Autosuffisance alimentaire et pourquoi pas exporter…

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Établir le bilan des 50 années d’agriculture et débattre des voies et moyens pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, tel est l’objectif assigné à cette manifestation agricole qui s’est ouverte, hier au Palais des expositions à Alger. 

Le décor, comme l’ont voulu les organisateurs, était inédit. Le public peut ainsi visiter le patrimoine de la paysannerie algérienne et s’enquérir des réalisations du secteur. «Nous avons configuré l’espace rural en grandeur nature et nous avons reproduit tous les atouts des territoires. Le visiteur se rendra compte que des efforts considérables ont été consentis pas l’Etat dans le domaine agricole», a assuré Abdelkader Khelifa, commissaire de cette grande exposition. Le but assigné à cette manifestation est chargé de sens, le timing aussi. En effet, selon le commissaire de cette manifestation, « l’agriculture est appelée à relever deux défis majeurs : jouer le rôle d’un véritable moteur de la croissance et contribuer à l’amélioration significative de la sécurité alimentaire du pays, devenue un enjeu de sécurité nationale». Le choix de la date de la tenue de cet événement n’est pas fortuit, en ce sens qu’il coïncide avec la Journée nationale du Chahid, qui est hautement symbolique, tandis que la date de clôture, le 24, coïncidera avec la journée du travail et de la nationalisation des hydrocarbures, très chargée également en symboliques». C’est ainsi que, mettant à profit cette occasion, Rachid Benaïssa, ministre de l’Agriculture, a indiqué qu’«aujourd’hui, le citoyen algérien doit être fier de l’agriculture de son pays». Le ministre a relevé par ailleurs, que «l’abondance alimentaire a augmenté de huit fois, par rapport à celle de 1962, et la production nationale a quadruplé par rapport à 1962». Selon Benaïssa, «ces chiffres confirment que la production agricole, aujourd’hui, a connu une augmentation importante». Et de poursuivre qu’«à travers ce Salon, nous voulons montrer au peuple algérien les différentes étapes de développement de notre agriculture». En réalité il a été décidé de donner une dimension globale à cette manifestation agricole, pour le motif que suite aux dernières crises qui ont secoué plusieurs pays dans le monde, l’Algérie a fait de la sécurité alimentaire une question de souveraineté nationale. «Pendant ces crises, certains pays avaient refusé de vendre des produits, essentiels, à d’autres. Les systèmes de régulation mondiaux ont été bafoués et beaucoup de pays se sont retrouvés dans des situations très difficiles, au point que leur stabilité et la paix intérieur étaient menacées», a rappelé M. Benaïssa, estimant que «La question qui se pose aujourd’hui, c’est comment faire pour nourrir une population de plus en plus nombreuse et produire plus en préservant la qualité ? Cette question doit être partagée par tous les acteurs, que ce soit les petits ou les grands producteurs. C’est pour cela qu’on dit qu’il faut inverser la vision, c’est-à-dire ne pas continuer à regarder le monde rural comme un monde arriéré au contraire, c’est lui qui va produire de la richesse. La perception du rural doit changer. Le rural c’est l’avenir, et c’est des potentialités à découvrir et à valoriser».  Les besoins alimentaires de l’Algérie sont couverts à 72% par la production nationale, le reste étant assuré par l’importation. «Nous avons des filières où nous sommes autosuffisants et dans d’autres, pas assez. Certes, il y a une amélioration, mais il reste beaucoup à faire à l’avenir», ajoutera Benaïssa. La nouvelle vision du secteur tient compte également du changement de la carte agricole algérienne et l’émergence de nouveaux pôles agricoles au Sud, d’où proviennent actuellement 18,3% de la production nationale, essentiellement d’El-Oued et de Biskra, 22% des Hauts Plateaux, 16% des montagnes et 43% des plaines. «Si les dix wilayas du Sud agissent similairement, imaginez l’amélioration qui pourrait y avoir. Tout le monde doit se sentir concerné par cette carte qui est en train de changer. Si cette dynamique se maintient, il n’y a pas de raison pour que, dans quelques filières, nous ne pourrions pas avoir des productions importantes et nous inscrire dans l’exportation», estime le ministre.

 

 Ferhat Zafane          

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