Malgré toutes les entraves rencontrées depuis le début de cette louable initiative, l’association Taos et Jean El Mouhoub Amrouche ainsi que l’ensemble des citoyens d’Ighil Ali viennent de gagner la partie en inaugurant notamment la stèle dédiée à la mémoire de ce grand homme de Lettres algérien à la Place des Martyrs.
Les festivités qui sont réparties sur trois journées commémoratives se sont illustrées par de nombreuses exposition riches dans leurs contenus et représentant des tapis traditionnels, des métiers artisanaux de la région des Ath Abbas et de toute la Kabylie, des livres retraçant le parcours patriotique et littéraire de l’écrivain et des photos inédites de Jean, Taos et de Fadhma Ath Mansour Amrouche. Après l’accueil des délégations venues de toutes parts, les invités sont conviés à visiter la maison natale de Jean sise au quartier Ath Jmaàa Une cabane en ruines mais qui garde encore intacte l’entrée principale retenue par une immense porte dite «Taggout n Ath Aàbla». Une marée humaine se dirige vers l’école Jean Amrouche, ex-école des pères blancs tout en passant par la maison de Belkacem Amrouche actuellement occupée par un ancien Moudjahid. Devant la porte de l’école, un autre ancien maquisard prend la parole et explique aux nombreux présents qu’il lui a fallu se battre pour acquérir cette plaquette en marbre portant le nom de l’écrivain. «J’avais rencontré les mêmes entraves en 1962 que ceux que rencontrent les membres de l’association en 2012. C’est tout le monde qui sait que Jean Amrouche était sans détours du côté de la cause algérienne pendant la révolution, mais la reconnaissance officielle ne s’est jamais faite pour le simple fait qu’il est de religion chrétienne», conclut M. Mesbah. Suite au dîner servi au restaurant de ce même établissement, on rejoint la salle de conférences de l’association où est animée une conférence-débat, par Mme Djoher Amhis Ouksel, écrivaine et institutrice de littérature française qui dira : «qu’il n’y a aucune ambiguïté quant au grand patriotisme de cet homme, que ce soit dans ses écrits ou dans son engagement effectif, là ou il rentre comme interlocuteur et intermédiaire entre le FLN et le Général De gaule». La dernière journée de la commémoration est marquée par l’émouvant recueillement sur la tombe du feu Belkacem Amrouche, le père de jean et de Taos. Il est enterré dans le cimetière chrétien du village d’Ighil Ali. une gerbe de fleurs a été déposée honorant sa mémoire. A la place des Martyrs, un énorme rassemblement attendant l’Inauguration de la stèle. Toutes les personnalités de la région sont présentes et les jeunes reprennent les chants mystiques de Taos Amrouche provenant des hauts parleurs. Après une minute de silence, les voiles sont levées de la statue et la foule scande sans que personne ne le prémédite «D imazighen». Un moment historique inoubliable. Difficile à décrire ces femmes qu’on voit sur les terrasses de leurs maisons et ces youyous qu’on entend de partout. Enfin, dans la soirée, un grand gala artistique est organisé au siège de l’association. On a pu voir Oulahlou, Boudjemàa Agraw, Kamel Saïb, Mahmoud Amazigh et tant d’autres chanteurs de la région qui ont conclu dans la joie cette commémoration. Les membres de l’association ont d’ores et déjà fixé rendez-vous aux présents pour le centenaire de la naissance de Taos Amrouche et un hommage pour Malek Ouary qui seront programmés prochainement.
M. S.