L’homme au plus précieux et au plus impressionnant butin de guerre

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On sait aussi de lui qu’il a été blessé dans un accrochage, ce qui l’a rendu inapte à toute opération militaire de grande envergure contre l’ennemi français. C’est pourquoi, ses responsables à l’époque l’ont chargé d’assurer la liaison entre les sections et les lieux de refuges, dans la région. Cependant, cet handicap physique, voire même mental, ne l’ont pas empêché d’être l’auteur d’un des plus spectaculaires attentats contre l’ennemi, qui pourtant ses soldats étaient surarmés. On témoigne qu’il a pu désarmer seul, toute une section ennemie, et a récupéré une quinzaine d’armes en tirant une seule rafale avec sa modeste mitraillette qu’il portait toujours avec lui.Pour en savoir d’avantage sur cette page d’histoire de la Révolution algérienne, nous avons sollicité, Mas “L’Hadj Hmadache Boukrif”, un ex-directeur d’école à la retraite, fils de chahid et auteur de plusieurs recherches dans l’histoire révolutionnaire de la région de M’chedallah. Ecoutons-le : “D’après les informations recueillies, cette opération spectaculaire s’est déroulée au lieudit “Ighzer Nat Saïd”, un ravin situé entre les deux villages Illilten et Imezdurar, relevant de la commune de M’chedallah. Ce même oued est d’ailleurs connu en aval, sous le nom Assif Assemad qui puise son eau depuis la fameuse Source Noire. A l’origine de cette histoire, on racontait que des villageoises qui avaient pris à l’accoutumée, ce jour-là, le sentier qui mène au champ, car c’était la saison des moissons du blé et de l’orge, avaient remarqué la présence d’individus étrangers au village qui se baignaient, tranquillement, et presque nus, dans une mare. Ça devait être le mois d’août, et la chaleur était suffocante. Effrayées par ce qu’elles venaient de voir, ces pauvres femmes ont vite rebroussé chemin, sans même jeter un coup d’œil en arrière. En cours de route, elles étaient interceptées par Da Abdallah, qui était de passage dans ce village. Après avoir pris connaissance de toutes les données, il décida aussitôt d’aller voir ce qui se passe et éventuellement voir aussi quels sont ces “malades” qui se sont aventurés à la mi-journée, dans un endroit pareil et en pleine période de guerre ? Apparemment, il s’agissait d’une section composée de quatorze soldats, plus le chef, un lieutenant, tous de nouveaux débarqués. Comme c’était une région montagneuse, Da Abdallah a pu se rapprocher le plus possible de sa cible, sans autant se faire voir ! Mais grâce aussi à son courage il a, en effet, remarqué la présence de ces soldats dans cette “piscine naturelle d’eau douce mais surtout fraîche”. Il avait remarqué aussi la présence d’une sentinelle armée au pied d’un frêne, mais cette dernier était plutôt attirée par la baignade de ses compatriotes. On ne sait pas si Da Abdallah a visé, ou s’il avait fait des victimes, ce qu’on sait par contre, est qu’en tirant un coup de rafale avec son PM49, c’est tout le monde qui avait pris la fuite, tous nus, y compris le chef de section, laissant derrière eux leurs tenues vestimentaires sur les rochers ainsi que toutes leurs armes et munitions. N’en croyant pas ses yeux, Da Abdallah, venait alors de s’accaparer du plus précieux butin de guerre, sans vraiment ménager beaucoup d’efforts. Une quinzaine d’armes, au total, entre pisto-mitrailleurs et fusils de différents calibres. Des villageois l’ont volontiers aidé à transporter son butin dans un lieu sûr, avant bien sûr l’arrivée des renforts. D’ailleurs, le chef de la compagnie de la zone trois, en l’occurrence M. Mlikchi Saïd, connu communément sous le nom Afdhis, a refusé de restituer ces armes au chef de la compagnie de la Zone deux, même si cet attentat a eu lieu à la limite de son territoire.Autre fait marquant dans cette histoire, c’est la diffamation médiatique sans nom de l’ennemi, au lendemain de cette opération, où on écrivit à la Une des journaux qu’une compagnie composée de près de 300 “fellagas” (moudjahidine) ont attaqué une section de soldats en patrouille dans cette région montagneuse. Disons que c’était juste pour faire éviter au chef de cette section, de passer au tribunal militaire, mais en aucun cas, on pouvait falsifier l’histoire d’un individu, d’une région ou d’un pays.“Voilà ce que j’ai pu récupérer comme informations au sujet de cette histoire de ce glorieux martyre. Je vous remercie. Ainsi, mas “Boukrif Hmadache” termina son témoignage”. Enfin, quelle aurait été la durée de la Révolution si l’ALN disposait de combattants, aussi volontaires et courageux que Da Abdallah.

Farid A.

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