Les travailleurs de la briqueterie de Fréha, à l’Est du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, poursuivent toujours leur mouvement de débrayage, enclenché depuis le 21 janvier dernier suite à la radiation de sept de leurs collègues, dont des syndicalistes. Les ouvriers grévistes exigent, notamment, le départ du PDG et de la directrice de l’unité ainsi que la satisfaction de leur plate-forme de revendications socioprofessionnelles. Dans un rapport établi le mois dernier, un huissier de justice, envoyé sur les lieux, avait constaté que le PDG, qui s’était présenté au niveau de la briqueterie, avait été empêché d’y accédé par les travailleurs, a-t-on appris. « C’est faux », proclame Nacer Aliane, secrétaire de la section syndicale de l’unité affiliée à l’UGTA. « C’est malheureux ! Un huissier de justice devrait reprendre ce qu’il remarque sur les lieux et non pas de fausses constatations », a-t-il regretté avant de poursuivre : « Je vous assure que le PDG ne s’est pas présenté auparavant. D’ailleurs, il avait déserté les lieux depuis le dépôt du préavis de grève ». Pour rappel, le PDG avait esté en justice les travailleurs, le mois dernier, pour « illégalité du mouvement de protestation ». Interrogé à ce sujet, M. Aliane dira : « Il a prétexté que nous n’avions pas respecté les dix jours requis pour le préavis de grève déposé au niveau de la direction. Mais il a omis d’expliquer que cette décision à été prise suite à la radiation de sept travailleurs, dont quatre sont syndicalistes. Au début, il a refusé de discuter avec nous. Mais l’inspection du travail lui avait ordonné de recevoir la section syndicale et de discuter avec ses membres afin d’essayer de trouver un terrain d’entente. Mais au lieu de venir, il a envoyé une décision dans laquelle était mentionné que deux de nos collègues sont licenciés et cinq autres suspendus. C’était, d’ailleurs, la goutte qui a fait déborder un vase qui était déjà plein ». Le syndicaliste explique que le directeur s’était présenté le mois dernier, au niveau de la fabrique, en compagnie d’un huissier de justice qui leur avait demandé de libérer les lieux sur le champ. « Certaines mauvaises langues ont expliqué à l’huissier de justice que nous avions interdit l’accès à l’intérieur de l’usine aux responsables. Ce qui est complètement faux. Alors, par la suite, les travailleurs ont laissé entrer l’huissier, mais pas le PDG. Nous l’avons conduit à l’intérieur et nous lui avons montré que les lieux étaient libres. Il nous avait, alors, demandé d’ouvrir le portail. Nous l’avons informé que le portail n’a jamais été fermé», précisera M. Aliane qui poursuit : « L’huissier a été induit en erreur, certains lui ont dit que nous n’étions qu’une minorité à prendre part à cette grève. Ce qui l’a poussé à nous demander de laisser les travailleurs qui le désirent rejoindre leurs postes de travail. Nous lui avons alors dit que si quelqu’un désire travailler qu’il le fasse. Nous n’avons forcé personne à rejoindre notre mouvement. C’est la décision de tout le collectif des travailleurs, à l’exception de quelques partisans de la direction qui sont au nombre de quatre ». Les 87 travailleurs protestataires, déterminés à poursuivre leur mouvement jusqu’au départ du PDG et de la directrice de la briqueterie ont, de leur côté ramené un autre huissier de justice. « Nous avons lancé une pétition qui a été signée par tous les ouvriers en présence de l’huissier de justice, afin de prouver que notre mouvement a été décidé par tout le collectif », indique le secrétaire de la section syndicale de la briqueterie de Fréha. Il poursuit en affirmant que l’huissier avait ordonné par la suite, aux travailleurs, de laisser entrer le PDG. Chose que les travailleurs ont catégoriquement refusée. « Lundi, nous avons reçu la visite d’une personne qui travaille dans le cabinet du wali ainsi que la directrice régionale de l’inspection du travail de Tizi-Ouzou, qui s’étaient entretenus avec les membres de la section syndicale. Ces personnes nous ont demandé de laisser entrer les responsables de la fabrique et de reprendre le travail. Mais cette proposition a été rejetée par le collectif des travailleurs. Nous leur avons expliqué que nous étions prêts à reprendre le travail, aujourd’hui même, mais pas avec ces deux là (le PDG et la directrice, Ndlr) à la tête de la briqueterie. Les travailleurs ne veulent plus de cette administration qui n’a rien fait pour eux», a-t-il ajouté. Les protestataires ont expliqué à la directrice de l’inspection de travail de Tizi-Ouzou qu’ils ont enduré « 8 ans de souffrance et de Hogra » et qu’ils sont prêts à aller jusqu’au bout de leurs revendications. « Maintenant, nous attendons la décision du wali, après que les rapports de son émissaire et de la directrice de l’inspection du travail, lui soient remis. Mais nous sommes déterminés à poursuivre notre mouvement jusqu’au départ du PDG et de la directrice de l’unité», conclura M. Aliane.
Samira Bouabdellah