Tout a commencé quand feu Mouloud-Mammeri, père de la renaissance de la langue amazigh fut interdit d’accès à l’université pour animer sa conférence sur “Les poèmes kabyles anciens”. Les choses ont évolué positivement depuis. Il y a eu la création du HCA, l’introduction de tamazight dans quelques livres scolaires et la porte bien sûr ouverte à l’édition sous toutes ses formes, à n’importe quel prix, l’essentiel pour des milliers de jeunes auteurs étant de s’affirmer en tant que tels.En l’absence de moyens de financement, de promotion et donc de distribution ces auteurs ne se sont jamais découragés. Un lectorat estimé à 10 000 lecteurs existe bel et bien et sa révision à la hausse ne cesse de se constater. Voici présenté, une situation non exhaustive de publications en tamazight de 1990 à nos jours.L’année 1990 a été marquée par la publication de “Ima-yas ccix Muhand” aux éditions inna-yas ? et de “Tajerrunt n tmazight” aux éditions Bouchène à Alger. Le manuscrit de cette grammaire kabyle remonte à 1974 tout comme l’est le “amawal n tmazight tatrart”.Ces précieux livres sont signés Mouloud Mammeri qui avait, par ailleurs, publié en 1969 aux éditions Maspero “Les poèmes de Si Moh ou M’hand”, “L’Ahellil du gourara”, “Machaho”, “Tellem chaho”. Bien avant Mammeri Mouloud Féraoun avait publié en 1960 “Les poèmes de Si Mohand…”Revenons aux années 1990, Tassadit Yacine signe une réédition du “Recueil des poésies kabyles” de Boulifa suivie de sa propre présentation aux éditions Awal avec le concours du centre national des lettres. L’édition originale remonte à 1904. Elle comporte plusieurs poèmes dont la plupart sont attribués à Si Moh ou M’hand. En co-édition, (Bouchène-Awal) elle publie la même année “Poésie berbère et identité”, “L’iali ou l’amour chanté en kabyle” ainsi que “Aït Menguellet chante”.A la même année, Rachid Alliche publie à l’OPU d’Alger son roman “Faffa”.En 1991, Mokrane Chemim édite un petit mais précieux “Lexique de la nature”, qui se rapporte à la botanique, à la zoologie et à la médecine sous l’égide de l’association Tilelli. Mars 1991 : Youcef Nacib publie aux éditions Andalouses “Poésies mystiques kabyles” et “Proverbes et dictons kabyles”. En 1992, une année après “Anthologie de la poésie kabyle” de 525 pages est publié aux mêmes éditions. 1996 : Kamel Naït Zerrad publie aux éditions ENAG “Tajerrunt n tmazight tamirant”, tandis que Aït Ali Toudert Halima publie à compte d’auteur “Poèmes de Djurdjura” dans des conditions un peu spéciales, puisqu’elle avait vendu ses bijoux pour payer l’imprimeur.Une année après le boycott scolaire, Abdenour Abdeslem innove en publiant “Aselhed di thazight” accompagnée d’une cassette audio pour l’apprentissage de la langue aux éditions Pro-Pub de Tizi Rached.Il avait publié auparavant “Lebni d’imuhal Izuyaz” qui est un livre technique. En 1997, le même auteur publie le “Dictionnaire abrégé du vocabulaire redressé de la langue berbère” aux éditions Enag (212 pages). En 1998, Rachid Alliche aux mêmes éditions, édite un fascicule d’apprentissage de l’écriture destiné aux enfants du premier palier. Son titre est “Amnir”.A “contes d’auteur”, nous avons enregistré la même année, la publication de recueil de quatre textes de théâtre (131 pages) de Hemmar Mokrane, suivi d’une plaquette de 34 pages “Le rebelle” qui retrace l’itinéraire artistique et combatif de Lounès Matoub.Aux éditions Yuba Wissin, un roman de 223 pages “Yuggar ucerrig tafanette de Nekar Ahmed est paru. En 2000, “Errance et révolte” consacré à Si Moh ou M’hand est publié par Younès Adli (230 pages). Préfacé par Abdeslem Abdnour, il contient plusieurs poèmes inédits du poète.Aux éditions “Gouraya” à Ouadhias, “Notes de lexicographie berbère” de René Basser est réédité. L’introduction du livre est signée Abderhmani Hirèche, directeur du CEM en retraite. A la même année (2000), Amar Mezdad, à compte d’auteur, publie “Tagrest ourghou” un roman de 177 pages, auteur aussi de Tafunast igujlem”, un conte populaire et “Idh dwass”. En 2000, Mezyan ou Mouh publie à compte d’auteur une plaquette de poème “Lhif Youran”, tandis que Chérief Karim publie “Assirem” (61 pages). Hamid Mezaoui, la même année, met sur le marché “Azidud icca usayad” qui est un montage poétique. En 2001, il récidive avec “Timena n chikh Mohand” dont le copyright indique l’association culturelle Issegh.En 2004, Belgacem Ihigaten publie “Seg anal ar wayed” précédé d’un jeu inspiré du scrabble. En poésie féminine, nous avons enregistré à la même année une publication de Lynda Koudache (16 pages) à compte d’auteur dans un titre “Ligh ouqbel ad iligh”.
Recueils, plaquettes, romans ne comportant aucune référence bibliographique*) Igli N T’lelli dans une excellente histoire d’amour intitulé “Lwerd n tyri”, 165 pages.* “Addar ittedu sazar” qui est une mosaïque de proverbes devinettes, contes, poèmes 61 pages, 68 DA, imprimerie artisan.* “Inzan” est un receuil de 141 devinettes avec leurs solutions, auteurs Amrane Salem et Attab Saïd.* “Timesdsa” (blagues) est un recueil de blagues de 34 pages de ses auteurs Bélaïd Kared et Ghani.* 03 livres de Mohand Iddir Aït Amrane dont les titres sont : “Ils amazigh atrar”, “Inachiden oumenough”, “Ekkr à mmis oumazigh”.* “Tasmezgent undyezt n tbugharin, (pensées de chants de feu), recueil de 110 pages, auteur Nemmar Ahmed.
Revues associativesEn 1999, le club scientifique en langue et culture amazighes éditée une revue très intéressante intitulé “Anadi”.En 1996, l’association culturelle “Lezzayer bwassa” publie une plaquette de 27 pages qui retrace la biographie de 20 artistes, écrivains kabyles, parmi eux : Slimani, H’nifa…A présent, seule l’association Numidia continue à publier contre vents et marées sa revue culturelle et sportive “Tafukt”.Des revues mensuelles ont disparu faute de moyens financiers citons à titre d’exemple. ABE Amazigh, Izuran, Kabylia, Azul, Illes Umazigh.Le HCA en collaboration avec le ministère de la Culture ont publié un coffret de livres amazigh en 2004. Cet effort a redonné de l’espoir aux jeunes auteurs qui ne désespèrent pas de voir un jour leur manuscrit sortir des tiroirs de l’oubli et de la négation d’une langue ancestrale.
M. Ouanèche