Les acquis de la maturité

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«Pendant 132 ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal. Je reconnais, ici, les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien. Nous avons le devoir de vérité sur la violence, sur les injustices, sur les massacres et  sur la torture».

Si jusque-là aucun président Français n’a parlé des massacres du 08 Mai 45, et qu’aucun  d’eux n’a évoqué la torture, cet extrait du discours du président François Hollande, prononcé devant les parlementaires des deux chambres, suffit pour comprendre que ce nouveau pas constituera un tournant, cinquante ans après la fin de la guerre d’Algérie. François Hollande était, certes, attendu pour faire des aveux sur l’aspect injuste du colonialisme, et reconnaître, enfin, que la présence française en terre d’Algérie était loin d’être « civilisatrice », et c’est avec un immense courage qu’il a fait ce très grand pas, après la reconnaissance des massacres du 17 octobre 1961, prélude à une vraie reprise des relations entre les deux nations qui se partagent 132 ans d’histoire commune. Sinon, pour résumer la position de la France à l’égard de l’Algérie, François Hollande a trouvé les mots justes en déclarant être pour  “la vérité sur le passé», mais que ce “passé ne doit pas empêcher de faire le travail pour l’avenir”. Et ce travail pour l’avenir signifie, aussi bien pour la partie algérienne que française, en l’aspect commercial, du type « win-win) et des investissements qui produiront de la richesse et de l’emploi.  Citons, à titre d’exemple, la signature d’une demi-douzaine d’accords. Parmi lesquels, celui, âprement négocié sur la construction près d’Oran d’une usine de montage Renault. A terme, elle pourrait produire, à compter de 2014, au moins 75.000 véhicules par an. Une “annonce très forte», selon François Hollande.

«L’Algérie et la France doivent regarder vers l’avenir» 

En réalité le voyage de François Hollande en Algérie est l’occasion pour l’Algérie et la France de « regarder vers l’avenir » C’est le message que tiennent à transmettre les autorités françaises aux Algériens sans évidemment oublier ce passé. Selon Jean Pierre Raffarin, ancien Premier ministre et envoyé spécial du président Hollande à Alger : «   Le plus important aujourd’hui, c’est de regarder ensemble vers l’avenir, le 21e siècle, et faire la paix des mémoires», a-t-il indiqué à la presse, en marge du discours prononcé par le président français, François Hollande devant les membres des deux chambres du Parlement algérien. Il a qualifié le discours de M. Hollande de « message très important qui recommande à l’Algérie et à la France de s’ouvrir ensemble sur les défis du 21e siècle », à savoir, a-t-il expliqué « la jeunesse, le développement économique et la démocratie ». « J’aime bien l’expression de nouvel âge, utilisée par M. Hollande », a-t-il dit, estimant que cela concerne les nouvelles générations qui doivent considérer l’amitié algéro-française comme un « atout de leur devenir ». Les Algériens demandeurs de visas pour la France seront mieux accueillis, en outre, a promis le président François Hollande dans son discours prononcé  jeudi 20 décembre devant les deux chambres du Parlement algérien. La demande de visa « ne doit pas se transformer en un parcours d’obstacles ou, pire encore, une humiliation », a-t-il dit, même s’il a estimé nécessaire de « maîtriser les flux migratoires ». François Hollande a dit souhaiter accueillir davantage d’étudiants algériens dans les universités françaises. Il a dit encourager la construction d’une maison de l’Algérie sur le campus de la Cité universitaire internationale à Paris. Actuellement, les procédures administratives et les difficultés d’accès aux visas rendent compliqué l’accueil des étudiants algériens dans les universités françaises. François Hollande a d’ailleurs défendu ses déclarations dans un entretien à la radio Europe 1 accordé hier matin. . « Nous n’avons rien changé aux accords sur les visas avec l’Algérie. Je veux seulement raccourcir les délais de procédure », a t il affirmé.  « Je veux également que les Français qui viennent en Algérie soient bien accueillis », a t il ajouté.

Ferhat Zafane 

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