Draâ El Mizan ville morte

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La ville de Draâ El Mizan a été complètement paralysée durant la journée d’hier, par une grève générale à laquelle ont appelé les comités des habitants des lotissements de « l’Indépendance » et de « la Nouvelle ville », qui s’étaient réunis, la veille, au niveau de la salle de cinéma «Le Maghreb», pour débattre des actions à mener pour obtenir la liberté provisoire de leur voisin, B.M., âgé de 36 ans, père de deux enfants et maçon de profession, qui avait été pour rappel, placé sous mandat de dépôt, jeudi dernier, en attendant sa comparution. Ainsi, très tôt dans la matinée d’hier, à partir de six heures, un important dispositif de sécurité a été mis en place autour du tribunal civil, lieu prévu pour accueillir un sit-in décidé par les comités de citoyens des quartiers, dont celui où réside le mis en cause. A partir de sept heures, des groupes de jeunes prirent position au niveau de toutes les entrées de la ville et procédèrent à la fermeture de ces voies d’accès, alors que d’autres citoyens convergèrent vers le bâtiment abritant l’institution judiciaire. La grève s’est propagée jusqu’au niveau de tous les établissements scolaires qui n’ont pu recevoir leurs élèves. Vers huit heures, un comité constitué des notables de la ville ainsi que de représentants de la société civile, avec à leur tête le député et ex P/APC, M. Hamou Didouche, s’est présenté au tribunal pour demander une audience au président de cette instance juridique ainsi qu’au procureur de la République. Les entretiens commencèrent peu après, vers 8h30, et s’étalèrent jusqu’à 11h, sans qu’une issue ne soit trouvée, d’autant plus que les magistrats soutenaient que la procédure devait être respectée, alors que les citoyens souhaitaient ce que leur concitoyen, B. M., bénéficie de la liberté provisoire, le plus rapidement possible. Devant cet état de fait, d’autant plus que ni le président du tribunal, ni le procureur ne pouvaient prendre une telle décision, M. Hamou Didouche, le député proposa la constitution d’une délégation qui se rendrait à la cour de Tizi-Ouzou pour plaider la cause auprès du procureur général. Et rendez-vous fut immédiatement pris. Après leur sortie du tribunal, les membres de la délégation reçue par les magistrats entreprirent d’informer les dizaines de jeunes, qui attendaient, quant aux résultats de leurs discussions. Ils ont, ensuite, demandé aux présents de cesser le mouvement de protestation. Mais ils reçurent un refus catégorique. « Nous n’allons libérer les lieux, ainsi que la circulation, qu’au retour de la délégation, et avec un résultat positif, de Tizi-Ouzou», crièrent les protestataires. Il est à rappeler que cette affaire, qui tient en haleine toute la ville de Draa-El-Mizan, avait débuté dans l’après-midi de lundi passé lorsque le dénommé B. M. fut interpellé par les éléments de la sûreté de daïra, après une plainte déposée par les parents d’une fillette de huit ans. Ces derniers, ayant constaté le grand retard pris par leur fille à rentrer de l’école furent pris de panique, pensant sans nul doute au pire, surtout en écoutant la fillette narrer qu’elle avait été retenue par untel, bien que l’examen médical pratiqué s’est avéré négatif. Les témoins rencontrés devant le tribunal, s’accordaient à dire que ce père de famille, qui travaillait à « Ihardiwène » sur le chemin pris par la gamine, et la voyant passer sans parapluie sous une forte pluie qui s’abattait alors, l’avait tout simplement invitée à s’abriter dans le garage où il travaillait jusqu’à la fin de cette ondée. Après sa présentation devant le parquet de la ville, le jour même, M.B. sera laissé en liberté provisoire, mais, coup de théâtre, il sera rappelé jeudi dernier, pour être mis sous mandat de dépôt après l’intervention du procureur général près la cour de Tizi-Ouzou. Au demeurant, tant que cette affaire est encore en instruction, elle demeure sous le sceau du secret, jusqu’à l’audience qui pourrait être publique ou être conduite à huis clos. Il n’est pas vain de signaler qu’aucun dépassement n’a été commis de part et d’autre.  

Essaid  Mouas

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