Après une accalmie qui n’aura finalement duré que quelques mois, voilà que le phénomène terroriste ressurgit à travers plusieurs endroits de la wilaya de Bouira.
En effet, en l’espace de quelques semaines, plusieurs attentats terroristes, ayant pris pour cible les services de sécurité se sont produits, particulièrement à l’Est de la wilaya où la situation sécuritaire demeure encore fragile. Le premier attentat de cette série noire remonte au début de mois de mai dernier, où trois bombes artisanales avaient explosé devant un détachement de la garde communale dans la commune d’Ath Mansour, à la limite entre les wilayas de Bouira et de Bordj Bou Arréridj. Une première bombe, placée non loin du détachement de la garde communale, n’avait pas fait de victimes, mais avait sérieusement endommagé un camion citerne chargé d’approvisionner cette caserne. La première déflagration sera suivie, quelques minutes après, par l’explosion de deux autres bombes. Dans la même journée, les éléments de l’ANP réussiront à désamorcer deux bombes qui visaient des éléments chargés de sécuriser le site de la Sonatrach à Ath Mansour. Au début du mois de juin, deux véhicules de la gendarmerie nationale avaient été pris pour cibles, lors de l’explosion d’une bombe artisanale enfouie aux abords de la RN98, reliant M’Chedallah à Bouira, au lieudit Tizi Mouhache. L’engin explosif, vraisemblablement actionné à distance, n’a pas fait de victimes, mais a causé des dégâts sur un véhicule de passage qui a vu ses vitres voler en éclats. Cet attentat raté contre un convoi de la gendarmerie n’était, à vrai dire, que le début d’une série d’actes terroristes qui allaient ponctuer un mois de juin marqué par un net regain de l’activité terroriste à Bouira. Une wilaya qui forme, depuis quelques années déjà avec Boumerdés et Tizi-Ouzou, le « triangle de la mort ».
Un attentat en plein centre-ville pour s’affirmer…
Dans la nuit de mercredi dernier, peu après minuit, un attentat particulièrement meurtrier s’était produit en plein centre-ville de Bouira, du côté du quartier de Draâ El Bordj. Un 4×4 de la BMPJ, en patrouille sur le boulevard Zighout Youcef, avait essuyé des tirs de kalachnikov. Profitant du ralentissement du véhicule devant un ralentisseur, deux individus, habillés en survêtements, ouvrirent le feu en direction des policiers. Cet attentat a coûté la vie à un brigadier de police, père de 2 enfants et originaire de Mila. Deux autres policiers seront touchés, l’un à la nuque, l’autre à la clavicule. Il faut dire que le boulevard Zighout Youcef était encore bondé de monde, à cette heure de la nuit qui voit, en cette période des grandes chaleurs, beaucoup de familles sortir se balader. Une situation qui n’a pas manqué de provoquer une panique indescriptible parmi les citoyens qui se trouvaient dans les alentours. L’attentat de mercredi a donc démontré la capacité des terroristes à frapper en milieu urbain et, surtout, à déjouer le dispositif sécuritaire mis en place, notamment à travers les barrages fixes filtrants, installés au niveau des principaux points donnant accès à l’agglomération. Et ce n’est pas la première fois que la ville de Bouira est la cible d’actes terroristes, puisque l’été dernier, en plein mois de carême, les artificiers de la police avaient découvert, puis désamorcé une bombe enfouie aux abords du boulevard de la wilaya, une artère très fréquentée par les familles en été. L’engin explosif aurait pu faire un carnage parmi les civils qui en seraient les premières victimes.
Un convoi de la gendarmerie attaqué hier à Douba
Pas plus loin qu’hier matin, un convoi de la gendarmerie de Chorfa a fait l’objet d’une autre attaque à la bombe près de Douba, à l’ouest du chef-lieu de la commune d’Ahnif. Un engin artisanal enfoui aux abords de la RN 5 a explosé au passage de deux véhicules de la gendarmerie, sans faire de dégâts parmi les éléments des services de sécurité. Cette attaque était prévisible, d’autant plus que cette région connaît une activité terroriste des plus inhabituelles. En effet, un groupe sanguinaire a été aperçu, en début de cette semaine, près d’Ath Ikhlef, non loin du lieu de l’attentat de ce matin. La région allant du nord de la daïra de M’Chedallah jusqu’à Ahnif, au sud, est connue pour être une zone de passage des groupes terroristes qui font des massifs du Djurdjura, au nord, et de la forêt des Bibans, située en lisière de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, leurs zones de repli.
D. M.