Le combat de l’homme des causes justes continue !

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Il y a 18 ans, le 09 août 1994, disparaissait Bacha Mustapha, mort des suites d’une attaque cardiaque qui l’a surpris dans son sommeil à l’âge de 38 ans pour le ravir à sa famille et à la grande famille des démocr ates patr iotes. Comme chaque année, depuis sa tragique dispar ition, le village Tassaft Ouguemoun, dans la commune Iboudrarène a été cette fois encore, la destination de certains de ses amis qui ne l’ont pas oublié. La direction de la culture de la wilaya a marqué sa présence par une délégation, conduite par Ould Ali El Hadi, qui a tenu à se rendre sur place où elle a partagé avec les membres de la famille du défunt une cérémonie de recueillement à sa mémoire. Le maire de la municipalité des jeunes du villages et d’autres anonymes ont également fait le déplacement, bien avant la cérémonie officielle projetée par le village en fin d’apr ès-midi, pour appor ter un nouveau soutien à la famille et sur tout réaffirmer que le cap ser a maintenu. Bacha Mustapha, «le brave militant» reste, en effet, un symbole et un repère à toute une génération de militants. Né au village Tassaft Ouguemoun, dans la commune d’Iboudr ar ène, le 24 juillet 1956, Bacha Mustapha, issu d’une famille modeste, a depuis sa prime jeunesse cultivé le «goût» du militantisme pour défendr e ses espaces de liberté. Arrivé à la fac d’Alger où il fût étudiant, en fin des années 1970, il se retrouve dans le camp des communistes révolutionnaires en fondant même le GCR (Groupe Communiste Révolutionnaire). Son engagement en faveur de l’identité Amazighe le mèneront à participer activement aux évènements de 1980. Avec 23 autres camarades du Mouvement Culturel Berbère (MCB), créé en cette période, ils constitueront le fameux groupe des 24 détenus de 1980, emprisonnés par le pouvoir de Chadli Ben Djedid. C’est le premier acte fondateur du combat démocratique et identitaire de l’Algérie post indépendance. En 1981, avec les mêmes camarades du MCB, Bacha Mustapha, sitôt sorti de prison, participe au 1er séminaire du MCB à Yakouren (Azazga) où ont été officiellement posées les vér itables revendications des démocrates à l’époque : vrai socialisme, reconnaissance de l’identité algérienne et des langues populaires (Tamazight et Arabe algérien), la justice sociale et le respect des libertés individuelles et collectives. Après le 05 octobre 1988 et les sanglants évènements qui ont «permis» l’ouver ture démocratique en Algérie, Mustapha Bacha et d’autr es camar ades signent un appel pour la tenue des assises du MCB, lesquelles assises donneront naissance au RCD, un par ti politique dans lequel Mustapha a occupé plusieurs responsabilités dont secrétaire national à l’organique. Sa détermination, sa bravoure et son engagement pour le projet de sa famille politique qui prône la «double rupture avec l’intégrisme et le système politique en place», le feront projeter au devant de la scène politique où il était sur tous les fronts. Il sera un organisateur exemplaire lors de la création du Mouvement Pour la République (MPR) en 1993, un espace de convergence de tous les démocrates issus des états généraux des patriotes républicains. Il se distinguera aussi lors de la marche du 29 juin 1994 pour revendiquer la vérité sur l’assassinat du Président Mohamed Boudiaf deux années auparavant. Malheureusement, 40 jours plus tard, il sera victime d’une attaque cardiaque qui a eu raison de sa force physique et morale et de toutes ses convictions désintéressées. 18 années plus tard, des centaines, voire des milliers de martyrs en plus, le projet de société et les idéaux de Bacha Mustapha continuent d’être revendiqués et portés par des générations d’algériens qui, comme leurs aînés d’hier, durant la guerre de libération, ont fait le serment de faire triompher la République des lumièr es sur la Monar chie des ténèbres et des affaires.

Sadek Aït-Salem

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