ils ont estimé à 30% de leur chiffre d’affaires. Et enfin, l’argument principal qui d’après les contestataires, c’est le surcoût pour la population… : “La DTW veut à tout prix augmenter le trafic des bus de l’Etat en imposant à la population des frais supplémentaires pour regagner le centre-ville de Bouira. C’est dans ce but que la décision a été prise de nous délocaliser à la nouvelle gare’’, a jugé un transporteur. Ce dernier argument, à savoir, s’inquiéter des éventuelles dépenses des usagers, parait pour bon nombre des ces derniers, peu plausible et complètement grotesque : “Ils (transporteurs, ndlr) nous bloquent et se disent inquiets pour nous ? C’est un comble !’’ , nous ont conviés la majorité des citoyens interrogés sur le sujet et ont ajouté : “Paralyser Bouira en empêchant les citoyens d’aller travailler et même d’aller se soigner, si c’est cela, qu’ils considèrent comme une action d’intérêt public… C’est une pure absurdité !”.

Autre signe qui ne trompe pas, quant à l’aberration de ce mouvement de grogne, avant-hier lundi, on a rapporté que le grève a été suspendue au niveau de plusieurs communes, notamment Aïn Bessam, Bechloul et El Esnam.

Cependant, hier mardi, les citoyens ont eu la désagréable surprise de découvrir que les transporteurs avaient réenclenché la grève. Difficile de faire une idée sur les tenants et aboutissants de cette reprise du trafic et sa soudaine interruption. “On se moque de nous !’’, s’est exclamé cet usager croisé au niveau de l’arrêt de bus de Bouira.

Par ailleurs et selon les déclarations d’un transporteur de la ligne Aïn Bessam-Bouira, suite à la reprise de la journée de lundi passé ils auraient reçu des coups de téléphone de la part de leurs collègues grévistes, leur suggérant de ne pas “casser le mouvement’’.

Par la suite, l’attache a été prise avec le porte-parole des transporteurs au niveau de la daïra de M’Chedellah, ce dernier, nous a assurés que tous les transporteurs sont tous unis et se tiennent au mot d’ordre de débrayage illimité. Et n’a pas omis de préciser que “la population demeure compréhensive, face à ce mouvement’’.

Cette affirmation demeure toutefois très relative, sachant que les citoyens ont affiché clairement, et ce, depuis les premiers jours de cette grève, leur désaccord et leur mécontentement face à ce qu’ils ont qualifié de scandale.

Ramdane B.

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