Les SDF, qui vagabondent dans la plupart des centres urbains de la wilaya de Béjaïa, sont livrés à leur triste sort. Même en ces journées hivernales glaciales, ils font partie du décor quotidien, eux qui n’ont d’autre toit que les arcades auxquelles ils recourent pour s’abriter des aléas du froid qui approche le zéro degré.
«Il y a des familles entières, venues probablement de l’intérieur du pays avec des enfants en bas âge, qui rodent depuis des semaines dans les rues de la ville », rapporte un citoyen résident à Béjaïa. Ces infortunés, laissés-pour-compte, s’amassent dans un coin sous les arcades, en quête de quelque chaleur que libèrent les grilles d’un fournil. Leur gîte est un bout de carton sur lequel ils se recroquevillent pour piquer un somme. D’aucuns, parmi eux, se replient dans les bains maures et autre lieux de culte, pour y passer la nuit.Acculés par la misère, ces SDF loqueteux se débrouillent pour vivoter, en récoltant, l’espace d’une journée, quelques pièces de monnaie dans les marchés et les cafés. D’autres, plus chanceux, se font parfois offrir un quignon et un bol de soupe au bas d’un immeuble. Dans la foulée, d’aucuns n’hésitent pas à mettre le doigt sur une autre tare, les enfants abandonnés en l’occurrence. Ces derniers sont, en effet, de plus en plus nombreux à peupler l’espace public. Ces gosses de la rue, vêtus en haillons, sont astreints à tendre la sébile, pour une hypothétique obole, devant les regards impassibles, rarement attendris, des passants.Abandonnés le plus souvent à la « belle étoile » par des parents irresponsables ou fuyant des conditions d’extrême indigence, c’est selon, ces enfants sont livrés à leur triste sort. Guettés par toutes sortes de fléaux, ces « angelots » vêtus de guenilles, traînent leurs guêtres dans les rues. Ils sont tout naturellement des proies faciles à la délinquance. « Ils sont même exploités par des commerçants sans scrupules qui les font travailler contre des clopinettes dans le marché informel », témoigne un quadragénaire, fonctionnaire de son état.
N. Maouche