Emouvantes obsèques !

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Le cinéaste algérien Abderrahmane Bouguermouh, décédé dimanche dernier à l’âge de 77 ans des suites d’une longue maladie, a été inhumé hier, à Ighzer Amokrane, sa ville natale. Dès la pointe du jour, des cohortes d’hommes et de femmes convergeaient vers le domicile du cinéaste pour jeter un dernier regard sur sa dépouille mortelle.  À mesure que les heures s’égrenaient, la foule se faisait plus compacte et il devenait de plus en plus difficile de se frayer un passage vers la demeure mortuaire. Il est vrai qu’on a fait le déplacement des quatre coins de la Kabylie, mais aussi d’autres régions du pays, pour saluer la mémoire de ce « poète de l’image », considéré à juste titre, comme le pionnier du cinéma amazigh. « J’ai tenu à être présent, en signe de gratitude à cet homme de conviction, qui a été viscéralement ancré dans la souche identitaire amazighe et du 7e art, et ce, en dépit de la censure et de la répression qu’il a eu à subir tout au long de son parcours », dira un citoyen venu de Tizi-Ouzou. Des présidents d’APC, des députés, des responsables de la wilaya, des animateurs du mouvement associatif, des journalistes ainsi que des personnalités du monde de la culture sont venus assister aux obsèques. Parmi les figures présentes, on distinguait les hommes de cinéma  Amar Laskri, Belkacem Hadjadj, Faouzi Saichi, Bendeddouche, Djoudi Atoumi, le poète Ben Mohamed, les chanteurs Kamel Hamadi, Boudjemaâ Agraw, Farid Ferragui, Amour Abdenour, Slimane Chabi et bien d’autres. « C’est une grande perte pour le cinéma, pour l’amazighité et pour l’Algérie. C’est quelqu’un qui a vécu pour le cinéma et pour l’amazighité et il est mort pour ça », déclare d’une voie émue, Ben Mohamed. « Je venais souvent le voir, ici à Ighzer Amokrane, encore plus souvent quand il était malade. Je viens de perdre en Abderrahmane un frère », affirme, la mine défaite, Amar Laskri.  

13h30. Levée du cercueil, drapé de l’emblème national, sous un soleil radieux. Le cortège funèbre, précédé par un détachement de la section locale des Scouts Musulmans Algériens s’ébranle vers la sépulture familiale, située quelques centaines de mètres plus loin. Une marée humaine a accompagné le cinéaste à sa dernière demeure, non pour l’enterrer, mais pour y planter l’esprit indomptable qu’il a magnifiquement insufflé au cinéma Amazigh. Tout ce beau monde était, hier, inconsolable de faire ses adieux à celui qui a porté avec tant d’ardeur et d’abnégation son idéal. Néanmoins, les cœurs étaient gonflés de fierté de le savoir parti avec les honneurs et la conviction chevillée que le combat pour lequel il a consenti tant de sacrifices devient, chaque jour, une réalité tangible.  

« J’ai connu et côtoyé Abderrahmane Bouguermouh. La dernière fois que je l’ai vu, c’était aux funérailles de Cherif Kheddam. C’était est un homme qui n’a jamais abdiqué malgré les interdits. C’est une perte immense, mais il restera toujours vivant », témoigne Farid Ferragui, à l’issue de l’enterrement.

N. Maouche

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