«L’absence de moyens n’est pas une fatalité»

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Ouiza Moklat, une jeune fille de 27 ans, frôlant les 1m 75cm, du village Ihdaden dans la commune de Maâtkas, est une athlète hors-norme.

Sans soutien et sans moyens hormis ceux mis à sa disposition par sa famille, elle a réussi là où les plus lotis ont failli. Obtenir le titre de champion du monde, dans une discipline à prédominance masculine n’est pas chose facile. Aujourd’hui, cette athlète vit toutes les peines du monde puisqu’elle continue de s’entraîner avec l’Olympique de Bourouba d’Alger, alors qu’elle habite à Maâtkas. Les va-et-vient quotidiens lui absorbent les maigres économies familiales et l’épuisent physiquement. Dans cet entretien, Ouiza reviendra sur son parcours, son riche palmarès et surtout sur sa difficulté à garder son statut de championne.

Parlez-nous de vos débuts J’ai commencé à m’entraîner ici à Maâtkas en 1998 alors que je n’étais qu’une fillette de 12 ans. Quelques années plus tard, j’ai rejoint Tizi-Ouzou pour mieux avancer. Pour me rendre à Tizi, il fallait l’aide de ma famille. Inutile de vous dire que j’ai eu à souffrir des voyages. J’ai réussi à gagner le titre de championne d’Algérie et de la coupe d’Algérie. Cela m’a encouragé à aller de l’avant. Peut importe les sacrifices, d’autant plus que ma famille était toujours présente à mes cotés.

J’imagine que les résultats ne se sont pas arrêtés là Effectivement, j’ai réussi à gagner une quinzaine de titres au niveau national. Sur la scène mondiale, j’étais championne du monde en 2004 à Paris. En 2008, j’ai décroché la coupe Euro Africa à Bordeaux. En 2009 lors des championnats d’Afrique, je suis montée sur la plus haute marche du podium à Dakar. Dans le championnat du monde de 2010 organisé à Dortmund (Allemagne), j’ai raflé 3 médailles de bronze en technique et en combat. Dernièrement au Viêt-Nam à Ho chimin, j’ai encore réussi à décrocher 2 médailles d’argent devant des athlètes de renom mondial. Notre équipe nationale de Vo Vinam Vo Dao est classée à la 7e place parmi 22 nations et pas des moindres puisqu’il y avait en plus du pays organisateur, l’Iran, l’Italie, la France, l’Inde et tant d’autres nations.

Avez-vous été honorée par les autorités nationales ?

Au retour du Vietnam, le ministre de la jeunesse et des sports nous a reçus et nous a offert une réception. Il nous a également promis des enveloppes financières, mais à ce jour, nous n’avons pas encore vu la couleur de cet argent. Je suis également allée voire notre chef de daïra ici à Maâtkas pour lui faire part de ma réussite et lui montrer mes médailles, pensant naïvement qu’il allait nous honorer. Hélas, ce dernier n’a pas trouvé mieux que de mettre la main dans sa poche pour me tendre 2 000 Da comme on en donne à une mendiante. Je les ai refusés bien sûr car je n’y étais pas allée pour mendier. Ce n’est pas de la sorte qu’on encourage un athlète qui vient de décrocher l’argent dans le championnat du monde. C’est regrettable mais l’absence de moyens et d’encouragement n’est pas vraiment une fatalité. Quant on veut on peut.

Nous vous laissons le dernier mot

Pour terminer, je voudrais d’abord remercier votre quotidien qui m’a permis de m’exprimer. Puis, mes remerciements vont à mes entraîneurs et notamment l’actuel M. Djedjoua Mohamed de l’olympique de Bourouba et, bien entendu, je n’oublierai pas ma famille qui a de tout temps était présente. J’espère aussi que nous ferons honneur au sport algérien et nous réussirons à faire le bonheur des Algériens lors des championnats d’Afrique de décembre 2012 à Alger et du championnat du monde de 2013 qui se tiendra en France. Des rendez-vous que nous sommes en train de préparer sérieusement pour hisser l’emblème national et faire tonner l’hymne national à Alger comme en France.

Entretien réalisé par Hocine T.

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