Du proverbe kabyle (3)

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Par Abdennour Abdesselam

Le proverbe berbère renseigne sur la remarquable étendue et la remarquable unité linguistique et culturelle de l’Afrique du nord. Malgré de légères variantes d’ordre phonétiques, un fait somme toute normal pour une langue qui a subi une multitude d’agressions historiques, le proverbe garde une parfaite concordance de sens. Ainsi le proverbe de Kabylie: « Yiwen ufus, ur yekkat ara llir » correspond exactement à celui qu’on retrouve à Ghdames, localité se trouvant au sud de la Tunisie et au nord de la Libye sous la forme suivante : « Yun n ufes, ak isqezqez iman-nnes ». Il est également le même que celui qu’on rencontre dans le Rif marocain sous la forme: « Aghemmas idj ufus wa yecdhih wehdennes ». Par ailleurs le proverbe berbère se présente sous trois formes principales : A) Proverbe sous la forme d’un seul vers. Il est composé soit d’une phrase courte comprenant un sujet (ameggay) et un verbe (amyag) Ex: « Nzan waman » ou composé de deux verbes à la fois exp: « Teddez tebrez ». Il peut également se présenter sous la forme d’un vers régulier exp: « Yettar’alim gar yeqbucen » ou « Taghwrast mi tetchur tessuffugh ». Il peut également prendre la forme d’un vers régulier mais ne comprenant aucun verbe apparent. Ex: « Aman ighezran, cciâa n wasif ». B) Proverbe à deux vers appelé distique. Il se présente avec ou sans rime. Ex: « A win yessighwzifen amrar, ixef-is atan da ghuri ». C) Le proverbe à forme particulière. Il est constitué de plus de deux vers mais rare et se présente le plus souvent en prose. Ex: «Ur mmal lbadhna-k i umeddakwel-ik yibbwas a k-d-yughal d aâdaw, ur kkat deg waâdaw-ik yibbwas a k-d-yughal d ameddakwel ». En fonction des circonstances ou de l’image verbale recherchée par les interlocuteurs, un même proverbe peut subir des transformations au niveau des différentes formes du verbe et des changements du sujet parlant. Cette transformation est dite mutation. Cette mutation laisse se produire quelque fois une ou plusieurs variantes. Ainsi le proverbe: « I gezran ala win yewten, d win yettewten » mute et trouve sa variante suivante : « I gezran, ala win tarza tyita ». Mais nous noterons que quelles que soient ses mutations en plusieurs variantes le proverbe garde dans tous les cas le même sens concentré. A suivre.                

A. A.

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