Ath Yenni lieu de pèlerinage

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Hier, cela faisait 27 ans que l’illustre Mouloud Mammeri nous a quittés.

L’association culturelle «Talwit», parrainée par le chanteur Idir et sous l’égide de l’assemblée populaire de la wilaya de Tizi-Ouzou, n’a pas dérogé à la règle, en organisant depuis vendredi dernier, de nombreuses activités culturelles, des conférences, du théâtre, de l’animation artistique mais aussi une cérémonie de recueillement sur la tombe de feu Mouloud Mammeri. Hier, de nombreux invités de marque venus des quatre coins du pays étaient présents pour se recueillir à la mémoire de Dda El Mulud. Il y avait des sénateurs, le P/APW, des élus locaux, la directrice de la culture de Tizi-Ouzou, la présidente du congrès mondial amazigh et de nombreux hommes de lettres et de culture. Et la présence de l’auteur de ‘’Vava Inouva’’, Idir, et l’autre grand monument de la chanson kabyle, Lounis Aït Menguellet, a rehaussé sensiblement l’hommage et lui a donné un cachet particulier. Signalons que dans la matinée d’hier, une première gerbe de fleurs a été déposée par l’association Talwit et l’APC d’Ath Yenni sur la tombe du regretté écrivain Bitam Boukhlafa. Vers 11 heures, les fidèles à la mémoire de Mouloud Mammeri se sont rendus en procession vers le cimetière du village pour déposer une gerbe de fleurs et réciter la Fatiha. Iddir et Ait Menguellet étaient ensemble et côte à côte. On dit qu’il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent jamais, eh bien hier à Ath Yenni les deux montagnes Kabyles se sont rencontrées et ont marché ensemble. Il s’agit bien sûr d’Idir et d’Aït Menguellet. Lors des prises de parole, le président de l’association Talwit n’a pas manqué de remercier les présents et de rappeler le parcours, le combat et l’œuvre de mouloud Mammeri. Pour sa part, le P/APW, M.Klalèche, soulignera l’apport de Dda El Mulud à la langue et culture amazighes : «Parler de Mouloud Mammeri n’est pas une mince affaire, un homme qui a consacré sa vie à sillonner l’Algérie et l’Afrique du nord pour mettre au grand jour la culture Amazighe. Cet homme, nous lui devons tout et nous ne devons jamais l’oublier. Certes, il nous a quittés physiquement, mais il nous a légué une œuvre que nous ferons bien d’exploiter pour avancer». D’autres intervenants ont tous reconnu l’engagement de Mammeri et son grand apport à la culture et langue amazighes. Tour à tour, les intervenants ont reconnu la grandeur de l’homme, sa modestie, son sacrifice et surtout son énorme culture. Ce qui a fait de Mammeri un homme d’une dimension universelle. Dda el Mulud disait dans l’une de ses déclarations : «Le reproche que l’on me fait, c’est ma berbérité ou mon berbérisme, non seulement je l’admets mais je l’assume entièrement. La berbérité est un moyen pour accéder à l’universalité». L’appel est clair, essayons chacun à son niveau de prendre exemple sur lui pour faire avancer notre culture et notre langue. Mouloud Mammeri était un intellectuel d’une authenticité rare, chose qui le propulsa au dessus de toute compromission. Il chérissait sa berbérité et sa liberté. Ses nombreux détracteurs n’ont jamais pu l’atteindre, il était haï mais craint, car le processus revendicatif qu’il a initié continue d’ébranler à ce jour toute l’Afrique du Nord.

Hocine Taib

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