Après quelques jours seulement de l’avènement de l’année Grégorienne, l’Afrique du Nord célèbre, à son tour, la naissance «son» année. Nous sommes en l’an 2963… C’est dire la longue marche de notre peuple et l’histoire qu’il a eu à modeler et, bien souvent, à subir dans sa chair et sa terre. Cette longue traversée, jalonnée de colonisations, d’invasions, de crimes et d’horreur, n’a pas pu venir à bout de l’identité de la culture et de ce sentiment d’appartenance, cultivé et nourri oralement et, aujourd’hui, par écrit. Comment ne pas être fier d’appartenir à cette terre et à ce peuple qui, malgré les invasions successives, a su rester soi-même et conserver son identité millénaire. Encore que le calendrier a été entamé arbitrairement à une année donnée. C’est cette fierté ce combat identitaire des générations qui nous ont précédés, qui font que, d’un côté nous nous sentons redevables envers nos ainés, et que d’un autre, nous estimons que notre génération se doit de contribuer à cette longue marche historique et s’interdire de l’arrêter. C’est pour toutes ces raisons, et d’autres encore, que dès la naissance de La Dépêche de Kabylie, en juin 2002, nous avions « décrété » la journée de Yennayer chômée et payée pour les travailleurs du journal. Aussi minime soit-elle, nous demeurons convaincus que chacun de nous est en devoir de contribuer à ce combat multi-générationnel. Instituer la journée de Yennayer en tant que fête légale, ne sera qu’une reconnaissance de notre Histoire et de notre identité et constituera, ainsi, un rempart à la déculturation et aux tentatives de substitutions identitaires. Yennayer, laâdjouza, Inayer… est célébré dans toutes les régions d’Afrique du Nord. Cette célébration, qui demeure dans l’espace privé familial, devrait être assumée dans les rues et l’espace public de la région. Nous vous souhaitons, à tous et à toutes, une bonne et heureuse année. Nous vous présentons nos meilleurs vœux, et, suprême luxe, nous le faisons pour la deuxième fois en dix jours.
I. Ben