Avec l’arrivée du Ramadhan, les citoyens ont observé impuissamment la hausse significative des prix des produits de large consommation. Un petit tour aux différents marchés et autres boucheries de Bouira, suffit pour constater cette flambée.
Aucun produit n’est épargné par cette envolée des prix qui laisse les citoyens, surtout ceux à faible revenu, dans l’expectative. En effet, lors d’une tournée effectuée, avant-hier jeudi, dans quelques marchés du chef-lieu de la wilaya et d’autres communes telle que Ain Bessam, Lakhdaria et Kadiria, on a constaté que les prix des légumes ont enregistré une hausse allant de 10% à 50% pour certains produits. Au niveau du marché de l’Ecotec, un des principaux de la ville de Bouira, le fameux « couffin du ramadhan » avait du mal à se remplir, tant les prix affichés étaient quasi inabordables pour bon nombre de citoyens. Jugez-en plutôt : la pomme de terre oscillait entre 40 et 45DA le kilo, alors qu’elle était cédée à 20DA au début du mois, la courgette est affichée à 80 DA, alors qu’elle l’était à 40 DA à la fin juin. L’oignon, quant à lui, fait pleurer la ménagère du haut de ses 60 DA le kilogramme. La même tendance inflationniste a été relevée au marché d’Ain Bessam. La laitue, de piètre qualité est à 100DA le kilo. Même le marché de Lakhdaria, réputé pour ses prix relativement bas en temps normal, n’a pas échappé à cette hausse, notamment pour les épices qui ont connu un bond de près de 30%. Le sacrosaint « frik », élément quasi indispensable à la chorba du Ramadhan, a vu son prix doubler, passant de 250 à 500 DA le Kg.
Les viandes…flambent
S’agissant des fruits, le constat est le même, c’est l’envolée ! Le kilogramme de raisin, cédé il y a 10 jours à 90DA, l’est aujourd’hui à 150DA, la pêche, elle, a vraiment « la pêche » à 240 DA/ kg, et pour déguster une bonne figue après le Ftour, les consommateurs doivent débourser pas moins de 190 DA le kilo. Idem pour les pastèques et autres melons, qui culminent respectivement à 70 et 80 DA/Kg. Les viandes ne sont pas en reste de cette ‘’ folie’’ des prix. Les boucheries affichent des prix qui font fuir. En effet, à 1 200 DA le kilo, la viande d’agneau et 800 DA celle du bœuf, il est très difficile pour le citoyen de faire face. Le poulet est cédé entre 270 DA et 300 DA le kilo voir jusqu’à 350 DA. Quant à la viande de dinde, son prix dépasse allégrement les 500 DA. Pour rappel, la Fédération algérienne des consommateurs (FAC) a essayé d’endiguer cette flambée des prix en lançant un appel au boycott de la viande, du 10 au 16 du mois en cours. Cependant, et selon le propre aveu de M. Zaki Hariz, président de la FAC, cette opération a été « un échec dû au manque de canaux de communication et à la non diffusion de l’appel au boycott auprès des consommateurs ».
Colère chez les consommateurs !
Mahrez, père de famille originaire de la localité de Ain Laloui, croisé à l’intérieur du marché de Ain Bessam, n’a pas caché sa colère et son indignation vis-à-vis des prix des certains légumes : « C’est une catastrophe ! Avec ces prix, il faut gagner au loto ou dévaliser une banque pour pouvoir se nourrir convenablement. Je suis venu avec l’intention de faire quelques provisions pour le Ramadhan, mais… ». Le même constat est dressé au marché de l’Ecotec de Bouira par Dalila, mère de 3 enfants, qui dira: « Trois oignons à 60DA, quatre petites tomates à 80DA et un kilo de poivron 140 DA. Voilà ce que j’ai pu ramener ! Franchement, je ne sais pas comment on va faire durant ce mois de Ramadhan ! ». Le témoignage qui suit est de Omar, père de famille et chômeur de son état : « J’ai cinq enfants à charge et je suis sans emploi depuis deux ans. Vous savez, quand vos enfants crient famine et que vous ne pouvez pas subvenir à leur besoin, vous avez envie de vous suicider ! Pour faire face au Ramadhan, j’ai dû emprunter cinquante mille dinars auprès d’un ami. Mais à ce que je vois, cela ne va pas me suffire ! »
Boissons gazeuses et confiseries, le règne de l’informel
Au quartier populaire Aïssat Idir (Ex-rue de France), situé en plein cœur du chef-lieu de la wilaya, des « commerçants » squattent le moindre bout de trottoir pour y exposer leurs marchandises. Des limonades et autres boissons gazeuses dont l’étiquetage est étrangement absent, sont écoulés à 20 et 25 DA la bouteille d’un litre, contre 35 DA pour un soda chez l’épicier du coin. Les cas de ces boissons anonymes sont de plus en plus fréquents et représentent un réel danger pour le consommateur. Les produits de pâtisserie n’échappent également pas aux fraudeurs. Les pains briochés, les feuilles de brik et autres produits de circonstance se retrouvent entre les mains de petits revendeurs à la sauvette et exposés dans des conditions d’hygiène exécrables. A proximité du quartier des 1100 logements dans la ville de Bouira, les commerçants informels écoulent petits pains, brioches, confiseries orientales, à même le sol et sous un soleil de plomb, le tout saupoudré d’une nuée de mouches et d’abeilles.
Ramdane B.