Après « Ma vie à contre Coran » et « Les soldats d’Allah à l’assaut de l’occident », l’écrivaine, Djemila Benhabib, a dédicacé son nouvel ouvrage intitulé « L’automne des femmes arabes, chronique du Caire et de Tunis », publié aux éditions Koukou, mardi dernier, au niveau de la librairie Multilivres des établissements d’Omar Cheikh de Tizi-Ouzou, dans une ambiance chaleureuse et conviviale. Cette nouvelle œuvre de l’écrivaine est sur le marché algérien, depuis lundi dernier, alors qu’il ne sortira en France qu’au mois de mars prochain, a-t-on appris. Interrogée sur la situation des femmes dans la société algérienne, Djemila Benhabib dira : « on ne peut être indifférent et insensible au sort des femmes. Quand on s’y intéresse, on se rend compte qu’il y a une égalité de droit dans la constitution qui n’a aucune existence réelle dans la société. Il y a encore beaucoup de résistance et de tabous quant à l’émancipation de la femme. Celle-ci est encore et toujours confrontée à la violence de la société et de la famille, ainsi qu’au code de la famille qui la maintient dans un statut de mineur ». Selon l’auteur, il est difficile pour une femme de s’émanciper pleinement, de vivre librement, de choisir sa vie et sa destinée en raison de tous ces facteurs. Elle expliquera : « pour que la femme puisse affirmer son statut de citoyen à part entière, elle devra se débarrasser du code de la famille, qui est un code infâme. Les femmes doivent jouir de droits civils et non de droits puisés dans la religion, comme c’est le cas actuellement. Nous devrons faire bouger les mentalités. C’est un travail qui devra se faire à plusieurs niveaux, notamment et principalement dans l’éducation, condition sine qua non pour faire avancer les mentalités et donc le droit des femmes ». Pour conclure, elle ajoutera : « il y a dans l’histoire de l’humanité des changements qui se font très rapidement et d’autres à un rythme très lent. L’émancipation de la femme fait partie de la deuxième catégorie. Il est très difficile de faire évoluer les mentalités, cela exige du temps et de la persévérance. A travers l’expérience tunisienne, nous voyons à quel point l’émancipation de la femme n’est jamais définitivement acquise et peut être à tout moment contrariée. Même dans les pays qui ont fait de grandes avancées, il y a recul et le statut des femmes est toujours extrêmement fragile et précaire. Il suffit d’un rien pour le faire basculer. Toute société qui se respecte doit néanmoins savoir qu’il ne peut y avoir de démocratie si la moitié de la société est opprimée ».
Samira Bouabdellah

