«L’alliance a fait du président un fond de commerce»

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Dans un entretien accordé au journal El Khabar de jeudi dernier, le secrétaire général de l’Union pour la démocratie et la république (UDR), Amara Benyounès, revient sur les prochaines échéances électorales et les enjeux qu’elles représentent par rapport au futur démocratique du pays. Dans ce contexte, M.Benyounès positionne clairement son parti contre les partis fondamentalistes dont il dit qu’ils recevront des financements étrangers pour la prochaine campagne électorale. Il soutient, cependant, que la seule éventualité dans laquelle le courant islamiste pourrait sortir majoritaire des législatives est celle où prévaudrait l’abstention. «La plus grande part de responsabilité reviendrait, dans ce cas, au pouvoir politique du fait qu’il a fermé la télévision au débat politique», estime-t-il. Sur un autre plan, l’invité du journal ne va pas par le dos de la cuillère pour stigmatiser le conglomérat politique qui a pour nom l’Alliance présidentielle. «Cette Alliance présidentielle fait du président Bouteflika un fonds de commerce et un parapluie qui leur sert de couverture». Il demande, par conséquent, au président de la République de s’en désolidariser du fait qu’«elle lui porte préjudice». «Les partis administratifs qui se regroupent à l’intérieur de l’Alliance obtiendraient des résultats catastrophiques dans les législatives si le président Bouteflika venait à s’en dé-solidariser (…) Le président a mis en ces partis une confiance démesurée, et il a été ‘’récompensé’’ par le départ vers l’opposition de l’un d’entre eux à quelques mois du scrutin», ajoute-t-il. En tout état de cause, estime Benyounès, ces partis n’ont d’autre souci que celui de se partager les postes, sachant que «rien d’autre ne peut lier Ouyahia, Belkhadem et Soltani». S’agissant du courant islamiste et de sa stratégie de préparation du scrutin, M.Benyounès explique que «les fondamentalistes algériens ont une nouvelle ‘’Mecque’’ ; il s’agit de Doha. C’est pourquoi, je prévois qu’ils bénéficieront de financements étrangers lors des prochaines élections». «L’abstention profitera imparablement aux islamistes et nuira aux démocrates nationalistes», insiste-il. La réserve électorale des islamistes tournerait autour de 2 à 3 millions de voies, estime le secrétaire général de l’UDR, alors que le corps électoral dépasse les 18 millions citoyens-électeurs. «Ma conviction est que les fondamentalistes voteront qu’elle que soit la situation, tandis que les démocrates préféreront aller faire une partie de chasse». Amar Benyounès reproches aux grandes figures du courant démocrate le fait qu’ils n’accordent aucune importance à l’unification des rangs pour affronter les islamistes ; comme il reproche au pouvoir politique de participer avec 90 % de responsabilité au ravalement de l’acte électoral et à l’abstention. La fermeture de la télévision publique aux démocrates y a grandement contribué. «Moi-même, je ne voudrais pas recourir à des tribunes étrangères, comme France 2 ou France 3 ni à la chaîne Al Jazeera dont raffolent les islamistes ; je préfère la télévision nationale», précise-t-il. S’agissant de l’aspect organique du parti de l’UDR, M.Benyounès déclare que, au cours du prochain congrès qui se déroulera dans quelques jours, il proposera le changement du nom du parti en Mouvement populaire algérien. C’est, ajoute-t-il, le congrès constitutif du parti qui tranchera cette proposition.

Amar Naït Messaoud

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