(1re partie)
«Amachahou rebbi ats iselhou Ats ighzif anechth ousarou» (Ecoutez, que je vous conte une histoire, Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil).
Gâter son enfant au point de le laisser faire, tout ce qu’il veut, n’est pas recommandé. Pour vous en convaincre, lisez cette histoire tirée d’un conte du terroir. Les parents, qui n’ont qu’un enfant unique ont la fâcheuse tendance à satisfaire son moindre désir, le moindre caprice.C’est ainsi, qu’à une époque lointaine, un homme aisé, possédant plusieurs propriétés travaillées par des ouvriers, de même que des troupeaux gardés par des bergers, est sollicité par son fils unique pour garder un troupeau de moutons (Agarâouf n-el mel). Le père refuse l’idée arguant qu’il n’y a pas nécessité. Si le besoin se fait sentir, il n’a qu’à recruter des enfants de la plèbe plus aptes que lui pour ce métier.Mais son fils ne l’entend pas de cette oreille, rien que pour le contrarier, il insiste auprès de lui. Le père ne veut pas céder aux caprices du petit, mais ce dernier a plus d’un tour dans son sac, et il va le prouver.Devant son père et sa mère réunis et ahuris, il leur dit :- “Si vous n’acceptez pas que je devienne berger, je vais me suicider !”Ces paroles font sur eux, l’effet d’un couperet. Craignant que leur capricieux enfant ne mette ses menaces à exécution, ils le laissent passer à l’action.Le lendemain, il se rend aux champs, conduisant un troupeau de moutons. S’amusant, n’étant pas vigilant, les chacals nombreux s’en donnent à cœur joie, en égorgeant de nombreuses bêtes.Le soir, en rentrant à la maison, son père compte les moutons, il s’aperçoit avec effarement de l’absence de plusieurs moutons.Interrogeant son fils, ce dernier sans se démonter lui dit, qu’elles ont été victimes des canidés. Son père le gronde, mais la leçon ne lui ayant pas servi, il décide de repartir aux champs le jour suivant avec le restant de moutons.Cette fois-ci il n’a pas à faire aux chacals, mais à une ogresse vorace qui lui dévore tout le troupeau. Pour se tirer du pétrin dans lequel il s’est fourré, il grimpe sur un gros chêne-liège (Thak’aroucthe) afin d’échapper à Teriel (l’ogresse).N’étant pas complètement rassasiée, elle veut le dévorer, mais elle ne peut escalader l’arbre touffu. Qu’à cela ne tienne ! Elle va faire le guet au pied du chêne-liège, jusqu’à ce qu’il descende de son propre gré, ou tombe affaibli par le manque de nourriture, si son obstination dure. l’ogresse (Teriel) a le ventre plein, elle peut tenir un siège de plusieurs jours, le temps joue en sa faveur.Le soir, à la tombée de la nuit les parents sont inquiets, de ne pas voir leur enfant rentrer avec les autres bergers. se sentant coupables de faiblesse, ils regrettent leur mollesse, et pleurent à l’unisson comme des enfants.Pendant que leur fils encore vivant est juché sur l’arbre, des marchands vinrent à passer. Les apercevant, le jeune garçon les appelle et leur dit à pleins poumons :- “Inith i avav d’yemma Memi-thouen vou thloufa D’ayen ig zraâ ig oufa !” (Dites à mon père et ma mère que leur capricieux fils gâté n’a récolté que ce qu’il a semé !).Intrigués par les appels du garçon caché dans les frondaisons, les marchands s’approchent de l’arbre, mal leur en prit, Teriel les rajoute à son déjeuner.
Benrejdal Lounes(A suivre)