Le ministre de l’Énergie, Mustapha Guitouni, s’est rendu, avant-hier, dans la wilaya de Béjaïa pour une visite de travail et d’inspection.
En effet, arrivé sur les lieux, le ministre s’est enquis de la situation de son secteur dans la région, sur l’importance de la levée de toutes les oppositions citoyennes sur les projets du passage des conduites du gaz, notamment le gazoduc Béni Mansour – Béjaïa et de la conduite devant alimenter l’Est de la wilaya, pour concrétiser tous les projets inscrits en matière de raccordement au gaz naturel.
«Je ne comprend pas le pourquoi de toutes ces oppositions. Comment un citoyen, dont le foyer est raccordé au gaz naturel s’opposerait au passage d’une conduite du gaz, en privant ainsi ses voisins et d’autres familles de cette énergie ? Lorsqu’il s’agit de l’utilité publique, il faut que les citoyens soient consciencieux.
L’État indemnisera les expropriés, mais il ne faut pas quand même exiger deux milliards de centimes pour une superficie de 200 m². Nous devons régler ces problèmes d’opposition, surtout celui du gazoduc car il est vital pour la wilaya de Béjaïa», a déclaré M. Guitouni lors d’une courte allocution prononcée devant les autorités locales, les élus et les représentants de la société civile, à la maison d’hôte de la ville de Béjaïa.
Cet appel adressé par M.Guitouni, surtout aux élus locaux et à la population, a été lancé après avoir suivi un exposé global sur le secteur de l’énergie à Béjaïa. Le taux de pénétration en gaz de ville ne dépasse pas les 54%, alors que plusieurs chantiers de raccordement ont été lancés depuis des années.
Ce retard est dû, explique le directeur de wilaya l’Énergie, aux différentes oppositions enregistrées sur le tracé du gazoduc de 20 pouces (Béeni Mansour – Béjaïa). «Actuellement, il reste quatre oppositions au passage du gazoduc Béni Mansour – Béjaïa) après que le wali de Béjaïa ait réussi à lever, dernièrement, trois objections. Le projet de la conduite devant alimenter la région fait également face à quelques oppositions à Melbou», a-t-on expliqué.
Celles-ci privent les communes d’Aït Smaïl et de Taskriout du gaz naturel. Pour remédier à ce retard qui risque de perdurer encore, le ministre de l’Energie a donné des instructions pour opter en faveur d’un raccordement depuis un village de la wilaya de Sétif, proche d’Aït Smaïl.
«En attendant la réalisation du réseau de transport du gaz sur un linéaire de 12 km, dont les travaux sont freinés par des oppositions, je demande à ce que Aït Smail et Taskriout soient alimentées à partir de ce village de la wilaya de Sétif, qui est distant de 150 mètres.
C’est une solution rapide et provisoire dans l’attente de la concrétisation du réseau de transport du gaz et des postes de détente pour ces deux communes», a indiqué M. Guitouni. Par ailleurs et dans le but d’éviter à l’avenir des blocages dus aux oppositions citoyennes, le ministre de l’Energie a instruit les responsables locaux de son secteur à l’effet de réaliser les études du tracé des réseaux gaz en concertation avec les élus et les citoyens.
«Dorénavant, vous devez sortir sur le terrain à la rencontre des élus et des citoyens pour déterminer les tracés des différents réseaux. Cela nous permettra de s’assurer à l’avance qu’il n’y aurait pas d’opposition une fois l’entreprise est sur le chantier», a-t-il soutenu.
Concernant les communes de la région Ouest, leur raccordement au gaz naturel dépend de la réalisation du gazoduc 16 pouces qui viendra de Fréha (Tizi-Ouzou). Six municipalités de la wilaya de Béjaïa sont concernées par ce projet d’extension d’un montant de 4,5 milliards. Il s’agit d’Aït Mendil, Beni Ksila, Adekar, Assif El Hammam, Taourirt Ighil et Tifra.
Mise en service du gaz au profit de 850 foyers
Par ailleurs et lors de son déplacement dans la commune d’Amalou, relevant de la daïra de Seddouk, M. Guitouni a procédé à la mise en service du gaz naturel au profit de 850 foyers au village Ath Djaad. Les familles bénéficiaires, qui attendaient cette mise en service depuis plusieurs années, ont exprimé leur joie et soulagement.
«C’est un grand soulagement pour nous à l’idée de ne plus avoir besoin de recourir aux bonbonnes du gaz butane», a déclaré un habitant de la région, commune connue pour la rigueur de son hiver. Ce projet de raccordement a coûté 210 milliards au Trésor public.
Le ministre de l’Energie a affirmé que le taux de pénétration en gaz naturel dans la wilaya de Béjaïa pourrait passer rapidement de 54 à 85 %, si toutes les oppositions sont levées. En attendant le raccordement des autres localités montagneuses et enclavées, l’hôte de la capitale des Hammadites a demandé aux communes concernées de mettre à la disposition de Naftal des centres de dépôt.
«Je demande aux P/APC des communes non encore pourvues en cette énergie de nous préparer des centres de dépôt. Naftal procèdera à leur approvisionnement en mois de septembre, soit avant l’arrivée de l’hiver», a-t-il annoncé.
«La wilaya bien servie en électricité»
En principe, avec une puissance de 560 mégawatt, le problème de l’électricité ne se pose pas dans la wilaya de Béjaïa. «La puissance de l’électricité est disponible à Béjaïa. Vous êtes en train de tirer 380 mégawatt sur une puissance de 560 mégawatt disponibles.
Vous êtes donc bien servis avec une marge de manouvrière de 220 mégawatt», a annoncé M. Guitouni, tout en rappelant que la wilaya de Béjaïa connaissait auparavant un problème de délestage et de coupures récurrentes au courant électrique.
«C’est grâce à un programme initié par le président de la République en l’an 2 000 que vous avez une couverture électrique atteignant 90 %», a-t-il rappelé. Dans ce même sillage, le ministre de l’Energie a donné des instructions fermes aux responsables de son secteur à Béjaïa de ne plus envisager des postes d’électricité moins de 400 kilowatt.
«Le président de la République a exigé de passer aux postes 400 kilowatt. Je ne veux plus entendre parler de poste de 60 ou 220 kilowatt», a-t-il insisté. À noter que la délégation ministérielle a été reçue dans la commune de Seddouk par les responsables de l’unité de production de groupes électrogènes «Ammimer Énergie», laquelle s’est lancée dans les énergies renouvelables en partenariat avec Sonatrach.
La délégation ministérielle a également visité le nouveau pôle urbain d’Ighzer Ouzarif, érigé dans la commune d’Oued Ghir et dont le raccordement au gaz et à l’électricité tarde encore. Sur place, M. Guitouni a ordonné d’alimenter cette nouvelle cité en ces deux énergies à partir de la commune d’El Kseur.
La délégation a par la suite inspecté le projet de réhabilitation des postes 1, 2, 3 au niveau du port pétrolier de Béjaïa. Un exposé sur le projet a été présenté sur site par une responsable de l’EPB, suivi d’une sortie en mer à bord des unités de remorquage vers la bouée SPM pour assister à un déchargement d’un pétrolier.
B. S.