Le dilemme de la loi et de la morale

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Les cas d’interpellationsde jeunes non jeûneurs ont tendance à se multiplier en Kabylie, ces quelques dernières années.

Rien que pour l’actuel Ramadhan, on a fait état d’au moins une dizaine de cas, à commencer par ce jeune de Béni Douala (S. R.) âgé de 36 ans, qui a été dit-on, passé à tabac par des policiers qui l’ont surpris en train de boire. Certes il y a eu le démenti, en partie, des services de sécurité mais il reste qu’il n’y a pas de fumée sans feu comme dit l’adage… C’était le 27 juillet dernier. Quelques jours plus tard, ce sont trois autres jeunes qui ont été pris à partie, cette fois du coté d’Issers à Boumerdès. Selon des témoignages, ces jeunes ont été surpris par des policiers en train de fumer. On rapporte également qu’un jeune homme a été interpellé par la police, mercredi dernier, au niveau de la grande plage de Tigzirt. En fait, ce n’est pas la première fois que des histoires de ce genre se produisent, plus particulièrement en Kabylie. L’année passée, deux ouvriers « pris en flagrant délit » de boire dans un chantier à Aïn El Hammam ont été arrêtés. Une action de justice a été même menée contre eux. L’on se rappelle, alors, que la population locale s’est mobilisée pour défendre la cause de ces deux ouvriers en tenant des rassemblements devant le tribunal à l’occasion de leur comparution. La population a d’ailleurs fait de même pour défendre deux chrétiens appréhendés pour la même raison l’année passée également. Force est de constater, en somme, que la police, du moins certains éléments, a tendance à s’acharner sur les non jeûneur. Ça donne l’impression d’une véritable chasse organisée contre les non jeûneurs sans qu’aucune loi ne soit pour autant mise en avant pour officialiser une quelconque interdiction. Ne pas observer le jeûne est-il interdit par la loi ? C’est la question que se pose le commun des citoyens. La réponse est non, à partir du moment où ces non jeûneurs n’atteignent pas à la morale et encore moins à l’ordre public. La DGSN a d’ailleurs vite démenti l’information faisant état de l’interpellation de S. R. à Béni Douala, tout en réitérant « l’attachement absolu de la Direction générale de la Sûreté nationale au respect des lois et qu’elle veille constamment à ce que l’ensemble de ses agents respectent les règles de déontologie dans l’exercice de leurs missions ». Clair et net. La loi ne punit donc pas celui qui n’observe pas le carême. Comment en serait-il autrement, du moment que le respect des autres religions est consacré dans les textes du pays. En fait, ce sont plutôt certains policiers, exerçant vraisemblablement avec zèle leur métier et confondant sans doute le rôle que leur attribue la République et leurs convictions personnelles pour imposer leur propre ordre. Cela dit, la direction devrait diligenter des enquêtes sur ces cas d’écart signalés ici et là à commencer par celui de Béni Douala, d’autant plus que la DGSN a tenu à renier les faits rapportés ce jour-là par la presse. Il fallait déterminer la responsabilité de chacun dans ces affaires pour que pareilles histoires ne se reproduisent.

M.O.B

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