Deux béquilles pour un objectif commun

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Tandis que, partout, les hommes aspirent à ce que la vie quotidienne leur procure dignement ce dont ils ont besoin pour vivre et, au delà du bien-être et la fierté d’être les propres acteurs de leur progrès, l’essentiel des grands systèmes de vulgarisation agricole actuels se préoccupent de l’efficacité de la production primaire, des débouchés agro-industriels et, parfois, du respect de l’environnement afin d’inscrire une dimension de durabilité dans les nouvelles façons de faire… Dialogue difficile, donc, entre les uns et les autres. Par dessus tout, la volonté de progresser et d’évoluer doit venir de la base, être le fruit d’une démarche endogène que les représentants des technologies modernes ne feraient qu’accompagner. arallèlement, la capitalisation des savoir-faire traditionnels permet de contribuer à l’évolution des consciences sur des bases locales et solides, tout en utilisant de façon discrète et réfléchie les progrès techniques en agriculture et les nouveaux outils d’information… Unir le savoir traditionnel et les connaissances du monde moderne est une question de savants dosages et de finesse d’analyse de chaque situation. Pour cela, le pilier majeur des démarches de développement est la communication : qu’elle serve à diffuser des technologies ou des expériences ; qu’elle mette en évidence et aide à débloquer des conflits locaux ; qu’elle mette en valeur des cultures méconnues et permette aux producteurs de reprendre confiance en leurs idées ; ou encore qu’elle ait un rôle de propagande pour atteindre une échelle d’action élargie… Techniciens, représentant le monde moderne, et paysans, témoignant d’un temps passé paraissent être deux entités non assimilables. Leur vision du monde, leurs objectifs, leur langage diffèrent. La science occidentale, au travers des expérimentations, veut maîtriser et influencer la nature afin d’établir des schémas de fonctionnement logiques, structurés et clairs. Les paysans traditionnels, eux, conversent avec la nature, fonctionnent avec elle dans une acceptation plus passive de ses formes complexes. Pour renouer un dialogue sur le thème du développement, dans le Tiers Monde comme dans le monde rural occidental, il faut redéfinir la fonction du technicien : de grands prêtres de l’agriculture moderne et capitaliste, ceux-ci doivent, « si leur objectif est réellement d’aboutir au développement de petites régions », se mettre au service des volontés locales. Leur rôle évolue maintenant vers l’animation pour le développement local, l’accompagnement des énergies existantes. in « Savoirs paysans et savoirs scientifiques: à la recherche de l’équilibre »

Par Anne-Claire Idoux et Christophe Beau

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