Intérêt grandissant pour l’immatériel

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La préservation du patrimoine culturel et historique algérien a connu en 2012 une évolution sur le plan des textes juridiques relatifs à la protection et à la restauration, ainsi qu’un intérêt croissant pour l’héritage immatériel, mais les travaux annoncés sur le terrain tardent à voir le jour. L’adoption par le gouvernement du plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur de la Casbah d’Alger en février dernier ainsi que la mise en place des structures en charge de l’appliquer, représentent les plus importantes actions menées, durant l’année qui s’achève, en faveur du patrimoine bâti. “l’Algéro-catalane de la restauration” et “l’Agence nationale des secteurs sauvegardés” sont aujourd’hui opérationnelles pour prendre en charge ce premier plan, considéré dans la stratégie du ministère de la Culture comme un plan pilote pour d’autres secteurs sauvegardés comme la casbah de Dellys et les ksours du sud, des sites fortement dégradés qui devront encore attendre que le plan fasse ses preuves. Depuis l’adoption de ce plan, qui prévoit dans un premier temps de racheter les parcelles de terres vides et reconstruire ou restaurer les maisons en ruine, les travaux de restauration sur le terrain n’ont pas encore été entamés et sont toujours 3en attente de l’attribution de la première enveloppe budgétaire qui interviendra au début 20133, a indiqué à l’APS le directeur de l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels (Ogebc) Abdelwahab Zakagh. Les fondements d’une stratégie ministérielle de restauration et de mise en valeur du patrimoine matériel ont ainsi été posés à travers ce plan encouragé par le Gouvernement. Cependant, le retard accusé dans la mise en oeuvre de cette stratégie s’avère de plus en plus pénalisant pour les secteurs sauvegardés qui dépérissent à vue d’oeil, à l’exemple de la citadelle d’Alger dont la muraille s’est en partie effondrée en mars dernier. Sérieusement fragilisée, la vieille ville de Constantine, témoin de la cité originelle dont une petite partie à été restaurée, a bénéficié d’un plan de sauvegarde récemment adopté par l’Assemblée de wilaya. Là aussi les bâtisses menacées n’en peuvent plus d’attendre d’être restaurées, mais l’application de ce plan devra encore attendre son adoption par le gouvernement et la réussite du plan pilote. La détérioration, due au temps et aux hommes, touchent d’autres sites et monuments historiques beaucoup plus anciens (romains, puniques ou numides) toujours menacés, devant l’absence de surveillance et bien d’autres lacunes auxquelles le directeur de l’Ogebc compte remédier “dès janvier 2013”. Malgré les grands chantiers en attente, la tutelle semble accorder un intérêt grandissant au patrimoine immatériel et aux différents savoir-faire dans le domaine, un intérêt qu’exprime le démarrage d’une campagne de classification, d’études et de recensement des métiers et des détenteurs du legs patrimonial. Les coutumes et savoir-faire mobilisent de plus en plus les centres de recherche qui ont constitué plusieurs dossiers comme celui du Sbouaâ de Timimoun, de la Sebiba de Djanet ou encore le costume nuptial de Tlemcen inscrit récemment par l’Unesco au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. D’autres institutions comme l’office du parc national de l’Ahaggar (Opna) oeuvrent à l’identification des “personnes ressources” détentrices du legs mémoriel de la région (à l’instar de l’Imzad), sa traduction, sa transcription et son enregistrement depuis plus de trois ans. En outre, une importante collection documentaire patrimoniale (photos, vidéos, audio et manuscrits numérisés) a été mise à la disposition du public par le programme Euromed Héritage, un acteur du patrimoine méditerranéen. Après la mise en place des structures en charge de la restauration et de la préservation du patrimoine bâti et la finalisation des textes de loi et budgets réservés à cet effet, l’année 2013 s’annonce comme celle du lancement effectif des grands projets de restauration et de protection d’une richesse culturelle inestimable.

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