Des artistes, qui ont contribué à la promotion du fait culturel en Algérie par leur talent et leurs idées, ont disparu en 2012. Nombre d’entre eux ont participé par les mots et la plume à la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Leurs oeuvres demeureront éternellement dans les mémoires et resteront inscrites pour toujours dans le patrimoine national. Artistes de renom, dans différents registres culturels, ils étaient tous exceptionnels par leur style et leur détermination. L’Algérie aura perdu en eux de véritables gardiens d’un patrimoine pluriculturel aussi riche que varié. Interprètes à la voix suave et imposante, le public aura perdu tout d’abord des ténors de la chanson algérienne, des éclaireurs accomplis et résolus, engagés, durant toute leur carrière, à aiguiser la conscience collective et à procurer le bien être à leurs admirateurs. De la Diva Warda El Djazairia, Warda Ftouki de son vrai nom (1940-2012), disparue un 17 mai, laissant derrière elle d’authentiques chefs d’œuvre, dont une bonne partie dédiée au combat du peuple algérien contre l’occupation française, à Cherif Khaddam (1927-2012), chantre de la chanson kabyle et algérienne, après avoir incarné l’atavisme dans un répertoire abondant, et accompli sa mission de véritable porte voix de l’Algérie profonde, en passant par Khelifi Ahmed (1921- 2012), chanteur de la chanson bédouine algérienne et Roi du « yaye-yaye » qui se définira lui-même comme « un palmier au coeur d’Alger », L’année 2012 aura aussi été la dernière pour des auteurs et compositeurs hors pair, à l’image de Mohamed Boulifa (1955-2012), compositeur et interprète qui a composé pour de grands artistes algériens, à l’instar de Warda El Djazairia. Sa dernière création aura été l’épopée « El Djazaïr, rihlat hob ». Mustapha Yanès, un autre grand nom de la chanson chaâbie parti, lui aussi, en 2012, tirera sa révérence discrètement, comme il a vécu. Doté d’une voix rauque et modulée, d’un doigté percutant, Mustapha Yanès était inscrit dans le répertoire de la chansonnette et aura marqué son public par sa bonhomie et son sourire éternels. Le monde de la radio aura aussi été endeuillé par la disparition de Mohamed Belhanafi (1927-2012), Aït Tahar Mohamed de son vrai nom, poète d’expression amazighe, animateur d’émissions à la radio, sur la littérature et la poésie, et auteur de pièces théâtrales radiophonique en kabyle. Il a, par ailleurs, écrit des textes, interprétés par de grands noms de la chanson algérienne. Le monde du cinéma n’aura pas été non plus, épargné en 2012, par l’affliction. Rachid Farès (1953- 2012), comédien, auteur d’une carrière pleine, tant au cinéma qu’à la télévision est décédé le 20 juin. Il avait notamment joué aux côtés de grands noms du cinéma et du théâtre algérien, entre autres, Sid Ahmed Agoumi, Ahmed Benaïssa, Athmane Ariouet et Wardia. Sa dernière apparition a été dans le film sur Mustapha Ben Boulaïd de Ahmed Rachedi. Kamel Kerbouz, comédien et metteur en scène ayant exercé dans plusieurs théâtres régionaux. Il était connu pour ses participations à des productions télévisuelles produites par la station régionale de Constantine, telles que « Aâssab Oua Aoutar » et « Mani mani ». Athmane Boukheddar (1968-2012), disparu le 23 février, cinéaste, réalisateur et scénariste, il a à son actif notamment « La dernière cigarette » (court métrage primé à Annaba) et « L’école de la violence », un sketch sur les pénuries d’eau. Le regretté a, aussi, assuré la fonction d’assistant réalisateur avec Merzak Allouache, dans « Babour D’Zair » et dans la série « Kalila wa Dimna ». La disparition de Abdelghani Belkaid-Ahmed, en fin décembre, viendra clore l’année 2012. Auteur-compositeur et virtuose du violon, il manquera au paysage culturel algérien.
