A défaut d’interdire, le ministère sensibilise

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Le consommateur algérien est réputé durant cette période de Ramadhan par sa très grande fréquentation des marchés. Les commerces qui proposent toutes sortes de produits alimentaires sont pris d’assaut dès les premières heures de la matinée. Même les trottoirs et une partie importante de la chaussée squattés par les commerçants d’occasion qui exposent leurs marchandises à même le sol et sans aucun respect des normes de l’hygiène, ne sont pas épargnés. Ils passent même pour être des vedettes en ce mois, et se trouvent « élus » par plusieurs consommateurs qui préfèrent faire leurs emplettes dans ces lieux « interdits ». Mais cet engouement des Algériens pour tout ce qui se mange n’est pas sans répercussions et chaque année, plusieurs cas d’intoxication alimentaire sont signalés ici et là durant cette période. Les consommateurs semblent ne plus se soucier de leur santé et vont jusqu’à acheter du pain sur la place publique au nez des boulangers, contraints dans la plupart des cas à faire vendre leur pain en plein air. Une manière de régulariser l’informel et de pénaliser les commerces réglementés. Le citoyen qui s’expose ainsi à toute sorte de risques doit prendre conscience de ce que cela peut entraîner puisqu’il est le premier concerné. La sensibilisation de l’opinion publique, des autorités locales, des services de la santé et d’hygiène qui doivent conjuguer leurs efforts pour, ne serait-ce que limiter les dangers de ce phénomène. Sans un changement de mentalités et de comportements des consommateurs, toutes les politiques de tous les secteurs réunis n’apporteraient les fruits escomptés. Une raison pour laquelle les services du commerce ont prévu un renforcement des contrôles de la qualité des produits ainsi que des pratiques commerciales à travers un plan spécial qui mobilisera sur le terrain plus de 3 000 agents.

Renforcer le statut de l’inspecteur de qualitéUne dizaine de jours sont déjà écoulés et les trois principales nouveautés caractérisant ce programme ne sont pas respectées, du moins dans une bonne partie des communes. En fait, le département du commerce, en accord avec le ministère de l’Intérieur, a instruit les présidents des APC de ne pas délivrer des autorisations pour les commerçants occasionnels qui changent d’activité selon la demande du moment avec le même registre de commerce. Mais tout le monde peut constater que la majorité des fast-foods et plusieurs commerces d’alimentation générale sont convertis pour la vente du qalb el-louz, de la zlabia et autres pâtisseries. Un phénomène devenu ordinaire durant ce mois de carême. L’intervention des agents du contrôle est compromise par plusieurs facteurs, une fois l’autorisation délivrée par le P/APC et acquise par le commerçant. Un cadre du ministère du Commerce nous dira en ce sens que le contrôleur n’a ni le statut, ni les prérogatives d’un officier de police. Il ne pourra pas procéder à la fermeture du local et sa tâche se limitera alors à la signature du procès-verbal. Une procédure qui prendra beaucoup de temps depuis que le document atterrit chez le procureur de la République jusqu’à la décision de fermeture. Un temps largement suffisant pour que le commerçant cesse l’activité saisonnière et reprend son commerce d’origine. Le travail de l’inspecteur de contrôle serait alors sans résultat puisque le commerçant qui verserait une amende de 10.000 dinars aurait déjà réalisé un bénéfice de plusieurs milliers de dinars. Une situation qui nécessite une révision des textes législatifs régissant ce domaine allant dans le sens du renforcement du statut du contrôleur pour lui permettre de prendre des décisions fermes et irréversibles et interpellant les autorités locales afin de jouer leur rôle dans ce domaine. L’autre mesure englobée dans ce programme spécial Ramadhan qui rappelle que la viande congelée hachée est interdite en raison du danger de contamination élevé qu’elle présente lors du transport et interdit sa commercialisation n’est malheureusement pas appliquée dans l’ensemble des boucheries spécialisées dans les viandes congelées. D’ailleurs même pour la viande fraîche, il est conseillé de ne pas acheter de la viande hachée déjà préparée et toujours demander au boucher de le faire en la présence du client. Dans tous les cas de figure, et en dépit des lacunes et insuffisances enregistrées au niveau des autorités concernées, personne ne peut protéger le consommateur contre son gré. C’est pourquoi il est important d’aller dans le sens de la sensibilisation afin de mettre le citoyen devant ses responsabilités, une fois qu’il a pris conscience de tous les enjeux de la question.

H. Hayet

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