Après une première journée marquée par des affrontements, les travaux de la session statutairement ordinaire du CC du FLN ont repris, hier matin, dans une ambiance tendue.
Lors de la séance ouverte à 9 heures, le SG du parti, Abdelaziz Belkhadem a prononcé un discours axé sur la victoire du parti aux législatives du 10 mai. Dans la salle, un peu plus d’une centaine de personnes étaient présentes, parmi lesquelles des agents de sécurité des députés et des Mouhafedhs. Si les travaux semblaient se dérouler dans une sérénité relative, les anti-Belkhadem, quant à eux, se sont donné rendez-vous à la Kasma de Boumehdi à Alger, pour arrêter une riposte suite aux irrégularités ayant entaché l’ouverture des travaux durant la journée de vendredi. Ces derniers, en grand nombre, ont décidé de saisir les services des ministères de l’Intérieur et de la Justice pour le motif de « transgressions du règlement intérieur et des textes organiques du parti », dont ils accusent Belkhadem. D’autres griefs ont été retenus par les anti-Belkhadem pour porter l’affaire devant les tribunaux, notamment le fait que le SG ait « ouvert la session à des cadres qui ne sont pas membres du CC ». Selon Mohamed Seghir Kara, un opposant acharné « Belkhdaem a convoqué des députés et des Mouhafedhs, ainsi que des agents de sécurité pour remplir la salle. Ces derniers ont apposé leurs signatures sur la liste réservée aux membres du CC. Ce qui est grave sur le plan moral et juridique », s’indigne-t-il. Les frondeurs ont, par ailleurs, décidé d’occuper les sièges des Mouhafadhas et des Kasmas à travers le territoire national. « Il y aura une grande mobilisation de la base pour imposer le départ de Belkhadem », soutient notre interlocuteur. Par ailleurs, les membres du CC formant l’aile anti-Belkhadem ont non seulement décidé de boycotter les travaux du CC, mais, fait plus grave, demandé également « une enquête sur la gestion des deniers du parti ainsi que sur les marchés obtenus par les familles des membres du Bureau politique ». Revenant sur le déroulement des travaux de la journée de vendredi, les redresseurs ont été unanimes à affirmer que la motion de soutien, brandie par Belkhadem, était véritablement une manœuvre pour écarter toute possibilité pour les redresseurs d’arriver à leurs fins. Boudjemaâ Haïchour, chef de file et non moins porte-parole des redresseurs, a affirmé qu’« il y a 168 membres du Comité central qui ont décidé de boycotter les travaux de cette session pour dénoncer les dérives de Belkhadem. Il n’y a pas eu de vote. Belkhadem est venu avec une liste. Il a dit avoir 223 membres qui lui ont renouvelé leur confiance, puis il est parti ». Les contestataires réclament toujours le départ du secrétaire général du FLN. Au sujet des membres du CC, décidés à faire partir Belkhadem, Haïchour a confirmé la présence de pas moins de 80 protestataires. « Des membres continuent d’arriver, alors que d’autres ont signé des procurations », a t il signalé. D’ailleurs, a-t-il ajouté « les frondeurs ne tarderont pas à publier une liste comportant la signature de 168 membres du CC favorables au départ de Belkhadem de la tête du parti. De leur coté les membres du comité des sages, qui ont essuyé un refus catégorique de Belkhadem d’opter pour un voté à main levée, pour ce qui est du maintien ou du départ du SG, se sont réunis, hier, pour se positionner publiquement sur le déroulement du CC du FLN. Les redresseurs, désarmés devant les manœuvres de Belkhadem, ont affirmé pour la plupart, qu’Abdelaziz Belkhadem a «choisi l’option de la violence». Ses partisans, parmi les nouveaux députés et les secrétaires des Mouhafadhas avec lesquels il s’est réuni, envahissent la tribune de conférence. La médiation a donc échoué. Le comité des «sages» quitte les lieux en laissant une ambiance d’anarchie et de bagarre indescriptible. Le secrétaire général du FLN défie le Comité central et veut imposer sa propre loi. Dans un communiqué parvenu, hier, à notre rédaction, le comité des «sages» affirme que «ces manœuvres dilatoires, indécentes et malhonnêtes, sont de nature à générer des conséquences graves et déterminantes pour le parti». Selon ces médiateurs, «Abdelaziz Belkhadem en porte l’entière responsabilité».
Ferhat Zafane

