Depuis l’annonce des résultats du Bac, toutes les administrations publiques sont prises d’assaut par des centaines de jeunes. Avant même que les portails ne soient ouverts, des foules compactes sont déjà formées dans l’attente de se faire servir les premiers et dans le souci de ne pas prendre le risque de passer une journée entière à faire la queue et rentrer bredouille. De la mairie en passant par la recette des impôts, jusqu’au tribunal ou encore le bureau postal, c’est le même spectacle qui s’offre aux yeux. “Une fois le ticket de l’université arraché c’est le parcours du combattant qui commence pour le futur étudiant. Il faut d’abord passer des heures dans un cybercafé pour les pré-inscriptions, puis pour la confirmation. Vient après l’affectation Ensuite il faut passer par la constitution des dossiers d’inscription, de la chambre et de la bourse. On est épuisé par cette bureaucratie, surtout que nous sommes en plein mois de Ramadhan. Aller de la mairie, puis à la recette des impôts et enfin au tribunal, c’est un parcours du combattant qui sèche votre bouche», nous dit ce jeune futur étudiant, exténué d’avoir passé toute sa journée à faire le tour de toutes ces administrations. Il faut dire que ces jeunes étudiants découvrent, enfin, que ces allées et venues entre les différents services sont plus difficiles que d’avoir le Bac. De leur côté les agents exerçant dans tous ces services sont confrontés quotidiennement à des altercations avec les usagers. Au niveau du guichet de la légalisation de signatures, les préposés sont dépassés car ils ne reçoivent pas seulement les citoyens de la commune, mais de toute la daïra avec ses quatre municipalités (Draâ El Mizan, Ain Zaouia, Frikat et Ait Yahia Moussa). “C’est tout le monde qui vient légaliser ses documents à notre niveau. Et il faut être très prudent, on a peur qu’un document falsifié nous soit glissé. Il faut tout contrôler soigneusement», nous a confié une source proche de ce service. L’administration la plus sollicitée est, sans doute, le tribunal. Les usagers viennent de Mechtras, Boghni, Assi Youcef, Bounouh, Frikat, Ait Yahia Moussa, Ain Zaouia, M’Kira et de Tizi Gheniff. Il faut dire à ce sujet que chaque étudiant a besoin d’au moins un certificat de nationalité et un casier judiciaire. Les responsables de cette instance judiciaire ont mis tout le personnel à contribution pour réussir cette opération. C’est dans une salle d’audience que se fait l’appel, à longueur de journée. Tout le monde s’accorde à dire qu’aujourd’hui, l’Algérien est peut-être le seul au monde auquel des dizaines de pièces administratives sont exigées pour la constitution d’un seul dossier. Pour confirmer ce qui est dit à ce propos, un jeune nous a montré plus d’une centaine de documents, de toute nature, allant des extraits de naissance, en passant par les certificats de résidence, les extraits de rôles, les casiers judiciaires…. sans compter les photocopies des diplômes et les relevés de notes. Il y a de quoi désespérer plus d’un un.
Amar Ouramdane