Le départ du DG réclamé

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Le monde du travail à Tizi-Ouzou ne cesse de s’agiter. C’est le moins que l’on puisse dire eu égard aux multiples montées au créneau de nombreux collectifs de travailleurs, enregistrées à travers la wilaya ces derniers mois. 

Hier, durant la matinée, ils étaient plus d’une centaine de travailleurs d’Algérie Poste à avoir observé un rassemblement devant leur direction régionale au niveau de la poste Chikhi à Tizi-Ouzou. Cette action entre dans le cadre du mouvement de protestation et de la grève déclenchés le 30 décembre dernier par les postiers. Outre la plate-forme de revendications soulevées par l’ensemble des travailleurs d’Algérie Poste à travers le territoire national, leur collègues de la wilaya de Tizi-Ouzou ont soulevé d’autre problèmes, notamment concernant leur syndicat affilié à l’UGTA qu’ils accusent de « déloyauté envers les travailleurs et de complicité avec les décideurs » et dont ils réclament la dissolution. « Nous nous sommes rassemblés, aujourd’hui, dans le but de discuter de nos revendications avec les responsables. Mais malheureusement, cela fait plus d’une heure que nous sommes là et aucun responsable n’est sorti nous voir. C’est décevant ! », dira l’un des protestataires, ajoutant : « Nous sommes là pour réclamer ce qui nous revient de droit ». Concernant la question des recrutements, autre point soulevé dans leur plate-forme, les travailleurs expliqueront que « ces derniers temps, il n’y a plus de postes budgétaires pour la poste, tout simplement parce que nous sommes déficitaires ! Est-ce que c’est aux travailleurs de recruter ? Les travailleurs d’Algérie Poste offrent des prestations à des prix symboliques, c’est un service public. Pourquoi ne recrutent-ils pas des jeunes pour nous aider ? Les agences postales ont besoin de plus d’effectif. C’est une honte pour l’Etat de voir un bureau de poste fonctionner avec un seul travailleur ». « Je travaille à Algérie Poste depuis 33 ans où j’ai géré le service du personnel. Pour les recrutements, ils se font au niveau d’Alger et, généralement, ce sont tous des personnes qui passent grâce à leurs amis ou un membre de leur famille ou autres. C’est le moment de mettre fin à cela », précisera un contestataire en poursuivant : « Ce matin, ils ont contacté les employés et ils les ont menacés de résilier leurs contrats dans le cas où ils décident de suivre ce mouvement de grève. Mais si jamais ils osent toucher à un travailleurs ou si quoi que ce soit arrive à l’un d’eux, nous n’allons pas rester les bras croisés, bien au contraire, nous allons déclencher une grève illimitée jusqu’à ce que justice soit faite ». Un autre employé gréviste indiquera qu’« à Tizi-Ouzou, nous avons 30 cas d’employés qui sont censés travailler quatre heures par jour, alors qu’ils assurent, actuellement, un service égal à celui d’un travailleur normal, et malheureusement, à la fin du mois, ils sont payés seulement pour les quatre heures. De plus, ce sont des postes de responsabilités. Ce n’est pas logique qu’un service public recrute des employés pour seulement quatre heures par jour. Est-ce que l’Etat Algérien ne possède pas assez d’argent pour payer ces jeunes ? Ces jeunes travaillent dans le cadre du CDD et on leur comptabilise seulement quatre heures par jour, depuis trois ans », dira notre interlocuteur.  Par ailleurs, selon ces travailleurs protestataires, il est même question de créer un syndicat autonome qui représentera les travailleurs d’Algérie poste de la wilaya de Tizi-Ouzou. « Nous réclamons la dissolution du syndicat actuel (UGTA), car ce dernier ne se bat plus pour les droits des travailleurs, mais plutôt pour ses propres intérêts. Aujourd’hui, les travailleurs de la poste ont décidé de créer un syndicat autonome qui sera composé de personnes de confiance qui se battront pour les intérêts communs et non personnels. Un syndicat qui nous représentera dignement, qui prendra en charge nos problèmes socioprofessionnels, et qui fera en sorte d’améliorer notre cadre de travail», déclare un autre travailleur qui ajoutera que lui et ses collègues vont « poursuivre ce mouvement jusqu’à satisfaction de toutes nos doléances, contenues dans la plate-forme de revendications, qui contient 17 importants points, et qui a été remise à la tutelle en avril 2012». Selon l’un des protestataires, « le directeur général d’Algérie Poste a parlé d’un déficit au niveau de l’entreprise, alors qu’aucun bilan n’a été fait depuis l’année 2003. Je me demande comment ils peuvent parler de ce déficit ! Et le comble, face à cela, le syndicat, censé nous représenter, est resté de marbre ». Pour conclure, un employé dénonce les conditions de travail lamentables qu’endurent, quotidiennement, les travailleurs, tout en affirmant que, jusqu’à aujourd’hui, ils n’ont pas « de grille de salaires », et en s’interrogeant sur le statut de cette entreprise en disant : « Est-ce que réellement nous sommes une entreprise économique ou sommes nous toujours dans le cadre de la fonction publique ? ». Pour rappel, Mohamed Laïd Mahloul, directeur général d’Algérie poste, dont les travailleurs réclament le départ, considère ce mouvement de grève comme une action illégale.

Samira Bouabdellah

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