Des rations alimentaires de…30 DA par repas !

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« Nous avons des budgets de 20 à 30.000 Da par trimestre arrêté à 49 jours, alors que nous avons travaillé durant 54 jours ouvrables. Comment assurer les repas des cinq jours restants ?», nous font savoir les directeurs de ces établissements.

Au moment où les responsables de l’éducation nationale font étalage de toutes les réalisations à leur actif en matière de prise en charge de la scolarité des enfants d’Algérie et de l’amélioration des conditions d’accueil par des constructions de groupements scolaires et la généralisation des cantines scolaires pour tous les établissements, il se trouve qu’en matière des repas servis aux enfants scolarisés, la situation laisse franchement à désirer et les élèves sont loin d’être « nourris » selon les normes exigées. En effet, à Iboudrarène, par exemple, où il nous a été donné l’occasion d’assister à un conseil d’administration des écoles primaires, nous avons été stupéfaits de découvrir qu’au niveau des cantines scolaires des établissements de cette commune, la ration alimentaire servie par élève ne doit pas dépasser les 30 DA, ce qui revient à une moyenne plafonnée à « 780 DA, par jour et pour l’ensemble des élèves, au déjeuner », nous fera savoir, dépité le directeur de l’école primaire du village Aït Ali Ouharzoune, précisant que «sans la contribution salutaire de l’APC, je ne peux même pas me permettre d’offrir, une fois par semaine, une ration de poulet à mes élèves». Les autres chefs d’établissements primaires de la commune d’Iboudrarène ne sont pas mieux lotis, sauf, peut-être, pour les écoles où les parents d’élèves, par l’entremise de leur association, font violence à leurs maigres salaires pour contribuer aux budgets alimentaires des écoles. « Nous avons des budgets de 20 à 30.000 Da par trimestre arrêté à 49 jours, alors que nous avons travaillé durant 54 jours ouvrables. Comment assurer les repas des cinq jours restant ?», nous font savoir les directeurs de ces établissements. Par ailleurs, pour ne pas laisser ses élèves sans repas de midi, le directeur de l’école primaire d’Ighil Bouamas a du débourser de sa poche l’achat des légumes pendant une semaine. Ce directeur, actuellement admis à la retraite, et à qui nous rendons un vibrant hommage, n’en est pas à son premier sacrifice en faveur de son établissement. L’an dernier, il du prendre en charge le salaire d’une enseignante vacataire, que la direction de l’éducation a refusé de verser.

Ainsi, nos élèves, à travers les différents établissements scolaires sont « sous alimentés », n’ayant droit qu’à un repas de 30 DA, financé par la direction de l’éducation, alors que même les 6, 60 DA (lire six dinars 60 centimes) « offerts » par l’APW de Tizi-Ouzou ne peuvent même pas contribuer à l’amélioration du repas si ce n’est à assurer « le bol de lait du matin pour 5 DA et le goûter pour 1,60 DA… et encore ! » expliquent les chefs d’établissements qui soulignent, néanmoins, « le soutien et la contribution de l’APC, sans laquelle nos élèves seraient livrés à eux même». Comment, en effet, peut-on assurer une ration alimentaire saine et équilibrée aux enfants avec de tels budgets, alors que le kilogramme de viande rouge frôle les 800 DA et la viande blanche les 300 DA, sans compter les autres produits alimentaires ? « Peut-être que nos élèves doivent quitter l’école pour devenir députés de la nation et bénéficier de 2500 DA jour d’indemnités de repas», comme le suggère, ironiquement, le vice président de l’APC d’Iboudrarène.

Nassim Zerouki

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