Où sont ces repas des humbles d’antan ? Le Croissant-Rouge algérien a-t-il dû surseoir à ses actions d’entraide et de soutien aux couches défavorisées ?Ce sont deux interrogations majeures qui reviennent sur les lèvres des habitants de l’antique Chobae Minicipium très épuisés devant la misère qui ne cesse d’avoir raison d’eux à tour de rôle et l’effondrement du pouvoir d’achat.Ici, en ce Ramadhan, les mêmes scènes relatives au mois de jeûne de ces dernières années rouges, succèdent à la décennie noire, se rééditent en ce mois sacré de 2005 qui vient réveiller d’une manière révoltante la pauvreté qui touche pratiquement plus de 70% de la population d’El Mansouriah.En ce temps de “Rahma” version “Taïwan” c’est le feu au marché des fruits et légumes, un simple couffin de produits alimentaires coûte au moins 100 DA sans la viande. On évoque ça et là à l’occasion, la liberté des prix et la loi économique de “l’offre et de la demande” alors que réellement la “faim” ne s’embarrasse pas de cette philosophie qui ne fait que creuser le fossé davantage entre la réalité vécue par les citoyens et les discours du haut !Pour les gens approchés, le mois de Ramadhan est synonyme de flambée des prix et de toutes les infractions. “Si je subvenais avant ce mois de jeûne aux besoins de ma famille difficilement, aujourd’hui mon ultime secours c’est de recourir à l’endettement”, nous a déclaré un père de famille.A notre interrogation sur la présence et les actions du Croissant-Rouge dans la région, notre interlocuteur n’a pas tardé à nous répondre : “Effectivement, le Croissant-Rouge existe mais je n’ai reçu aucune aide de la part de ses responsables”. Les ouvriers des entreprises et des sociétés sont livrés à la rue sans la moindre occupation, les familles sans revenus vivotant grâce à la mendicité, les jeunes qui garderont le long de leur vie le sombre souvenir d’avoir été mendiants, sont autant de symptômes qui montrent qu’au sein de la société à Ziama, une autre dérive d’un genre à part est déjà amorcée au grand dam des autorités locales contraintes à faire face avec les moyens dérisoires de bord.Au moment où le petit port local est considéré comme étant un véritable cadeau providentiel grâce auquel beaucoup de chômeurs y sont investis en tant que pêcheurs, les spéculateurs et les arnaqueurs continuent d’exercer leur sale besogne à plein les yeux. “Regardez, la sardine coûte entre 50 et 100 DA le kg, au moment où une caisse complète de 25 kg est cédée par les pêcheurs à 140 DA, c’est inadmissible”, nous a déclaré M. Nacer, un jeune enseignant.Ramadhan vient de mettre à nu la réalité quotidienne de ces paisibles localités de Ziama Mansouriah et leurs habitants, faite d’appréhensions et d’incertitudes face à l’ampleur de la misère et du manque cruel d’infrastructures et des moyens pouvant atténuer ne serait-ce qu’un tant soit peu les douleurs de ces mères otages de la religion et de la pauvreté entre quatre murs lasses d’attente d’un lendemain meilleur.En somme, mois de carême ou pas, concorde civile ou réconciliation nationale ou pas, les citoyens de Ziama Mansouriah, la porte de la Corniche jijelienne, sont pris en tenaille entre la situation sécuritaire et la cherté de la vie…En attendant des jours meilleurs.
Rabah Zerrouk
